Dossier     Migrants africains , raisons d'un exil 
 


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Où va l'Afrique ?


«L'A frique, un chantier aux fondations plus importantes qu’il n’y paraît
Son devenir fera partie de celui de l'Europe voisine qui doit s’y préparer en la regardant sans préjugés.»

Georges Courade et les 30 auteurs de L'Afrique des idées reçues, veulent faire réfléchir à l'avenir de l'Afrique, sans occulter la complexité des situations et sans complaisance

 


Les Européens croient connaître l'Afrique.                                              
     Ceci donne lieu a la production de clichés souvent négatifs qui partent de faits vus ou vérifiés pour s'élargir a des constructions imaginaires. Georges Courade les énumère:                                         
~ L’Afrique reçoit plus d’argent  qu'elle n’en rembourse!         
~ Ce sont les Africains les plus pauvres  qui migrent vers l'Europe!                                             
~ Le tribalisme explique tous les conflits!                                                
~ L’Afrique n'est pas prête pour la démocratie!                                          
~ La solidarité africaine relève de la générosité!                                       
~ Les Africains sont tous poLygames!                                         
~ L’agriculture africaine est archaïque et figée!                                                      .
~ Les cultures de rente  concurrencent  les  cultures vivrières
~ Les Africaines font trop ­d'enfants et sont soumises!             
~ L'économie informelle est la voie pour un développement à l’africaine!

Qui n'a pas entendu ou lu ce florilège d'idées reçues sur  l’ Afrique subsaharienne?
Si elles cherchent à expliquer le «naufrage» du sous-continent, elles traduisent aussi  souvent peurs,  arrogance ou mépris et désespérance Tout ceci débouche sur des visions de l'Afrique crimi­nelle ou victime, exploitée ou suicidaire selon le type  de  responsabilités que l'on veut établir devant le tribunal de l'Histoire. En utilisant les savoirs acquis et en identifiant la part de vérité et d'erreur que les idées reçues peuvent receler, cet ouvrage, sans complaisance, mais avec lucidité, donne à voir une Afrique complexe et plurielle qui ne peut se réduire a des représentations schématiques.
Nous avons extrait une cinquantaine d'idées reçues autour de 5 thèmes majeurs structurant la représentation commune de l'Afrique sub­saharienne:
 La dilapidation des ressources, du capital et du patrimoine.
 les réinterprétations du passé, les occultations pré­sentes.
 Comment être Africain?
 En finir avec l'archaïsme paysan qui produit disettes et famines!
 Où va l'Afrique?
Ces manières de voir, sou­lignées par les médias oc­cidentaux, nourrissent des visions globalement pessi­mistes de l'Afrique subsaharienne: criminelle, exploitée, victime et suicidaire.
Si espoir il y a, ce serait à long terme... Incapables de deve­nir réellement indépendants en raison de leur aliénation culturelle, les Africains ne pourraient pas non plus se libérer de l'exploitation in­ternationale. La dépendance est-elle si ancrée? L'Afrique a-t-elle besoin d'un '< ajuste­ment culturel » ? Aborder un Si vaste ensemble social par ses mentalités, c'est surligner une différence culturelle qui serait donnée une fois pour toutes  (les coutumes,  la tradition) aussi bien que sa faible capacité à la changer. L'Afrique est-elle réellement enfermée dans «la» tradi­tion? Celle-ci n'évolue-t-elle pas? Pourquoi y a-t-il alors une Afrique qui réussit, et pas seulement dans le sport, la danse, les arts ou dans sa capacité de survie dans des situations extrêmes?
Lieux communs, stéréotypes et idées reçues proviennent des projections occidentales, d'une lecture univoque des contraintes spatiales et na­turelles et de l'interprétation des  héritages historiques, démographiques et culturels comme obstacles au progrès matériel. Les Africains eux-mêmes versent dans le cliché quand ils brandissent coutumes et traditions ve­nues « du fond des âges » et dont ils ignorent (ou veulent passer sous silence) l'histoire et les manipulations qu'elles ont subies. Ces lieux com­muns contiennent souvent une part de vérité. Tout le problème vient de leur gé­néralisation, de leur surva­lorisation et de la séduction qu'ils inspirent alors qu'ils sont à géométrie variable.

Au total, notre approche s'est voulue exigeante pour répondre aux interrogations se dissimulant derrière les jugements que comportent les idées reçues. En estimant que l'Afrique est un chan­tier avec des fondations plus importantes qu'il n'y paraît. Son devenir fera partie de celui de l'Europe voisine qui doit s'y préparer en la regar­dant sans préjugés.
30 auteurs, appartenant à différentes disciplines scien­tifiques, ont tenté de faire le point sur ces questions sans occulter la complexité africaine. Ils ont puisé dans les connaissances accumu­lées s'ajoutant parfois à des recherches originales. Ils se sont efforcés de dire l'essen­tiel dans un espace limité, lecture qui peut être com­plétée par celle d'une sélec­tion d'ouvrages et de pages électroniques.
L’Afrique des idées reçues a été dirigé par Georges Courade, directeur de recherches à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et professeur associé à l'université de Paris i (Panthéon ­Sorbonne).
Travaillant sur l'Afrique de­puis 1969, il s'est intéressé au développement rural et à la vulnérabilité alimentaire, à l'urbanisation secondaire et aux effets de l'ajustement structurel, plus particuliè­rement au Cameroun, au Nigeria et au Burkina Faso. Il a dirigé la revue Politique Afrkaine de 1996 à 2000 et publié récemment Le désarroi camerounais (Kar­thala, 2000) et co-dirigé un numéro spécial d'Afrique contemporaine (2006) sur l'avenir des agricultures fa­miliales africaines.

Georges Courade,
Mappemonde, - Collection dirigée par Rémy Kuafru, Edit. Belin. 25 E


Les raisons d'immigrer en chiffres -
Malgré ses énormes richesses naturelles et ses grandes potentialités, l'Afrique (53 pays, 936 millions d'hab.) reste le continent le plus pauvre de la planète.
-      Environ 315 millions d'Africains vivent dans la pauvreté.
   Si rien ne change, ils seront 400 millions en 2015.
-      Plus de 460 millions mangent mal.
-      50 millions souffrent de la faim. 300 millions n'ont pas accès à l'eau potable.
-      313 millions sont privés de services de base.
- Plus de 200000 enfants sont enrôlés comme soldats, prostitués ou esclaves domestiques.
~      Plus de 78 millions d'enfants, dont une majorité de filles, ne sont pas scolarisés. - Plus de 3 millions de personnes ont été (et sont) victimes du conflit du Darfour (Soudan).
-      La guerre en RD Congo a fait 4 millions de victimes directes ou indirectes, (7 % de la population).
-   Rien qu'en  Afrique  subsaharienne 28,5 millions de personnes sont infectées par le virus du sida, (dont 60 % de femmes).
-      La malaria provoque plus de 310000 morts par an.
~      Sida, pauvreté, guerres et faim ont fait diminuer l'espérance de vie à 40 ans. Ces conditions de vie et le besoin de trouver de meilleures opportunités professionnelles ou personnelles ont amené plus de 3 millions d'Africains, dont 47 % de femmes, à émigrer.
Manos Unidas, ONG catholique espagnole,
d'après un rapport récent
du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

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