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P. Prosper Gasto
37 ans. Tanzanien. Spiritain depuis 2002. Ordonné prêtre en 2007. En France depuis 2009, 6 mois à Paris pour apprendre le français. Aumônier des étudiants et vicaire à la paroisse du Bienheureux-Frédéric-Ozanam à Rennes.

Disponible et pleinement ouvert pour m’intégrer.

« Au début, je me suis accordé un temps d’observation. J’ai vite compris que l’adaptation au climat, à la nourriture et à la manière française de penser ne pouvait se faire du jour au lendemain. Pour m’intégrer dans le diocèse de Rennes, je me suis dit qu’il faut rester disponible et pleinement ouvert au projet diocésain. Rennes est une ville étudiante, le diocèse a inscrit la pastorale des jeunes sur la liste de ses priorités et quatre aumôneries ont été mises en place.

Je m’occupe en particulier du foyer de Villejean où sont accueillis six étudiants qui souhaitent vivre en communauté, partager les repas et approfondir leur foi. Ils y ont chacun leur chambre. Je prends le temps de manger et de prier avec eux. D’autres étudiants viennent les rejoindre pour passer des soirées autour d’un thème, une messe, de la catéchèse ou simplement par convivialité.

En arrivant à Rennes, je m’attendais à voir des centaines de jeunes à l’aumônerie étudiante mais ils ne sont qu’une trentaine à la fréquenter ; en revanche, je découvre que ceux qui y participent sont très motivés. Huit ont demandé le baptême, un jeune d’une aumônerie voisine est entré au monastère de Timadeuc. Cela me donne espoir. »



P. Maciej Lukomski
34 ans. Polonais. Spiritain depuis l’an 2000. Ordonné prêtre en 2004. Arrivé en France en août 2004, il a appris le français pendant 6 mois. Entre 2004 et 2011, vicaire en paroisse au Blanc-Mesnil (Hauts-de-Seine). Actuellement, aumônier dans deux établissements des Apprentis d’Auteuil, en Eure-et-Loir.

À l’écoute de personnes très différentes.

« Après 7 ans comme vicaire au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, une paroisse multiculturelle, il m’a fallu une année pour comprendre ce qu’est Apprentis d’Auteuil et m’y insérer, me faire connaître, tisser des relations avec les jeunes, les éducateurs et tout le personnel d’encadrement. Un an pour prendre ma place avec les autres, pas pour voler la place des autres ! Aller au-delà d’une indifférence manifestée par les gens, qui n’est qu’apparente car, en fait, ils nous observent. Avec les éducateurs ou les professeurs, lorsque la confiance est installée, on peut travailler en équipe. Certains font appel à moi, m’invite à des activités et à des sorties pédagogiques. Je perçois mieux ce qu’ils attendent de moi. Ici, l’aumônier n’est pas l’homme qui prend des décisions sur les jeunes, il donne son avis lorsqu’on le consulte, il sert parfois de relais entre le personnel éducatif et un jeune, en cas de conflit par exemple, car sa position est considérée comme neutre. Il est l’homme de l’écoute.

J’ai compris qu’évangéliser, ce n’est pas tant annoncer Jésus-Christ de manière forcément explicite, que de témoigner, d’« être avec », d’« être présent », à l’écoute de personnes très différentes dans leurs opinions et convictions religieuses. En paroisse, le prêtre a une position définie, mais ici ce rôle est plus difficile à définir au milieu de jeunes qui viennent, non parce qu’ils l’ont choisi, mais parce qu’ils en ont besoin. Certains ont vécu des drames familiaux, d’autres ont connu la précarité. Tous ont besoin d’apprendre un métier pour voir s’ouvrir un avenir. Nous sommes là auprès d’eux. »



P. Angelo O. Roth

34 ans. Ougandais. Spiritain depuis 2005. Ordonné prêtre en 2010. Arrivé en France en septembre 2010, il a appris le français durant 7 mois. Actuellement, aumônier au Château-des-Vaux (Eure-et-Loir) à Apprentis d’Auteuil.


Missionnaire pour un travail peu ordinaire.

« Peu après être arrivé ici, j’étais seul à la maison de la communauté spiritaine. Vers 6 heures du soir, deux jeunes filles de l’internat voisin sont venues pour demander à voir le P. Maciej. L’une d’elles pleurait. Elle vivait une déception sentimentale. Chez moi, en Ouganda, une telle scène est impensable. Personne ne parle de ses problèmes affectifs. Ce fut une de mes premières surprises !

