Rabbouni !

Silence,
Solitude,
Depuis qu’en un dernier souffle 
La vie a pris congé  du corps de Jésus. 

Le poteau de la mort
Se dresse vide vers le ciel ;
Des tâches de sang sur le sol,
Figées.

Un cadavre git maintenant,
Seul,
Dans une tombe.
Le roc s’est refermé.

Tout semble s’être arrêté, 
Même le temps !
Ténèbres sur la terre,
Nuit dans les cœurs.

Pourtant Marie, 
La mère du supplicié,
Tout en larmes, veille, 
En elle l’espérance demeure.

D’autres femmes,
Pour un ultime hommage, préparent des aromates 
Et attendent 
Les premières lueurs du jour.

Que ses heures sont longues, 
Et pesant le silence, 
Les apôtres honteux
Restent prostrés.

Quand s’égosillent les premiers oiseaux,
Quand s’ébroue la nature 
Avant même que le soleil n’ait fait son grand salut
Marie de Magdala se glisse vers le tombeau.

Cœur battant pour pleurer une fois encore,
Son souffle tel un murmure se fait plus court
A mesure qu’elle approche du lieu de mort,
Et le nom tant aimé, de Jésus rythme sa course.

Mais pourquoi le silence 
Devient-il bruissement de paix ?
Pourquoi la pénombre laisse telle la place
A une si douce clarté ?

Ses yeux découvrent la pierre roulée, 
Un cri jaillit, 
Stupeur, étonnement, 
La course reprend folle, éperdue.

Aurait-elle tout perdu ?
Où est-il donc le corps, mort, 
De Jésus ?
« On a enlevé le Seigneur ! »

Pierre qui se hâte en compagnie de Jean,  
N’est-ce pas la vie qui recommence 
A sourdre ?
Et ce nom qui renait sur ses lèvres !

Des linges posés là,
Et cette paix qui enveloppe les cœurs.
Le silence devient Parole,
La solitude ouvre à la communion.

Déjà le bien aimé atteste de sa foi
Qui peut l’entendre en cette aube nouvelle ?
Marie de Magdala en sa quête éperdue
Reconnaîtra bientôt la voix du tant aimé. 

Telle une trainée de feu, courent le bruit de vie, 
Les disciples s’éveillent de leur torpeur
Quand Jésus se fait présence, 
Etonnés ils accueillent sa paix.

La vie reprend, nouvelle
Quand le souffle du maître
Leur est offerte, don à accueillir,
Miséricorde à partager.

Pour les sortir de leur peur, 
L’Esprit leur est donné,
Ils seront les témoins du Christ 
Ressuscité.

Et toi ! Sauras-tu te risquer 
Sur les chemins nouveaux,
Sortir de ta tombe, 
Homme refait, pour à ton tour offrir la vie ? 

              P. Louis Cesbron.1
             Pâques 2010