Cahier Afrique(6)


 
ETINCELLES


C’est la feuille de liaison de Caritas-Bangui. Le Père Yves Gautier, Spiritain, qui a plus de 50 ans de présence en Centrafrique..Après un rapide survol historique, il relève ainsi une foule de petites choses qui soutiennent la vie de personnes en très grandes difficultés.



Parfois il est bon d'agrémenter notre existence de quelques notes d'histoire. Je viens de passer le cap de soixante ans de vie religieuse chez les Spiritains, bonne occasion de faire le point sur l'étonnante croissance de l'Eglise en Centrafrique, dont j'ai été témoin et un peu artisan, au long de ces années. Voulez-vous m'accompagner?
Je suis donc devenu spiritain, par mes premiers vœux, un certain 8 septembre 1947. Certes, immédiatement après cet engagement, j'ai achevé ma formation par trois années de théologie à Chevilly, commune de la banlieue sud de Paris. Puis « affecté », par ma Congrégation, en Oubangui-Chari, l'un des Territoires de l'ancienne A.E.F. J'ai été nommé à Bangui, par l'Evêque du lieu, Monseigneur Cucherousset, un vrai Franc-Comtois, vicaire à la Cathédrale Notre-Dame Immaculée Conception. A Bangui en 1950 il y avait seulement deux paroisses, St.Paul et la Cathédrale; fondées respectivement en 1894 et 1928 ; notre Evêque nous attendait, nous, les deux jeunes prêtres, le Père Jean Troupeau et moi, pour en ouvrir une troisième, Notre-Dame de Fatima. Aujourd'hui on compte vingt paroisses sur la ville de Bangui et on peut dire que dès qu'on ouvre une église dans ces quartiers très populeux, elle se révèle souvent trop petite. .
Voila pour les paroisses passées de 2 à 20 ; qu'en est-il du clergé ? Dans les missions, dans les années 50, on
>par1ait de l'Abbé Barthélemy Boganda, premier prêtre issu de cette terre Oubanguienne. Il avait été élu député à l'Assemblée à Paris, et, en cette fin d'année 1950, il avait annoncé son mariage et la naissance de sa première fille. A Brazzaville l'abbé Albert Lingo venait d'être ordonné prêtre. Ainsi ce sont seulement deux fils du pays qui, en ces temps, avaient reçu le sacerdoce. Aujourd'hui, dans les Diocèses de la Centrafrique, il y a eu plus de deux cent jeunes qui ont reçu l'ordination sacerdotale; nous passons de 2 à 200 !
>Les deux premiers diocèses furent confiés l'un, avec Bangui et tout l'Est du pays, aux Spiritains, et le second, vers l'Ouest, aux Capucins; en 1950 ils couvraient donc toute d'étendue du Territoire de l'Oubangui-Chari. Progressivement, ils se sont subdivisés et on dénombre aujourd'hui neuf diocèses, trois d'entre eux sont confiés à des Evêques originaires du pays.
>Si les premières implantations religieuses furent difficiles, comme nous le rappelle l'aventure des Sœurs de Saint Joseph de Cluny, qui, venues les premières, abandonnèrent Bangui, il y a maintenant des religieux et des religieuses un peu partout en Centrafrique; on ne compte pas moins de 56 Ordres et Congrégations différents qui désormais accueillent dans leurs postulats et leurs noviciats de plus en plus de jeunes de Centrafrique ou des pays voisins.
>Combien il y a-t-il de Mouvements, Fraternités, Associations qui quadrillent les paroisses? On en découvre sans cesse de nouvelles. Il y a les plus connues, comme les Conférences de Saint Vincent de Paul et La Légion, il y a les plus discrètes comme « Marie a gue ti ba Elisabeth » (Marie s'en est allé pour voir Elisabeth.). Mais, surtout, depuis quelques années, les C.E.B. se mettent aussi en place sur la base de voisinage territorial. Ces Communautés Ecclésiales de Base, veulent recentrer les fidèles sur leur quartier et donner une plus grande part de responsabilités aux laïcs.
>Pour vous présenter de façon très concrète le peuple de Dieu, je vous invite, un Dimanche, à faire avec moi le tour des paroisses de Bangui. Dans toutes les églises ce sont des assemblées, nombreuses, vibrantes, jeunes, et très vivantes.
>J'ai évoqué seulement ce qui se voit, la structure de notre Eglise, le terrain sur lequel se développe notre action à Caritas, il faudrait maintenant des pages et des pages pour suivre le cheminement de la parole de Dieu et son épanouissement en fruits de Charité dans tout ce beau pays du Centrafrique. Rendons grâce à Dieu; c'est l'œuvre de l'Esprit. . .
Y.G.

