Jusqu’au Concile Vatican II, on n’avait pas beaucoup parlé de l’Église comme d’une famille, ni même comme d’une fraternité. Le mot de " frères " n’était pas toujours positif, véhiculant les luttes mortelles de Caïn et Abel, la supercherie de Jacob et Esaü, les rivalités des fils de Jacob, vendant leur frère Joseph qui les sauvera de la famine.
Et pourtant la famille a toujours gardé une connotation positive, de relation et même de tendresse. L’émerveillement d’Adam devant Eve, la tendresse de la mère cajolant son enfant, l’amour fou du Cantique des Cantiques, la compassion d’Osée pour son épouse, autant d’images qui ont traduit l’amour fidèle et compatissant de Dieu pour son Peuple. Mais Dieu a su garder sa sainteté absolue devant toute tentative de récupération : " Tu voulais me bâtir une maison, c’est moi qui te bâtirai une maison qui durera à jamais " est-il dit à David.
Avec la naissance de Jésus Fils de Dieu, de la famille de David, " Dieu fait homme pour que l’homme devienne Dieu ", nous voilà à une toute autre profondeur de vie et de grâce. Nous sommes participants de la nature divine, fils dans le Fils et cohéritiers avec le Christ. " Quel admirable échange ! "
La fraternité de tous, inscrite déjà dans le mystère de la création, se trouve engendrée dans la naissance à la vie divine par le baptême. Tous les hommes sont frères et solidaires dans la réalité de leur existence humaine, et tous les baptisés sont frères dans leur participation à la vie divine. Ces vérités élémentaires du catéchisme, méritent une méditation que nous proposons dans les pages qui suivent.
Comprendre l’Église comme famille, nous rapproche de Dieu avec tendresse, nous lie à tous avec solidarité et nous introduit dans l’affectueuse fraternité des fils et des filles de Dieu.