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Servir humblement le « vivre ensemble »

Le P. Benjamin Sanon, Centrafricain, en France depuis 2008, vient d’être ordonné prêtre. Le P. Paulérick Nzalabaka, du Congo, est arrivé en France en 2005. Ils ont suivi des études de théologie au centre Sèvres (Paris). À Marseille, ils sont aumôniers des établissements d'Apprentis d’Auteuil de la ville et de Toulon. Ils sont aussi engagés au service du secteur paroissial Saint-Jérôme. Ils souhaitent, par leurs initiatives, promouvoir une pastorale du « vivre ensemble ».



À ses débuts, on le prenait pour un jeune d'Apprentis d’Auteuil. À 29 ans, le P. Paulérick a dû trouver sa place aux côtés de ses aînés spiritains bien connus dans les établissements d’Auteuil. Dès son arrivée, on lui a confié une permanence d’accueil à la chapelle, après le repas, et au local de l’aumônerie, le soir. L’expérience a duré deux mois. À quelques rares exceptions près, personne ne venait ou n’assistait au temps de prière. Paulérick décide alors d’aller vers les gens, au lieu de les attendre, de prendre son repas ou de boire un café avec eux ou de participer aux anniversaires. Une fois le contact établi et la confiance installée, les jeunes, éducateurs ou enseignants viennent vers lui pour exprimer quelque besoin et même – pour certains – un désir spirituel. Peu à peu, il est identifié auprès des jeunes comme l’aîné ou le grand frère, celui à qui on demande parfois d’être le médiateur qui apaise les tensions et calme la violence, lorsqu’un conflit oppose un jeune à un adulte.

 

Aider les jeunes à dépasser les préjugés

Paulérick observe que des jeunes originaires de certains pays entretiennent des a priori négatifs envers l’Occident. Il décide alors d’organiser des activités de rencontres interculturelles et interreligieuses. En octobre dernier, ils partent quelques jours à Lourdes en petit groupe pour aider les malades. Les participants sont, pour la plupart, musulmans. Une autre fois, après un séjour sur la colline de Taizé où, avec la communauté des Frères, ils ont prié et partagé l’Évangile, ils sont partis visiter la grande mosquée de Lyon et ont pu rencontrer le chargé de communication de la mosquée. Les aprioris sont vite tombés entre jeunes musulmans et chrétiens et tous souhaitent recommencer l’expérience. « Nous ne sommes pas là pour convertir les musulmans, précise le P. Paulérick. Sur les questions religieuses, ils sont très respectueux. Les quelques jeunes chrétiens qui se sont joints au groupe étaient réticents à mettre les pieds dans une mosquée. Ils sont en situation minoritaire. Mais l’expérience les a convaincus ; ils ont pris rendez-vous pour l’an prochain. »

Autre initiative : à la Pentecôte, une rencontre a été organisée où chacun apportait un plat de son pays. Il y a eu aussi un apéritif offert à la maison spiritaine, pour favoriser la connaissance mutuelle entre les prêtres de la communauté et le personnel éducatif. Il s’agit bien de tracer des chemins de fraternité au milieu d’une diversité humaine et religieuse. Et nos jeunes missionnaires ne sont pas à court d’idées : ils souhaitent ouvrir davantage la communauté, organiser des soirées TV à l’occasion de la Ligue des champions, toujours pour encourager rencontre et partage ! Ils savent que les rencontres formelles (pèlerinages, rencontres et autres temps de réflexion) ne sont que l’aboutissement de moments très informels partagés ensemble. Des temps de réflexion et d’échanges fraternels entre les jeunes accompagnés de leurs éducateurs sont prévus pour cette année, ainsi qu’un pèlerinage à Cotignac, dans le Var.

À la cité Frais-Vallon de Marseille

En ce samedi soir, la famille Moro, originaire de Côte d’Ivoire, nous accueille dans son appartement pour un temps de prière et de convivialité. Une quinzaine de personnes se réunit dont deux Petites Sœurs de Charles de Foucauld, qui habitent le même immeuble, et des religieuses de Côte d’Ivoire, Sœurs de Notre-Dame de la Paix. C’est le P. Benjamin qui préside la célébration. Après un petit commentaire d’Évangile, le partage des intentions de prière, le chapelet est calmement récité, puis vient le moment du repas où chacun peut échanger les joies, les soucis et les moments de déprime. Depuis un an, une fois par mois, une famille, dans l’une des trois cités des environs de la paroisse Saint-Jérôme, reçoit à domicile des convives pour un temps de prière et de partage. Une initiative prise par les PP. Benjamin et Paulérick pour aider les gens à se rapprocher, se connaître et se sentir reconnus aussi par les prêtres de la paroisse. Les participants à ces rencontres mensuelles viennent majoritairement d’Afrique. « Pas question de former une communauté africaine à part de la communauté paroissiale, tient à préciser le P. Benjamin. Nous voulons aller vers tous les gens qui vivent éloignés ou en marge de la paroisse et ont besoin de se sentir reconnus par l’Église. Nous invitons tout le monde à y participer. Mais certaines personnes invitées se sont retirées, peut-être pour ne pas devoir inviter à leur tour chez elles. » L’hospitalité n’est pas vécue de la même façon en Occident qu’en Afrique. Ce n’est pas évident, dans nos sociétés, de recevoir des étrangers chez soi, même pour un temps de prière ! Les chemins de fraternité sont longs à tracer lorsque les différences culturelles mettent les gens à distance… Une autre préoccupation pour les deux jeunes missionnaires : comment associer des personnes qui vont à l’église depuis peu à la vie de la communauté ? Faire en sorte que les paroissiens de longue date leur laissent une place ? Éviter que les gens ne s’ignorent à l’intérieur d’une même paroisse ?

 

Maintenir le souffle et rester humble

Lorsqu’une baisse de vitalité et d’énergie se fait sentir – peut-il en être autrement, avec autant d’activités et de rencontres si diverses ? – le P. Paulérick suit l’exemple d’un de ses aînés spiritains. Une fois par mois, il s’accorde une journée et une nuit de « désert » dans un Carmel de la ville où il est assuré d’avoir sa chambre. Là, il peut prier, méditer, se ressourcer.

« À Auteuil, il faut avoir beaucoup de patience et d’humilité, reconnaît-il. J’ai été ordonné prêtre, il y a 3 ans, chez moi au Congo. J’étais très entouré, même un peu adulé, comme le sont souvent les nouveaux prêtres en Afrique. De retour ici, il a fallu que je descende de mon piédestal, retrouver l’humble chemin du service, me remettre en question, accepter de ne pas tout savoir. »

 

L’affectation n missionnaire est un des moments les plus importants de la vie d’un spiritain 

 

Cette conviction a provoqué la rédaction de 3 guides pour l’envoi hors de son pays, l’accueil et l’accompagnement des jeunes spiritains au début de leur vie missionnaire :

 

  • Le Guide pour les affectations missionnaires est rédigé en 2009 par le Conseil général de la Congrégation pour l’ensemble de la Congrégation présente dans 62 pays ;

  • La Feuille de route pour les jeunes confrères affectés en France, en complément au Guide des affectations missionnaires, élaborée par l’équipe provinciale, définit les modalités concrètes d’accueil et d’insertion dans les communautés de France ;

  • Confrères en affectation à la Mission en province de France, de juin 2012, est adressé aux jeunes confrères et permet de clarifier plusieurs aspects de leur vie et travail au sein de la province spiritaine de France.




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