Dossier
Europe - Les Spiritains réorientent leur mission
La région Allemagne. Priorités ciblées :
les jeunes et les laïcs
Le 29 juin 2010, la région Allemagne s’est intégrée
à la CE. Responsable de son animation, le P. Chidi Emezi présente les projets de
sa région et les priorités retenues au cours du conseil de la CE, le 26 août 2010.
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Vous travaillez en Allemagne.
Quel est votre parcours ?

Spiritain nigérian, j’ai répondu,
il y a 4 ans, à un appel pour travailler en Europe. Quand les projets
missionnaires en Allemagne m’ont été proposés, j’ai accepté d’être aumônier
dans un grand collège spiritain à Broich, près d’Aix-la-Chapelle.
À quel titre participez-vous au 2e
conseil de la CE ?
Depuis le 29 juin 2010, les spiritains
en Allemagne sont regroupés dans la région Allemagne qui fait partie de la CE.
Ils m’ont confié la responsabilité de son animation. Je suis plus directement
en charge du bien-être des plus âgés et aussi des projets missionnaires très
ouverts de l’Allemagne.
Je m’aperçois que la Congrégation
est une famille. Les plus âgés ont le droit d’y trouver la sérénité. Les plus
jeunes, le devoir d’être actifs sur le terrain. Ainsi, le travail missionnaire
continue, avec la dizaine de jeunes spiritains polonais et africains présents
en Allemagne, avec des confrères allemands toujours disponibles et de nombreux
laïcs engagés avec nous.
Quelles sont les priorités
retenues par le conseil de la CE ?

Très positivement, la CE propose
un nouveau départ. Un souffle d’espoir, mieux, d’espérance, nous anime. Des
lieux sont bien ciblés où il s’agit d’entrevoir des orientations de présence et
d’engagements en lien avec les expériences spiritaines : cheminer avec les gens dans leurs
préoccupations, leurs espoirs et leurs avancées humaines et chrétiennes.
L’équipe animatrice de la CE se réjouit de la présence soutenue des laïcs au
cœur de tous les projets. Cela est particulièrement vrai en Allemagne.
Rostock, le 1er projet
missionnaire de la CE, passe à la région Allemagne. Comment va-t-elle le
continuer ?
Je sais que ce projet a commencé
il y a plus de 10 ans avec la province d’Allemagne et le soutien des autres
provinces spiritaines d’Europe. De jeunes spiritains africains et polonais ont
choisi d’y être associés. La région Allemagne va en assurer le relais comme un
signe de confiance en l’avenir. Le diocèse de Hambourg apprécie que nous nous
soyons montrés proches des gens, surtout des jeunes, dans leurs cultures et
leurs situations sociales. Et que nous ayons manifesté le sens de l’Église
universelle par notre vie internationale. Le diocèse serait prêt à appeler des
spiritains pour leur confier un autre secteur.
Notel, un autre projet, a fêté
ses 20 ans en février 2010.
Comment laïcs et spiritains l’animent-ils ?
C’est tout simple. Cet engagement
exige une très grande disponibilité et beaucoup de discrétion envers la dizaine
de personnes adonnées à la drogue qui sont accueillies chaque soir ! Notel signifie « accueil de nuit » ! Notel permet à ses hôtes de changer de
vêtements, de prendre une douche et un repas. Le temps de repos commence à 23 heures. C’est alors le
moment de la prière pour l’équipe d’accueil qui y évoque le nom de chacun des
hôtes. Le petit déjeuner est servi à 7 heures.
Puis c’est le retour à la rue… Quand l’un ou l’autre des hôtes aborde l’idée de
s’en sortir, il est orienté vers un service hospitalier qui le prend en charge
à partir de l’infirmerie de 5 lits ouverte à Notel même. Ce sont les laïcs
associés qui rendent efficace ce service des pauvres.
Missionar auf Zeit s’adresse aux
jeunes. Que leur proposez-vous ?
MaZ prépare de jeunes
volontaires, garçons et filles, pour une année d’insertion missionnaire en
Afrique ou en Amérique latine. Pour les jeunes, cela correspond souvent à la
coupure prévue entre les études secondaires et l’université. Mais certains jeunes
envisagent aussi ce temps de bénévolat un peu plus tard. Ils suivent, comme les
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ers, des sessions de formation et font une expérience de vie
communautaire avec des spiritains au cours de l’été précédent leur départ. La
communauté Daniel-Brottier de Bruxelles a accueilli de tels candidats au
départ.
Mon expérience d’aumônier auprès
des 1 100 jeunes du
grand collège de Broich m’aide à prendre part à la formation des MaZ. Bien
qu’attentif au monde des jeunes, je sens un très fort décalage avec leur vie.
Heureusement que les activités socioculturelles menées avec des laïcs ouvrent
les jeunes à une autre façon de voir la vie et le monde. Chaque année, une
bonne quinzaine de bénévoles partent ainsi en mission et ils s’en trouvent très
bien !
Comment voyez-vous l’avenir de la
région Allemagne ?
Partant de la responsabilité que
l’on m’a confiée, je souligne le climat de confiance que la région Allemagne
apporte à la fois aux confrères âgés et aux plus jeunes. Notre conseil général
de Rome a fait le choix de cette CE pour permettre un renouveau missionnaire en
Europe. Nous commençons à en voir les réalités en région Allemagne. J’ai aussi,
au cœur, une très grande confiance !
Propos recueillis par Albert
Perrier
Lettre d’une Missionarin auf Zeit (MaZ)
Barbara Palm, Allemande de 29
ans, Missionarin auf Zeit, enseigne les sciences sociales à la Junior High
School Sainte-Bernadette de Kumasi au Ghana. Immersion bénéfique.
«
Depuis mars 2009, je vis à Kumasi, la 2e
ville du Ghana, dans la communauté spiritaine de la paroisse Corpus Christi. Je
participe aux offices, aux groupes de prière. Ici, il est normal et presque
naturel de croire. Parce qu’une vie sans Dieu n’est pas envisageable. Il est
inconcevable qu’une réunion commence sans la prière, qu’un repas ne soit pas
béni, que l’on ne prie pas avant un voyage ou que l’on ne pratique pas le
dimanche… Cette expérience me fait me rendre compte qu’il existe une autre
façon de célébrer la foi. Me laisser emporter par la liturgie vivante et
expressive me fait vivre intensément ma relation à Dieu.
Responsable de 4 classes de 40 élèves chacune, j’assure 20 heures
de cours du lundi au vendredi. Après la préparation des cours et la correction
des travaux des étudiants, j’ai le temps de prendre les repas et d’échanger
avec mes collègues. Je suis heureuse d’enseigner. Mais comment agir quand
manque le matériel pédagogique ?
Temps libres et vacances me permettent de connaître le pays et de
rencontrer des personnes. J’ai appris à faire la cuisine et à manger avec
elles. J’ai eu le bonheur de saisir un peu de la culture du Ghana. Chaque
région a son charme. Mais vous trouvez partout la qualité humaine qui
caractérise le Ghana : l’hospitalité
extraordinaire à l’égard de l’étranger.
Il m’est impossible de changer le monde. Mais ma présence de MaZ nous
permet de nous enrichir mutuellement et faire ensemble des petits pas vers un
monde plus uni. »
Témoignage extrait du reportage : Spiritains &
spiritaines au Ghana, p. VI,
septembre-octobre 2010.