Cahier Afrique (16)



  En paroisse...
à la Réunion


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Je suis curé de Saint Paul, l'ancienne capitale de l'île et, à ma connaissance, la deuxième commune de France par sa superficie. La paroisse de la Conversion de Saint Paul est l'église du centre ville. Heureusement elle ne recouvre pas toute la commune qui comporte d'autres paroisses importantes. Nous, nous avons trois paroisses à desservir : Saint Paul, Plateau Caillou et l'Etang. A peu près 30 000 âmes. En première année de catéchisme : plus de 400 enfants. Ceux d'entre vous qui sont ou ont été eux-mêmes curés voient certainement de quoi il s'agit. Plus de 100 catéchistes. Mon travail est donc un travail de curé. Assurer les messes du dimanche : 7 messes et surtout animer et gérer tout cet ensemble. Pour le moment, j'ai mangé mon pain blanc car avec moi j'ai le père Alfred, un jeune Malgache, depuis cinq ans sur la place qui connaît à peu près tout le monde et qui est bien expérimenté. Malheureusement, dès janvier il devra nous quitter pour devenir curé de Saint Gilles les Hauts, toujours sur la commune de Saint Paul. C'est un autre jeune confrère, le père Jean-Luc, lui aussi Malgache qui va lui succéder. Il débute et a donc a apprendre son travail de prêtre en paroisse.

Je vous écrit un 20 décembre. Ici, à la Réunion, le 20 Décembre est un jour ferié, c'est l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage en 1848. On l'appelle la fête Kaf : Les Cafres étant les anciens esclaves noirs.
Parmi les acteurs de cette émancipation figurent en bonne place quelques spiritains dont Monnet qui, arrivé ici en 1840, s'attaque tout de suite au problème des esclaves, leur enseignant le catéchisme et leur célébrant la messe dès quatre heures du matin. En 1843, il vient ici à Saint Paul comme curé. Cela ne se passe pas très bien car il attribue des places aux esclaves dans l'Eglise au détriment de personnes de la bonne société. En 1845, il part comme missionnaire à Madagascar. L'aventure tourne court et il est refoulé ainsi que ses compagnons. Après un séjour en France en 1846, voilà qu'à son retour à la Réunion, en 1847, il est expulsé par le gouverneur, soutenu par quelques colons blancs. Il devient en 1848, Supérieur Général de la Congrégation du Saint Esprit et entreprend de fusionner sa Congrégation avec celle de Libermann. Après la fusion, il est nommé Vicaire Apostolique de Madagascar et meurt à Mayotte, avant d'avoir pu rentrer dans la grande île. Son corps repose dans l'Eglise de la Rivière des Pluies qu'il avait construite avec les esclaves dès son arrivée.
A côté de Monnet, il y avait aussi les pères du Saint Coeur de Marie, Congrégation fondée par Libermann. Le Vavasseur, enfant du pays en est le plus connu. Eux aussi ont travaillé pour la libération des esclaves.

Un peu plus de 150 années ont passé et la Réunion est souvent cité comme un modèle d'intégration de toutes les races cultures et religions. C'est vrai que la population est très mélangée : noirs ou cafres, blancs, Indiens venus après l'abolition de l'esclavage comme engagés, souvent appelés Malabars, Chinois, Malgaches etc ... Tout ce monde vit relativement en harmonie et les unions sont nombreuses entre tous ces groupes.
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Père Etienne OSTY
Cure de Saint Paul
38 bis Chaussée Royale
97460 Saint Paul le 20/12/2004

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