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Spiritains en Suisse  
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Proximité des Institutions internationales
avec les plus démunis

 

Une visite aux Nations unies à Genève nous a permis de nous rendre compte de l’influence que les ONG peuvent avoir dans les décisions politiques, économiques ou sociales des États. Nous avons eu l’occasion d’y rencontrer M. Ricardo Espinosa, facilitateur de ces organisations au sein de Nations unies pour l’Europe et membre du conseil paroissial en équipe avec les spiritains.

 

« J’ai un rĂ´le de liaison et la mission d’aider les ONG Ă  utiliser au mieux les mĂ©canismes de dĂ©libĂ©ration auxquels elles peuvent participer pour ĂŞtre efficace dans leurs demandes. Leurs plaidoyers et la force de leurs arguments influencent et orientent souvent les dĂ©cisions prises par les États, notamment sur des thèmes rĂ©currents comme la charitĂ©, la faim, les SDF, les chĂ´meurs, la solidaritĂ©, les droits le l’homme, la libertĂ© religieuse, la libertĂ© d’expression ou d’action, la torture », prĂ©cise M. Espinosa.

Les ONG sont essentielles parce qu’elles ont une voix et une légitimité. Elles ont des informations complémentaires, parfois plus crédibles que celles apportées par les États. Ces informations sont souvent jugées objectives par le fait même qu’elles viennent du terrain. Les ONG vont à la rencontre des gens qui ne sont pas écoutés ou entendus. La démocratie veut que les associations existent dans tous les pays du monde pour parler au nom des sans-voix. Comme certains gouvernements ne font pas toujours ce qu’ils promettent, les mouvements populaires réagissent par le biais des ONG.

Grâce à leurs efforts, il y a eu, par exemple, la déclaration concernant les peuples autochtones. Son objectif est de donner un nouvel élan à la communauté internationale pour que ces peuples bénéficient des droits du sol où ils sont historiquement enracinés. Les États peuvent dire que les ressources naturelles leur appartiennent mais les peuples autochtones argumentent que leurs ancêtres étaient là bien plus longtemps avant la mise en place des États. Les Nations unies n’obligent pas les États à exécuter ses décisions. Elles sont là pour les convaincre.

Quant à l’engagement de M. Espinosa au sein de la paroisse avec les spiritains, il est une manière de pratiquer sa foi et d’apporter un soutien matériel mais aussi de se mettre au plus près de la réalité de la vie des gens. « Il serait ridicule pour moi de rester éloigné et enfermé dans les bureaux des Nations unies et de faire de grandes déclarations pour d’autres pays, si je ne fais pas d’effort pour entrer en contact avec les personnes qui vivent autour de moi dans mon quartier. Parfois, un temps de débat est organisé au sein de la paroisse sur un thème particulier et cela me permet d’expliquer aux paroissiens comment fonctionnent ces institutions internationales », a-t-il conclu.

 

VIVAT international

 

La communauté spiritaine de Genève travaille en lien avec les institutions des Nations unies à travers VIVAT international – ONG reliant 12 congrégations religieuses présentes dans le monde et dont le travail a une incidence directe sur les questions de justice sociale, paix, développement et écologie.

Doté d’un statut consultatif, Vivat international a pour objectif de faire entendre les voix de tous ceux qui se trouvent en bas de l’échelle sociale aux forums des Nations unies à New York et à Genève. Cette ONG plaide pour un monde plus juste et lutte contre les violations des droits de l’homme.

En ce sens, elle se reconnaît dans la pensée d’Éléonore Roosevelt, l’une des auteures de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui, répondant à la question : « Où commencent les droits de l’homme ? » disait ceci : « Ils commencent dans les petits endroits, près de chez soi – si proches et si petits qu’ils ne peuvent être vus sur aucune carte du monde. Pourtant, ils sont dans le monde de l’individu, le quartier où il habite, l’école ou le collège qu’il fréquente, l’usine, la ferme ou le bureau où il travaille. Tels sont les endroits où chaque homme, femme ou enfant cherche l’égalité des chances, de justice et de dignité sans discrimination. Si ces droits sont dénués de sens là où se trouvent ces individus, ils ont peu de sens ailleurs. Sans l’action citoyenne concertée pour leur donner du sens près de chez soi, vaine est la recherche du progrès pour le monde. »

Vivat international travaille avec d’autres ONG, qu’elles soient religieuses ou pas. « Chaque réunion est une opportunité pour rencontrer les gens, partager des informations, se tenir au courant des sujets pressants notamment sur les minorités, les migrants, le trafic des êtres humains et autres situations de pauvreté », souligne le P. Edward Flynn, spiritain irlandais et représentant de Vivat international à Genève.

 

 

Au service de Justice et Paix

En Europe comme en Afrique, des religieux et des religieuses se mobilisent pour agir en faveur des plus démunis. En 1994, les Sœurs de Notre-Dame d’Afrique, les franciscaines missionnaires de Marie, les spiritaines, les Pères Blancs et les spiritains se réunissent pour constituer le Réseau Foi et Justice Afrique-Europe (RFJAE–Antenne Suisse). Il devient opérationnel grâce à l’engagement de sa secrétaire, Mme Christine von Garnier, et au soutien des congrégations missionnaires réunies au sein du GRIM (Groupe romand des Instituts missionnaires en Suisse).

Christine von Garnier est journaliste et docteur en sociologie politique. Son statut lui permet d’avoir accès aux hémicycles du Conseil national et du Conseil des États au Palais fédéral en Suisse. Elle informe alors les parlementaires sur les dossiers concernant le commerce d’armes, la dette, l’aide au développement, les enfants soldats, les brevets sur les médicaments, les négociations à l’OMC… Dans tous ces domaines, la Suisse peut agir, soit dans sa propre législation, soit dans les diverses institutions internationales dont elle fait partie.

Son engagement commence en 1967 lorsqu’elle était étudiante. Elle part en Namibie où, voyant la profondeur des inégalités sociales, elle se rend compte qu’elle ne peut changer le monde du jour au lendemain. Elle s’engage alors dans la durée. Son regard de sociologue sur la place de l’Église dans la société suisse est positif car sa voix est écoutée.

« Pour 2013, nous souhaitons orienter nos actions sur la souveraineté alimentaire, la question des finances, l’impact de la corruption, l’accaparement des terres et des mers. Nous constatons que les pays émergents et les nations riches ont des bateaux sophistiqués, ce qui leur permet de mettre la main sur les océans pour pêcher bien au-delà de leurs propres frontières », précise-t-elle.

Le Réseau représente près de 35 000 religieuses et religieux actifs en Europe et en Afrique. Leur expérience du terrain donne crédibilité à leur témoignage délivré auprès des parlementaires, des décideurs économiques et de l’Organisation mondiale de commerce (OMC). Les décisions prises dans ces lieux affectent surtout le continent africain et concernent tous les aspects humains, à savoir : politiques, économiques, sociaux, culturels et écologiques. « Nos interventions ouvrent des portes pour avoir des traitements plus équitables avec les peuples africains », conclut Mme von Garnier.




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