|
Zones d’ombre
Espérer, parce que, ici ou là , des hommes et des femmes se mobilisent pour que cela change, comme nous venons de le voir à travers les 5 thèmes retenus.
Mais espérer, ce n’est pas oublier que, en dépit du chemin parcouru, il reste bien des zones d’ombre : situations de guerre avec leurs cortèges d’horreurs, conflits larvés, pays à la traîne dans la marche vers le développement, etc.
|
En Afrique, 4 grandes zones de conflits armés entraînent la fuite de millions de gens, dont une majorité de femmes et d’enfants. C’est le cas pour le Soudan du Sud, la Centrafrique, la RD Congo et la Somalie. La destruction systématique de toute une population devient un objectif recherché en vue de saisir un territoire pour s’approprier ce qu’il peut produire sur et dans son sol. Les femmes, dans leur chair, souffrent le plus de cette situation.
À leur sujet, Bernard Foy parle de la « 
femme de douleur ». Le paroxysme des souffrances des femmes déplacées est le viol, devenu arme de guerre. Denis Mukwege, gynécologue, témoigne avec émotion dans
Atlantico (24 novembre 2012) : « 
Vers la fin des années quatre-vingt-dix, la guerre prend un nouveau visage, celui de la barbarie pure, de la cruauté gratuite. Premières visées et principales victimes : les femmes. Elles sont mutilées ; des clitoris sont coupés, des seins sectionnés. Les viols, auxquels les maris, voisins et enfants sont souvent obligés d’assister se déroulent sans autre motivation que faire souffrir, humilier, terroriser. […] En RD Congo, le corps de la femme est devenu le champ de bataille d’une guerre de basse intensité ! »
Depuis 15 ans, Denis Mukwege, médecin-chef à l’hôpital de Panzi (Sud-Kivu), fait face à une urgence qui dure : les femmes, toujours aussi nombreuses, viennent à lui brisées, écartelées par tant de sauvagerie : vagins détruits et âmes mortes. Le gynécologue coud et répare. Il écoute aussi, prie quand il le peut, se révolte souvent. Lorsqu’il en a l’occasion, il témoigne de la souffrance de ces femmes du Kivu. À mains nues, il se bat contre le viol, cette arme de guerre qui mine toute une société.
Malgré des progrès importants, l’Afrique subsaharienne (ASS) reste à la traîne
Cela tient en partie à une situation de départ difficile, mais aussi aux retards pris en termes de croissance et de réforme des pouvoirs publics, ainsi qu’à une situation fragile dans les pays en conflit. L’extrême pauvreté (population vivant avec moins de 1, 25 US $ / jour) représente, en 2008, 47 % de la population en ASS contre 28 % pour l’ensemble des pays en développement. Les personnes sous-alimentées représentaient 27 % de la population contre 15 % pour l’ensemble des pays en développement. Écart aussi pour le taux de scolarisation à l’école primaire en 2010 : 76 % contre 90 %. En 2010, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 121 pour 1 000 naissances en ASS contre 67 pour 1 000 pour l’ensemble des pays en développement. En 2010 toujours, le taux de mortalité maternelle est de 500 pour 100 000 naissances vivantes en ASS, contre 240 dans les pays en développement.
La situation peut varier d’un pays à l’autre en Afrique. Le rapport annuel 2013 du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) classe 46 des 48 pays de l’ASS en queue de peloton. Ce classement, concernant 187 pays et qui se fait selon l’IDH (Indice de développement humain), tient compte de critères de revenus, d’éducation et de santé. Parmi les pays de l’ASS, le Gabon arrive en tête (106
e place). Le Botswana est 119
e, l’Afrique du Sud 122
e, la Namibie 129
e, le Ghana 135
e, la Guinée équatoriale 136
e et le Zwaziland 141
e. Les autres pays de l’ASS sont classés de la 142
e place à la dernière dans la rubrique « développement humain faible ». Mozambique, RD Congo et Niger sont en queue de liste.
Dans le bilan des OMD en 2013, cette situation a été soulignée et les engagements sont pris pour mettre l’accent sur l’ASS dans les objectifs de 2015 à 2025.