Ici je m’insère peu à peu. En plus des activités de l’aumônerie (sorties de fin de semaine, préparation aux sacrements, pèlerinages), j’assure une présence, plusieurs soirées par semaine, au foyer des élèves.

Est-ce que je me sens missionnaire ? Oui ! Le travail ici dans un établissement
d'Apprentis d'Auteuil est peu ordinaire. Il faut toujours aller vers les autres, vivre et être présent auprès des jeunes. Je le vis comme un sacrifice car il faut renoncer à certaines choses, supporter le climat froid et humide et un certain isolement. Nous sommes ici, dans une petite commune, à 40
km de Chartres. Mais je reste joyeux d’être au service des jeunes. »



P. Manuel Gaiola
37 ans. Angolais. Spiritain depuis 1997, il arrive en France pour le premier cycle de théologie en 1998. Ordonné prêtre en 2003. Aumônier de différents établissements d'Apprentis d’Auteuil en Eure-et-Loir, puis dans le Nord-Pas-de-Calais.


Missionnaire en France: un sujet étonnant pour les gens.

« “Est-ce que tu es là pour les études ? Ah non ? Pour quoi ?” Ce sont des questions que j’ai plusieurs fois entendues au cours de mes 10 années de ministère. Pour beaucoup de gens, un religieux étranger vient en France forcément pour des études ! Je me suis donc demandé ce que j’apportais de plus ou de différent en travaillant en France. À quoi je sers et pourquoi je suis là.

Ici en France

Je ne suis pas ici pour prendre la place d’un autre ou faire ce que les autres ne font pas. Je suis ici pour vivre la Mission. Avec d’autres, montrer le visage du Christ à l’humanité, donner à l’Église un visage plus universel, établir un échange de services et de témoignages entre les Églises plus que pour faire de grands enseignements.

Nous vivons avec des personnes qui ne savent rien sur les différentes religions et sur les choses de la foi chrétienne. Ce qui est étonnant, lorsque l’on sait que la France est un pays forgé par le christianisme. Comment témoigner de notre foi au Christ auprès de personnes si éloignées de l’Église ou sans culture religieuse ? Notre manière d’être, comme spiritains, convient bien aux personnes que nous rencontrons à Auteuil. On ne les agresse pas avec de grandes affirmations. On vit avec les gens, on partage les joies et les peines. Pour ceux qui sont éloignés de l’Église, nous sommes des sujets d’étonnement.

Là-bas en Angola

Je pars en congé dans mon pays tous les 3 ans. L’Angola, qui a trouvé une paix durable, il y a 10 ans, est en pleine reconstruction et transformation. Les jeunes ne rêvent plus de sortir de leur pays comme autrefois et on me demande d’où je viens et ce que je fais. Lorsque je leur dis que je suis en France, aumônier dans un établissement pour des jeunes en difficulté, mes interlocuteurs sont surpris. Il y a donc des gens pauvres en France ? Tous ne sont pas catholiques ? Être missionnaire en France ! Un sujet étonnant pour les gens de mon pays comme pour ceux de celui qui m’accueille. »



P. Michel Mukendi
35 ans. Congolais de la RDC. Spiritain depuis 2002. Ordonné prêtre en juillet 2007. En France depuis décembre 2007. Aumônier des établissements d'Apprentis d’Auteuil, dans les Yvelines et Hauts-de-Seine.


Après 5 ans, je commence à me sentir utile

« Un proverbe dit : “Celui qui n’a pas voyagé croit que le monde est semblable à son village.” J’ai fait des découvertes qui m’ont choqué. Des gens qui demandent : “Qui est Dieu ?” ; “Pourquoi Dieu ?” Un jour, j’ai eu une conversation avec une personne qui se dit athée et je n’ai pas réussi à la convaincre. J’ai présidé des messes d’enterrement où personne ne répondait, ne chantait ou s’approchait pour communier.

Les premiers temps, à Apprentis d’Auteuil, les jeunes me demandaient qui j’étais et, lorsque je disais que j’étais prêtre, ils me demandaient où étaient mes enfants ! Dans mon pays, j’avais vu des missionnaires français proches des jeunes et je ne m’imaginais pas que les jeunes en France puissent être si éloignés de l’Église.

