ÉDUCATION
clé
de la mission
spiritaine
La première
présence spiritaine en Irlande remonte à 1859, lorsque
le P. Jules Leman, spiritain français, y a été
affecté. Il avait pour objectif de trouver des vocations
anglophones pour l’annonce de la Parole de Dieu dans les pays
autrefois appelés « tiers-monde »,
surtout en Afrique. Pour y arriver, le P. Leman s’est dit que
l’éducation était la clé du recrutement.
C’est ainsi qu’il
a fondé le collège de Blackrock en 1860. Celui-ci est
devenu une pépinière de vocations. Rockwell –
autre collège fondé en 1864 – avait un petit
séminaire. Tous deux font aujourd’hui partie des
meilleurs collèges en Irlande. Avec le temps, les objectifs
premiers ont changé pour tenir compte de l’évolution
de la société. Désormais, il s’agit
d’éduquer les jeunes dans l’esprit spiritain. Une
bonne partie de l’élite du pays y a été
formée.
D’autres écoles
ont été fondées en Irlande à la suite de
Blackrock et de Rockwell : Sainte-Marie, Saint-Michel et
Templeogue. De plus, les confrères irlandais ont exporté
l’idée de l’éducation comme clé de
la mission dans leurs pays d’affectation. En Irlande, les
spiritains se servent du réseau d’éducation mis
en place pour promouvoir une société la plus égalitaire
possible.
L’éducation
donne
un sens social à
la vie
L’éducation
a la capacité de transformer durablement toutes les sociétés
et permet de faire une analyse juste de la vie sociale. Cette
affirmation se vérifie à Blackrock par exemple, où
il y a environ 1 700 élèves cette année.
Un programme pastoral a été mis en place pour permettre
aux jeunes d’entrer en contact avec la réalité du
monde extérieur. Chaque année, pendant deux semaines,
ils visitent des hôpitaux, des maisons d’aînés,
de personnes handicapées, des maisons familiales. Avec le
soutien des parents, ils ont aussi participé à la
construction d’une école au Kenya.
De tous les élèves
qui sont passés à Blackrock depuis sa fondation,
environ 800 sont devenus prêtres et 18 évêques.
Plusieurs ont été sélectionnés dans
l’équipe nationale de rugby en Irlande.
Le collège
Sainte-Marie a, quant à lui, lancé un projet d’échange
d’élèves avec des écoles du Ghana.
Certains sont partis participer aux projets de développement.
Avant de partir, ils apprennent quelques mots de la langue « twi »,
parlée au Ghana. En arrivant sur place, le seul fait de
prononcer une salutation en twi déclenche des sourires, ouvre
les cœurs, et le courant passe avec des personnes rencontrées
pour la première fois.
Ils reviennent
transformés par la culture du pays. Ils disent ne plus porter
un regard négatif sur les étrangers et osent leur
parler librement, sans a priori, ni peur. Avant le lancement du
programme, les élèves n’avaient pas le courage de
s’adresser aux étrangers aussi librement. C’est à
l’éducation qu’on doit ce miracle. Elle ouvre des
portes, abat des murs et donne un sens social à la vie. Ce
programme peut aussi être un moyen de combattre le racisme.
Le collège de
Rockwell – 475 élèves, garçons et filles –
offre un environnement bienveillant et solidaire qui permet à
chacun de réaliser son potentiel. Cette année, il y a
une quinzaine de nationalités dans l’école. Il y
règne une atmosphère amicale et respectueuse. Un tel
mélange permet de faire tomber les barrières et les
clichés que l’on peut avoir sur certains étrangers.
L’école de
Rockwell organise aussi un programme d’échange d’élèves
avec des pays étrangers, notamment la France et l’Allemagne.
Cela permet aux jeunes de s’imprégner de la langue et
d’une culture étrangère pour une période
de deux à six semaines. L’école qui accueille
fournit tout ce dont l’élève a besoin pendant son
séjour à l’étranger.
Aumôniers
scolaires : médiateurs
entre les parents et
les enseignants
Dans chaque collège,
il y a un aumônier, laïc, religieux ou les deux. C’est
le cas de Rockwell où William Ryan (laïc) et le P. Samuel
Udogbo (spiritain nigérian) travaillent ensemble. Pour le
premier, la fonction d’un aumônier laïc consiste à
veiller spirituellement mais aussi socialement sur les élèves.
La plupart sont adolescents et ont besoin d’être
accompagnés par quelqu’un qui peut répondre aux
questions liées à leur âge. L’aumônier
joue le rôle d’un médiateur entre les parents et
les enseignants. Cette activité répond autant à
un appel, à une vocation, qu’à un choix d’un
travail comme un autre. Elle engage la personne à donner un
témoignage d’honnêteté et de sincérité
afin de construire un climat de confiance dans le partage avec les
élèves.
Le P. Samuel, quant à
lui, est aumônier du collège pour le service
sacramentel. Il donne également des cours de religion et de
philosophie. Il est aussi coordinateur des activités de
charité et de contact avec le monde extérieur,
notamment avec les personnes handicapées. Cela permet aux
élèves de comprendre que le service des exclus ne
concerne pas seulement les pays en voie de développement.
En Irlande, un prêtre
qui travaille dans un environnement scolaire doit faire face à
un défi : ses activités ecclésiales
semblent occuper une place secondaire. Pour les gens, ce n’est
pas ce qui compte en premier lieu. D’ailleurs, même ceux
qui assistent à la messe ne savent souvent pas comment
répondre au prêtre pendant la célébration
eucharistique. Toutefois, précise Mme Audrey O’Byrne,
principale du collège, « du point de vue
spirituel, il est plus facile de transmettre des valeurs religieuses
dans une école catholique que dans un collège séculier
».