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  Dossier      Pologne - Spiritains en missions 

Une Église plus humble qui ose parler vrai

Préfet des études au grand séminaire de Bydgoszcz, le P. Tomasz Kalociński analyse l’évolution de la société et de l’Église en Pologne. Son évêque, Mgr Jan Tyrawa, appuie ses propos..

Le diocèse de Bydgoszcz a été érigé le 25 mars 2004 par Jean-Paul II à partir de régions coupées aux diocèses de Gniezno, Koszalin et Pelplin. L’évêque a voulu, en ouvrant un séminaire, souder son clergé à partir d’une formation commune et préparer 75 % des séminaristes, issus des campagnes, à la pastorale de la ville. Faute d’autre lieu, les 63 séminaristes diocésains ont rejoint les 12 étudiants spiritains. Le diocèse a acquis et restauré ensuite l’université technique de Bydgoszcz. Les 3 ans passés chez les spiritains ont été vécus dans l’écoute, le partage et la compréhension mutuelle. Des spiritains revenus de Madagascar, du Brésil, du Mexique ont eu un bon impact sur nos séminaristes.
En Pologne, les séminaires proposent 2 années pour la philosophie et 4 pour une maîtrise en théologie. En fin de 5e année, les séminaristes sont diacres. En 6e année, ils vont 3 jours par semaine en paroisse. Ouvert avec 63 jeunes, le séminaire de Bydgoszcz est passé à 46 en 2009. 6 ont été ordonnés, 3 nous ont quittés. Pour la rentrée 2010 sont arrivés 7 nouveaux. Nous sommes 5 prêtres à vivre au séminaire, le recteur, 2 préfets, 2 directeurs spirituels.
La société polonaise a bien changé depuis Solidarność. Une nouvelle génération arrive avec une mentalité nouvelle et des conceptions différentes sur les questions éthiques et religieuses. Défi important pour l’Église qui veut proposer les valeurs de l’Évangile. De la fécondation in vitro à la présence de symboles religieux dans les lieux publics, il faut définir le rôle de l’Église dans la société. Doit-elle se cacher ou montrer qu’elle n’a pas peur d’aider cette société à se transformer ? Nos séminaristes sont conscients de ces changements. Nous cherchons avec eux les attitudes les plus justes. De triomphante, l’Église doit devenir plus humble et oser témoigner sans imposer. Il lui faut apprendre le dialogue social. Et cela, d’abord à l’intérieur d’elle-même, entre évêques et prêtres, entre clergé et chrétiens.
Concernant les questions morales, le processus d’adhésion à l’Église semble à l’arrêt. Ceux qui refusent son enseignement l’ont déjà quitté ou la quittent. Ceux qui ont vécu dans la foi de leurs parents pratiquent encore sans conviction. Restent ceux qui, pas d’accord avec les positions éthiques de l’Église, continuent de pratiquer.
Notre pastorale et la formation donnée à nos jeunes partent de ces constats. Les changements qui s’opèrent dans la société, tout le monde peut les voir. C’est un fait. Il faut chercher comment y répondre. Un point essentiel pour notre société reste ce profond enracinement dans la tradition et ce sentiment fort d’appartenir à un peuple. Beaucoup de gens, engagés ou non dans l’Église, ont le sentiment de lui appartenir. Ils savent que, même s’ils ne sont pas d’accord avec telle ou telle position, ils sont et restent catholiques.
Il faut faire l’analyse quotidienne de ce que vivent les gens pour coller à leurs réalités, explique Mgr Jan Tyrawa, évêque de Bydgoszcz. Après le communisme, les gens essaient de se sortir d’un système qui a conditionné leur identité. C’est difficile à comprendre et à accepter. Mais ce système nous a tous habitués à des combines pour survivre et à avoir 2 visages. Dans les magasins, il n’y avait rien. Il fallait se débrouiller pour survivre. Cela crée une mentalité qui dure encore. Pour en sortir et construire une nouvelle société, l’Église propose de revenir aux sources de l’Évangile. D’où une certaine tension entre ce que l’Église propose et la vie de notre société. L’Église veut parler vrai. Alors que les communistes sont toujours là et souvent au pouvoir. Et ils promettent toujours des rêves et des mensonges pour y rester. L’Europe occidentale a du mal à comprendre une Pologne qui a souffert du communisme. Elle soutient en général ce pouvoir. C’est grâce à Solidarność que la catéchèse a retrouvé sa place dans notre école. Le pouvoir d’aujourd’hui veut s’y opposer et revenir à avant 1989.



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