Depuis 5 ans que je suis aumônier à Apprentis d’Auteuil, j’ai compris qu’être missionnaire, c’est d’abord « vivre avec », pas seulement parler de Jésus. Que ce « vivre avec » pouvait ouvrir à de nouvelles relations et collaborations. C’est ainsi que je peux maintenant dialoguer avec des personnes de religions ou d’idées différentes. J’ai appris à travailler en équipe avec les éducateurs et les laïcs en responsabilité pastorale des différents établissements. On n’hésite pas à faire appel à moi pour des questions pratiques ou lorsque se présentent des difficultés avec certains jeunes. J’aime rencontrer les jeunes : ils sont plus spontanés que les adultes. Je commence à me sentir vraiment utile. »



P. William Doctor
36 ans. Centrafricain. Spiritain depuis 2001. Ordonné prêtre en juillet 2006. En France depuis septembre 2006. Vicaire à la paroisse Saint-Stanislas-des-Blagis (Fontenay-aux-Roses) et responsable du foyer d’étudiants de la paroisse jusqu’à l’été 2012. Actuellement aumônier des établissements d'Apprentis d’Auteuil d'Île-de-France.


La paroisse des Blagis un carrefour d’expériences.

« Pour moi, la paroisse des Blagis et son foyer d’étudiants ont été une expérience fondatrice pour vivre la Mission en France. C’est là que j’ai fait mes premiers pas dans l’exercice de mon ministère de prêtre et de missionnaire. Je considère ce lieu comme un carrefour d’expériences humaines qui ouvrent à l’universel. J’ai en effet rencontré des personnes provenant de plusieurs pays, de conditions sociales et d’idéologies différentes, des croyants et des non-croyants. Au foyer des étudiants, nous avons accueilli et accompagné des étudiants d’Amérique latine, d’Asie ou d’Afrique.

De ma vision de la France, j’en ai très vite corrigé certaines idées, acquises depuis mon pays lorsque j’étais écolier ou étudiant. Ici, j’ai dû apprendre de nouveaux codes de conduite comme prendre rendez-vous, respecter les horaires, trouver mon chemin. Pas facile, lorsque au début, tu désires visiter une famille et tu te retrouves perdu dans une cour d’immeuble sans savoir le digicode. Des amis français ont eu la patience de m’expliquer l’histoire du pays, la laïcité et bien d’autres choses encore. Moi-même, j’ai cherché à me documenter, par la lecture ou en regardant la télévision, sur divers aspects de la vie d’ici et des questions d’actualité. »



P. Simplis Lakshi
34 ans. Tanzanien. Spiritain depuis 2003. Ordonné prêtre en 2008. En France depuis 2008. Vicaire à la paroisse Saint-Charles, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).


Je n’ai pas réponse à tout. J’ai plein de choses à découvrir.

« À mon arrivée en France, on m’a donné le temps de visiter les différentes communautés spiritaines, aux quatre coins du pays. Je me suis inscrit à l’université de Lille, au département des langues pour apprendre le français. Le programme inclut l’étude de l’histoire, de la culture et de la littérature françaises. Apprendre la langue, bien sûr c’est difficile, il faut du temps. Il en faut aussi pour observer des situations qui, parfois, nous surprennent et les comprendre. Par exemple, en arrivant à l’église je vois que les fidèles discutent entre eux en attendant le début de la messe, ce qui ne se fait pas en Tanzanie, car on nous a appris que nous allons à l’église pour nous recueillir. Mais j’ai observé qu’il y a, en France, beaucoup de gens qui vivent seuls, et naturellement lorsqu’ils se retrouvent, ils ont des choses à se dire. Ici, nous rencontrons des gens avec des tas de problèmes. Beaucoup de précarité, de chômage, des personnes dépressives, aux pensées suicidaires.

Je suis parfois surpris par les attentes de certaines personnes. Elles pensent que, comme je viens d’Afrique, je peux les éclairer sur des sujets touchant la vie ou les croyances des populations d’origine africaine, nombreuses dans la région et très présentes dans notre paroisse. Mais je n’ai pas réponse à tout !

Je reconnais que j’ai plein de choses à découvrir. Je commence à prendre des responsabilités dans la pastorale des jeunes, la catéchèse et les groupes d’adolescents. La situation des jeunes ici est difficile : beaucoup se retrouvent au chômage, consomment de la drogue, subissent la pression sociale des jeunes de la rue. Tout ce que je découvre me motive énormément pour rester au service de la jeunesse, des familles et des communautés chrétiennes.

Je suis une formation en accompagnement spirituel donnée par les jésuites, à raison de 4 sessions par an sur un parcours qui en compte 2. C’est le prêtre chargé par l’évêque de Saint-Denis d’accompagner les jeunes prêtres du diocèse qui me l’a proposé. »





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