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Dieu nous bénit aux Philippines


Prof de théologie à l’université Ateneo de Manille, le P. Daniel Sormani vit avec de jeunes Philippins devenus spiritains. Une double découverte de l’Asie, double source d’espérance.


Les 1ers spiritains sont arrivés aux Philippines le 12 décembre 1997, appelés par l’évêque d’Iligan. Nous sommes allés à Davao, raconte Daniel, dans le sud de Mindanao, pour nous initier au Cebuano. Nous avons réfléchi aux propositions de l’évêque : aumônerie d’hôpital, paroisse rurale et séminaire.
Je me suis retrouvé directeur spirituel, prof d’anglais et de théologie au séminaire diocésain à Iligan. Et vite impliqué dans le dialogue islamo-chrétien, vu les relations très tendues entre les 2 groupes. Un an après, j’ai commencé à accompagner la communauté des catholiques chinois. Elle deviendra la paroisse de la Résurrection du Seigneur.
Aujourd’hui, je suis heureux d’enseigner la théologie à l’université Ateneo de Manille. Comme la théologie est obligatoire pour tous les étudiants, mes cours sont remplis de jeunes catholiques, protestants, Born again, Iglesia ni Cristo, témoins de Jéhovah, bouddhistes, musulmans, athées… Certains sont pratiquants dans leur communauté. D’autres n’ont jamais réfléchi à la place de Dieu dans leur vie. Beaucoup viennent d’abandonner la foi de leur enfance qu’ils jugent stupide parce que vécue pour faire plaisir aux parents. D’où des discussions vives. J’essaie de faire comprendre à tous qu’ils sont aimés de Dieu qui leur confie une mission pour l’humanité. Les voir découvrir la Bible, après l’avoir rejetée comme des contes pour enfants, m’impressionne. Je voudrais pouvoir publier leurs réflexions quand ils commencent à saisir la présence de Dieu en Jésus et qu’ils réalisent qu’ils ont, eux aussi, beaucoup à donner. Enseigner la théologie est une bénédiction !
J’ai la chance de vivre avec les 1ers jeunes venus rejoindre les spiritains. Deux des 3 arrivent de zones rurales. Ils ont été formés par des spiritains venus du Cameroun et du Nigeria. Je suis de New York. Aujourd’hui, nous vivons en communauté internationale à Manille.
« Mégapole bondée, bruyante et polluée, immeubles impressionnants, autoroutes à 6 voies, viaducs, autoroutes souterraines, autant de découvertes », affirment les 3 jeunes qui ont l’impression d’être des étrangers dans leur propre pays. En ajoutant : « Notre communauté est une vraie famille, sans aide ménagère. Chacun prend soin de la maison. Pendant le déjeuner, nous planifions les activités de la semaine. Nous faisons le marché à tour de rôle, apprenons à faire un budget. Un religieux doit savoir ce que coûtent le kilo de riz et la douzaine d’œufs. Celui qui fait les achats assure la cuisine pour la semaine. La vie spirituelle nous donne la force d’être disponibles à Dieu et aux autres. Eucharistie quotidienne avec partage d’Évangile, prières du matin et du soir, accompagnement d’un directeur spirituel et célébrations des événements spiritains l’entretiennent. Loyola School of Theology, l’institution jésuite où nous étudions, accueille des jeunes du monde entier autour d’excellents professeurs, étrangers et philippins. Une ambiance enrichissante malgré les désaccords nés de nos contextes culturels. Notre 1er semestre nous a permis de nous adapter à cette formation universitaire très élevée. Certains ajoutent de 4 à 5 heures d’étude par jour pour relier les études à la pastorale. Nous rendons service aux malades mentaux du centre Guannela. Ils ont de 9 à 50 ans. Nous leur parlons, leur faisons la toilette, les aidons à manger et à prier. Même s’il n’est pas si facile de sympathiser avec eux, ces personnes nous montrent qu’elles ont besoin de soins et d’amour. »
« Nous sommes heureux d’être rejoints aujourd’hui par des Philippins, conclut Daniel. Nous découvrons en Asie une histoire unique, une façon merveilleuse de célébrer Dieu, la vie et la famille. Nous rejoignons en même temps ses luttes sociales et politiques pour la justice et la vérité. Notre spiritualité, marquée par l’ouverture à des cultures différentes, expressions riches d’une même humanité, nous permet d’apporter la paix dans les tensions interreligieuses. Spiritains, Dieu nous bénit. En nous donnant de vivre en Asie. En appelant des jeunes d’Asie à prendre leur part à notre Mission. »


La paix par le sport Digkilaan, à 17 km d’Iligan, est la 1re mission ouverte par les spiritains en 1997. Le P. Adam Joseph Bago, curé, et Cesar Icamen, président de la paroisse Notre-Dame-de-Fatima, expliquent comment ils espèrent faire exister la paix.

Notre-Dame-de-Fatima est la plus vaste paroisse du diocèse d’Iligan : 350 km2 de montagne à la population clairsemée composée de chrétiens, de musulmans et de Lumad (Higaonon). Sur les 37 chapelles, seules 9 sont joignables en voiture. Les autres, par des heures de sérieux trekking.
Après plus de 10 ans d’annonce de l’Évangile, nous restons témoins de nombreux conflits entre chrétiens et musulmans, entre musulmans et Lumad, entre musulmans et musulmans, entre chrétiens et chrétiens. Avec de nombreux rebelles revendiquant l’autonomie de Mindanao.
Le Moro Islamic Liberation Front (MILF) a souvent attaqué des civils. En 2010, il en a tué plus de 40 et blessé de nombreux réfugiés dans les centres d’accueil, dont celui de notre paroisse, le plus important. Les gens ont eu peur quand les bombes pleuvaient sur Iligan et sur d’autres villes. Il ne reste aucun paysan à Gabonan, région pourtant fertile. Les jeunes n’ont plus d’espoir. Manque de revenus et de formation, oisiveté, peur, insécurité, désir de vengeance, manque d’identité et de patriotisme, absence de services (routes, électricité, eau, hôpital), voilà ce qui les pousse à rejoindre les rebelles.
Heureusement, le sport les unit. Tous, chrétiens, musulmans et Lumad, viennent à la paroisse. Ils aiment le basket-ball, la boxe surtout, à la suite du champion du monde philippin Manny Pacquiao.
Nous avons lancé des compétitions autour de nos chapelles, avec 2 équipes de foot, 30 de basket et 10 de volley. S’y ajoutent badminton, tennis de table, danse, concours de chant, de beauté… et initiation à la Bible et au Coran. Depuis que tous jouent et étudient ensemble, plus de conflit. Nous voulons ouvrir un complexe pour promouvoir tous les talents en toutes saisons. Grâce au sport, paix et compréhension naîtront dans tout Mindanao. Pour que les jeunes ne finissent plus rebelles. Notre projet sp



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