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Les sectes: un divorce entre la vie et la foi
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e P. Domingos Da Rocha Ferreira, en 25 ans de présence, a vu de
nouvelles réalités surgir. En 1986, l’année de son
arrivée du Portugal, il n’y avait que 12 prêtres pour toute
la prélature. Aujourd’hui, ils sont 20 prêtres et 6 diacres
permanents. Des centaines de catéchistes et animateurs de
communauté, des milliers de laïcs ont été
formés. Pourtant, précise-t-il, des personnes se laissent encore
attirer par les sectes. Elles sont nombreuses à Jutaí, la petite
ville dont il est le curé depuis 9 ans, ou à Tefé dans
les quartiers périphériques. Apparues dans les années
quatre-vingt-dix, elles font désormais partie du paysage quotidien. Des
temples de toutes dénominations se côtoient et parfois se font
face dans les mêmes rues, tels des boutiques de
prêt-à-porter ou des supermarchés. Mais les dimanches, la
plupart sont à moitié vides. Un phénomène
d’usure est observé. Plus que le nombre d’adhérents,
c’est l’argent, versé de manière occulte

(les
fleuves sont des voies faciles de transport de la drogue), qui permet aux
sectes de survivre. Les Brésiliens, par nature très religieux et
tolérants, en ressortent déçus, sans retourner
forcément dans l’Église catholique. Ils vivent dès
lors une apathie religieuse, une indifférence aux choses de la foi,
parfois de l’incroyance. Pour l’évêque de
Tefé, M
gr Castriani, la présence des sectes contribue
à la sécularisation de la société
brésilienne, un phénomène bien connu en Europe qui place
l’existence quotidienne hors du champ religieux. Les sectes occultent le
lien entre la foi chrétienne et le devoir de développement. En
individualisant les comportements, elles encouragent l’accumulation de
biens matériels et ignorent le sens du bien commun, une valeur pourtant
essentielle dans l’éducation des consciences au respect des
ressources naturelles. Elles détériorent, à la fois, le
sentiment religieux et une conscience critique sur les questions sociales
; elles creusent le
divorce entre la vie et la foi.