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Paraguay  
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De l’amour, tout simplement…

Les spiritains, les jeunes de la maison de formation, des laïcs (dont des associés spiritains) ont chaque semaine un rendez-vous émouvant avec les enfants qui travaillent au marché central d’Asunción. Des gouttes d’amour (Gotas de amor), de tendresse et d’attention envers les plus petits.


Le samedi est un jour très spécial pour les étudiants de la maison de formation spiritaine située à San Fernando de la Mora, un quartier à la périphérie de la capitale, Asunción. Dès 7 heures du matin, quelques dames du groupe Gotas de amor s’activent dans la cuisine annexe installée en contrebas de la grande propriété, pendant que les jeunes, dehors, égrènent un chapelet en récitant à voix basse les Ave Maria. Ils seront bientôt rejoints par d’autres jeunes et d’autres cuisinières, au total une vingtaine de personnes. Le repas, un mélange de pâtes, sauce tomate et jambon, est versé dans de grandes glacières isothermes, puis tous se réunissent à la chapelle pour un temps de prière. C’est enfin le départ pour le grand marché central de la capitale où ils se répartiront en 5 équipes de 4 ou 5 personnes, en différents endroits, pour distribuer les repas à environ 120 enfants de familles en grande précarité. Des enfants – mais aussi quelques adultes – arrivent de toutes parts pour recevoir leurs plats de nourriture. La gorge nouée, je prends des dizaines de photos. Un groupe de commerçants s’inquiète alors de ma présence ; je leur explique que je réalise un reportage pour une revue chrétienne qui donnera à connaître le beau témoignage qu’offrent les bénévoles de l’équipe Gotas de amor. Leurs visages s’éclairent soudain : « Prenez-nous alors en photo, nous aussi, sommes enfants de Dieu ! »
 
On estime à 300 le nombre d’enfants qui travaillent au marché d’Asunción. Certains aident les commerçants ou gardent les voitures en stationnement, en échange de quelques pièces de monnaie ou de fruits et légumes invendus ; d’autres fouillent dans les poubelles pour trouver de la nourriture. Très peu sont scolarisés : ils ne peuvent ni ne veulent aller à l’école.
 
L’aventure a commencé il y a plus de dix ans. Une ONG, Calle Escuela (l’École de la rue), prend contact avec les spiritains afin de solliciter une portion du terrain de la maison de formation pour servir les repas aux enfants de la rue inscrits par l’organisation et leur offrir quelques activités récréatives. Le nombre des enfants augmentant, de jeunes drogués sont attirés et les attendent pour les voler ou leur proposer de la drogue. L’ONG invite alors le groupe de bénévoles, qui s’était formé au cours du temps, à descendre au marché pour servir, sur place, les repas aux enfants qui y travaillent.
 
C’est une fillette de 12 ans qui a donné l’idée du nom de Gotas de amor (quelques gouttes d’amour). « Nous souhaitons être des personnes significatives de l’amour de Dieu auprès des enfants, explique avec émotion, Isabelle Ortega, la coordinatrice de l’équipe. Avec un plat de nourriture, nous leur apportons beaucoup plus : un regard d’amour, une accolade, un peu de considération. […] Nous ne travaillons pas de manière aussi organisée que l’ONG Calle Escuela. Nous ne dressons pas de liste d’inscription et ne sommes pas qualifiés pour accompagner des enfants sous contrôle judiciaire. Nous donnons simplement de notre temps, gratuitement, conscients que notre témoignage se réalise à travers l’acte de notre présence auprès des enfants, mais aussi auprès des commerçants. Ceux-ci ont tendance à considérer les enfants comme des instruments de travail, ils ne leur donnent aucun répit pour se reposer ou pour manger. L’attention et l’affection que nous leur témoignons aident à modifier la relation que les adultes entretiennent avec eux. Les rapports sont moins rudes, moins brutaux et, contrairement aux premiers temps, des commerçants nous offrent maintenant leurs produits pour les repas à préparer. […] C’est ainsi que nous avons pris conscience que nous sommes là aussi pour eux, pour leur témoigner que Dieu les aime. »
 
Le repas est servi sans façon, simplement. Les enfants s’installent où ils veulent et où ils peuvent, à même le sol, sur des étals de commerce inoccupés, sur des caisses ou encore debout. « Au début, les dames bénévoles avaient pensé apporter des tables pour le repas, mais très vite nous nous sommes rendu compte que les enfants sont adaptés à leur milieu. Ils sont contents que l’on s’occupe d’eux, et ils n’en demandent pas davantage », prend soin de préciser Isabelle.
 
Oscar est un jeune qui s’est joint à Gotas de amor, il y a trois mois, invité avec d’autres jeunes, par son groupe de préparation à la confirmation. Il distribue les repas et les verres de boisson colorée aux enfants, aux côtés d’Isabelle. Gotas de amor devient ainsi un bon lieu d’apprentissage pour tous les jeunes de l’équipe. Ils apprennent à rendre service, à faire le ménage et à cuisiner… Il est bientôt deux heures de l’après-midi ; c’est le moment pour tous les membres de l’équipe de retourner à la maison des spiritains et de prendre un repas simple, joyeux et fraternel. Après avoir aidé à la vaisselle, les jeunes de l’équipe se retrouveront entre eux, pour passer ensemble une partie de l’après-midi.
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