...
>Le Groupe Espoir . .
>Certes, le Groupe continue sa route, mais si nous ouvrons les yeux et les oreilles, chaque jour nous entendons parler de jeunes qui meurent du Sida. Alors nous butons sur une question majeure: comment élargir notre action en lui gardant sa qualité. Notre dernière option, pour être plus efficace, est de doter le groupe Espoir d'un médecin à plein temps. Certes nous avons déjà des médecins qui répondent parfaitement à nos appels, qui s'occupent de nos malades, et leur donnent toutes les prescriptions nécessaires, mais leur action reste ponctuelle, limitée à ces malades, sans envisager la marche générale du groupe. Nous voudrions avoir un médecin plus responsable de tous les problèmes santé que nous rencontrons.
>Depuis quelques mois nous cherchons aussi à fonder des « satellites ». Certains dispensaires peuvent parfaitement assurer le suivi des malades tout en faisant toujours partie du Groupe Espoir. On peut certainement multiplier dans notre grande ville de Bangui les lieux où l'on suit les Mamans séropositives. Ce seront des « satellites» du groupe. La venue de médecins en notre groupe devrait faciliter l'organisation de ces satellites et nous permettre de faire grandir nos capacités d'accueil. <


Les enfants abandonnés,
>ils sont de plus en plus nombreux dans nos rues, à Bangui. ! ! ! Nous avons la « Voix du Cœur » qui perfectionne ses implantations et ses capacités de formation, et le « réseau », qui regroupe des ONG qui d'une façon ou d'une autre travaillent pour ces enfants, mais à eux tous, ils ne peuvent accueillir et s'engager qu'envers un nombre assez limité d'enfants. '.
>Que faire pour arracher à la rue tous ces enfants dont nous connaissons bien les familles, ils sont nos voisins! Il faudrait une action générale entreprise au niveau des paroisses, des mouvements et des C.E.B. Si chacun des groupements de nos 20 paroisses s'occupait seulement d'un enfant, un seul, le suivait pour qu'il se sente soutenu, et cherchait comment parvenir à une réinsertion, ce serait du bien beau travail. Mais on hésite à entreprendre une telle action, on tolère ce terrible état de chose, nos enfants à la rue. Nos cœurs sont-ils encore trop fermés? <


Objets de première nécessité.
>On aimerait avoir en permanence un petit stock d'objets de première nécessité: mousses, draps, cuvettes, marmites, gobelets etc. prêts à être donnés. Il faut des fonds. Il faut aussi une grande vigilance pour que ces objets, toujours très désirés, aillent véritablement aux plus nécessiteux. On en parle! ! ! <


Nos frères les Lazaristes
>Arrivée dans le Diocèse de Bangui, des Pères Lazaristes ou la « Congrégation de la Mission ». Leur fondateur et patron est Saint Vincent de Paul qui a particulièrement bien compris les pauvres et œuvré pour eux ; il n'en repoussait aucun, il était à leur service. St Vincent de Paul vécu en France de 1581 à 1660; que ferait-il aujourd'hui à Bangui ?
>De la même famille de St Vincent nous connaissons les filles de la Charité, les religieux de St Vincent de. Paul, les Equipes St Vincent, le Mouvement des jeunesses mariales. N'oublions pas leurs cousines, les « Conférences de St. Vincent de Paul », fondées par Frédéric Ozanam. Etudiants, Frédéric et ses compagnons commencèrent à aider les pauvres en leur rendant visite, puis Frédéric proposa à son équipe de trouver Dieu dans le visage du pauvre. C'est lui aussi qui a initié les Conférences de Carême à Notre-Dame, la Cathédrale, de Paris.
A propos de la grande pauvreté
>Dans « Le Citoyen » du 04 09 07 : ouverture de la journée Nationale sur le document de stratégie de réduction de la pauvreté. Nous avons relevé quelques paroles du Président Bozizé.
>« Pour relever le défi de la réduction de la pauvreté chaque Centrafricain est tenu de s'investir dans le travail, car seul le travail libère de la servitude de la pauvreté. » « Pourquoi la Centrafrique ne peut-elle pas relever le défi de la réduction de la pauvreté alors que les autres pays de la Sous-Région sont sur le point de le faire?


« Etincelles », Feuille de liaison de Caritas-Bangui.
Yves Gautier: BP 798 CF Bangui.
Tel: (236) 6179 81 et, portable; 23604 10 60.
email, : yvesgautier@hotmail.com
 

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