Les
Européens croient connaître l'Afrique.
Ceci donne lieu a la production de clichés souvent négatifs qui partent de faits vus ou
vérifiés pour s'élargir a des constructions imaginaires. Georges Courade les énumère:
~ L’Afrique reçoit plus d’argent qu'elle n’en rembourse!
~ Ce sont les Africains les plus pauvres qui migrent vers l'Europe!
~ Le tribalisme explique tous les conflits!
~ L’Afrique n'est pas prête pour la démocratie!
~ La solidarité africaine relève de la générosité!
~ Les Africains sont tous poLygames!
~ L’agriculture africaine est archaïque et figée! .
~ Les cultures de rente concurrencent les cultures vivrières
~ Les Africaines font trop d'enfants et sont soumises!
~ L'économie informelle est la voie pour un développement à l’africaine!
Qui n'a pas entendu ou lu ce florilège d'idées reçues sur l’ Afrique subsaharienne?
Si elles cherchent à expliquer le «naufrage» du sous-continent, elles traduisent aussi
souvent peurs, arrogance ou mépris et désespérance Tout ceci débouche sur des
visions de l'Afrique criminelle ou victime, exploitée ou suicidaire selon le type de responsabilités que
l'on veut établir devant le tribunal de l'Histoire. En utilisant les savoirs acquis et en identifiant la part de vérité et d'erreur que les idées reçues peuvent receler, cet ouvrage, sans
complaisance, mais avec lucidité, donne à voir une Afrique complexe et plurielle qui ne peut se réduire a des représentations schématiques.
Nous avons extrait une cinquantaine d'idées reçues autour de 5 thèmes majeurs structurant la représentation commune de l'Afrique subsaharienne:
La dilapidation des ressources, du capital et du patrimoine.
les réinterprétations du passé, les occultations présentes.
Comment être Africain?
En finir avec l'archaïsme paysan qui produit disettes et famines!
Où va l'Afrique?
Ces manières de voir, soulignées par les médias occidentaux, nourrissent des
visions globalement pessimistes de l'Afrique subsaharienne: criminelle,
exploitée, victime et suicidaire.
Si espoir il y a, ce serait à long terme... Incapables de devenir réellement
indépendants en raison de leur aliénation culturelle, les Africains ne
pourraient pas non plus se libérer de l'exploitation internationale. La
dépendance est-elle si ancrée? L'Afrique a-t-elle besoin d'un '< ajustement
culturel » ? Aborder un Si vaste ensemble social par ses mentalités, c'est
surligner une différence culturelle qui serait donnée une fois pour toutes (les coutumes, la tradition) aussi bien que sa faible capacité à la changer.
L'Afrique est-elle réellement enfermée dans «la» tradition? Celle-ci
n'évolue-t-elle pas? Pourquoi y a-t-il alors une Afrique qui réussit, et pas
seulement dans le sport, la danse, les arts ou dans sa capacité de survie dans
des situations extrêmes?
Lieux communs, stéréotypes et idées reçues proviennent des projections occidentales,
d'une lecture univoque des contraintes spatiales et naturelles et de
l'interprétation des héritages historiques, démographiques et culturels comme obstacles au progrès matériel.
Les Africains eux-mêmes versent dans le cliché quand ils brandissent coutumes
et traditions venues « du fond des âges » et dont ils ignorent (ou veulent
passer sous silence) l'histoire et les manipulations qu'elles
ont subies. Ces lieux communs contiennent souvent une part de vérité. Tout le
problème vient de leur généralisation, de leur survalorisation et de la
séduction qu'ils inspirent alors qu'ils sont à géométrie variable.
Au total, notre approche s'est voulue exigeante pour répondre aux interrogations
se dissimulant derrière les jugements que comportent les idées reçues. En
estimant que l'Afrique est un chantier avec des fondations plus importantes
qu'il n'y paraît. Son devenir fera partie de celui de l'Europe voisine qui doit
s'y préparer en la regardant sans préjugés.
30 auteurs, appartenant à différentes disciplines scientifiques, ont tenté de
faire le point sur ces questions sans occulter la complexité africaine. Ils ont
puisé dans les connaissances accumulées s'ajoutant parfois à des recherches
originales. Ils se sont efforcés de dire l'essentiel dans un espace limité,
lecture qui peut être complétée par celle d'une sélection d'ouvrages et de
pages électroniques.
L’Afrique des idées reçues a été dirigé par Georges Courade, directeur de
recherches à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et professeur
associé à l'université de Paris i (Panthéon Sorbonne).
Travaillant sur l'Afrique depuis 1969, il s'est intéressé au développement rural et à la
vulnérabilité alimentaire, à l'urbanisation secondaire et aux effets de
l'ajustement structurel, plus particulièrement au Cameroun, au Nigeria et au
Burkina Faso. Il a dirigé la revue Politique Afrkaine de 1996 à 2000 et
publié récemment Le désarroi camerounais (Karthala, 2000) et co-dirigé
un numéro spécial d'Afrique contemporaine (2006) sur l'avenir des agricultures
familiales africaines.
Georges Courade,
Mappemonde, - Collection dirigée par Rémy Kuafru, Edit. Belin. 25 E
Les raisons d'immigrer en chiffres -
Malgré ses énormes richesses naturelles et ses
grandes potentialités, l'Afrique (53 pays, 936 millions d'hab.) reste le continent
le plus pauvre de la planète.
- Environ 315 millions d'Africains vivent dans la pauvreté.
Si rien ne change, ils seront 400 millions en 2015.
- Plus de 460 millions mangent mal.
- 50 millions souffrent de la faim. 300 millions n'ont pas accès à l'eau potable.
- 313 millions sont privés de services de base.
- Plus de 200000 enfants sont enrôlés comme soldats, prostitués ou esclaves domestiques.
~ Plus de 78 millions d'enfants, dont une majorité de filles, ne sont pas scolarisés.
- Plus de 3 millions de personnes ont été (et sont) victimes du conflit du Darfour (Soudan).
- La guerre en RD Congo a fait 4 millions de victimes directes ou indirectes, (7 % de la
population).
- Rien qu'en Afrique subsaharienne 28,5 millions de personnes
sont infectées par le virus du sida, (dont 60 % de femmes).
- La malaria provoque plus de 310000 morts par an.
~ Sida, pauvreté, guerres et faim ont fait diminuer l'espérance de vie à 40 ans. Ces
conditions de vie et le besoin de trouver de meilleures opportunités
professionnelles ou personnelles ont amené plus de 3 millions d'Africains, dont
47 % de femmes, à émigrer.
Manos Unidas, ONG catholique espagnole,
d'après un rapport récent
du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
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