Dossier
Spiritains en Éthiopie : respect et service
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Des actes convertissent les mentalités
Riche de sa foi, l’Église
orthodoxe d’Éthiopie a besoin d’appuis pour sa mission d’aujourd’hui. Pour les
PP. Philippe Sidot et Martin Kelly, il
faut continuer à avancer ensemble.
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Afficher sa foi est, en Éthiopie,
un acte public. Il faut du temps pour sentir la foi profonde des gens. Une foi
qui ne faiblit pas malgré le peu de formation théologique et biblique du
clergé, l’absence de professeurs, catéchistes et prédicateurs et le manque de
moyens matériels, livres surtout.
La foi de l’Église éthiopienne
orthodoxe se lit dans des pratiques rituelles bien ancrées dans les traditions
(liturgies, jeûnes). Même si les gens n’en connaissent pas toutes les raisons.
Et pourtant il suffit de vivre ses liturgies pour ressentir la foi profonde en
Jésus-Christ de cette Église vivante et fascinante !
Arrivé en Éthiopie en 1975,
Martin Kelly a travaillé de longues années avec l’Église orthodoxe dans la
formation théologique.
«
Ce qui m’a frappé, avoue-t-il,
c’est la participation des fidèles à la
marche de la mission. Leur foi s’exprime par des gestes de culte, de partage,
de fêtes, avec toujours des offrandes et des dons. »
À la suite de Vatican II, les
spiritains ont reconnu cette Église sœur et ses besoins d’aide. Ils ont pris
l’option de prendre part à la formation de son clergé et à sa mission d’évangélisation.
Pour ne pas bâtir à côté d’elle une Église parallèle.
Travailler avec des diacres
orthodoxes au service de leur Église a été une grande joie. Employés dans nos
programmes, ils ont persévéré malgré les résistances dans un travail
aujourd’hui reconnu par leur Église. Sollicités sans arrêt, ils font évoluer
petit à petit leur Église vers plus d’attention aux marginalisés, à la mission
et au renouveau spirituel des paroisses !
Deux spiritains se retrouvent à
la tête d’un projet pastoral de 60 000 € et de projets de
développement pour un total de 500 000 €, avec 135 employés.
Il faut élaborer les projets,
discuter avec donateurs et ONG des options de développement, des budgets à
allouer. Il faut aussi connaître les lois du pays sur le travail, les taxes,
les relations avec les autorités gouvernementales avec qui nous signons les
contrats.
«
Si je suis revenu après un séjour en Irlande,
explique le P. Martin,
c’est pour
continuer
notre mission de dialogue avec l’Église orthodoxe et notamment la
mission auprès des Hamar. Je reste convaincu que nous faisons ce qu’il convient
de faire, même si nos projets sont trop étendus et coûtent cher. Personne ne
peut arrêter le mouvement commencé. En quelques années, les écoles se sont
implantées, la vie a changé, la télévision est arrivée partout. Certaines
coutumes changent aussi parce que les gens les comprennent mieux. »
Les religieux en Éthiopie ont
toujours été confrontés à la découverte d’une Église orientale, explique le P.
Philippe. Comment se présenter sans faire du prosélytisme dans une tradition
éthiopienne où nos distinctions entre apostoliques et contemplatifs n’existent
pas ? Pour éviter une
confusion totale au sein des congrégations, une grande réflexion a été clôturée
par un symposium sur la vie religieuse en Éthiopie. Le P. Emmanuel Fritsch et
moi-même y avons travaillé en lien avec la Conférence qui a redécouvert
l’Église d’Éthiopie et la nécessité d’un engagement œcuménique.
Pour que les futurs religieux
entrent avec respect dans l’histoire fascinante d’une Église qui a débuté au IV
e siècle !
Dans les bâtiments de l’ancienne
mission de Dimeka, 96 enfants sont assis au sol sur de petits tapis. Au départ,
ce n’étaient que des enfants de fonctionnaires travaillant en ville et dans la
région. Il a été difficile de faire admettre aux parents la présence d’enfants
hamar : ils ne
voulaient pas que leurs enfants souffrent du retard scolaire des enfants hamar
dont les parents se déplacent tout le temps avec leurs troupeaux. Kunezuva, une
ONG familiale hollandaise, assure le financement de l’école. Des étudiants d’Arba
Minch donnent aussi un coup de main aux 2 maîtresses formées chez les
religieuses de la ville de Soddo. Grâce à la méthode Montessori elles
confectionnent leur matériel pédagogique qu’elles emportent toujours avec
elles. Par l’observation de l’enfant, elles adoptent les gestes appropriés pour
favoriser l’apprentissage d’un vivre ensemble inédit. En 2010, les petits Hamar
représentent le ¼ de l’effectif de l’école. Sans problème.
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Le P. Vincent Stegmann dans sa mission de Dhoqqolle
jeune femme hamar de la région de Dimeka |
jeunes filles du foyer de Yabello avec le P. Iede de Lange
P. Paddy Moran au Kindergarten d'Arba Minch |
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