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Transmettre un savoir-faire missionnaire




De nuit, nous nous éloignons en barque du centre-ville de Tefé pour atteindre le quartier d’Abial, de l’autre côté de la baie. Les lumières des deux rives de la ville se reflètent sur les eaux noires. Nous accompagnons l’évêque, Mgr Sergio Castriani, pour la messe du samedi soir, au cours de laquelle il institue 10 laïcs ministres de la Parole de Dieu et 10 ministres extraordinaires de la communion. Dom Sergio, comme on l’appelle ici, est visiblement heureux de célébrer au milieu de son peuple. Il aime les gens de ce quartier populaire de la ville comme ceux des petites communautés installées le long des cours d’eau. Il sait que l’Église catholique est l’une des rares institutions proches des gens qui vivent isolés au bord des fleuves et sont souvent oubliés des pouvoirs publics. Les gens sont accueillants et, spontanément, offrent l’hospitalité à qui vient les visiter. Il est bon de vivre au milieu d’eux, il est beau d’être à leur service.
 
Bel héritage spiritain
Dom Sergio, lui-même spiritain, reconnaît l’héritage légué par la Congrégation depuis plus d’un siècle. Il s’efforce de promouvoir et de former un clergé local (6 prêtres diocésains actuellement) mais sans perdre les apports du travail des spiritains. Ceux-ci sont reconnus pour leur expérience et leur savoir-faire. Dom Sergio en donne la preuve en rappelant que 3 des 4 diocèses de l’État d’Amazonie sont dirigés par des évêques spiritains. Afin de transmettre un esprit missionnaire parmi les agents de pastorale (clergé, religieux et laïcs) il prévoit que l’ancienne mission du Divin-Esprit, à l’embouchure du lac de Tefé, devienne un centre spirituel placé sous la responsabilité de la congrégation du Saint-Esprit.
 
Former des laïcs formateurs
Le centre de formation pastorale Irmao-Falco vient d’être entièrement rénové. Situé en plein centre-ville de Tefé, il est chargé de la formation des laïcs qui donneront des cours de formation dans les paroisses et les communautés de toute la prélature. Ce centre porte justement le nom d’un frère spiritain hollandais, le Frère Falco Michiels, un animateur et formateur de communautés de base, au grand charisme, qui a éveillé la conscience des populations au devoir de préservation et de défense de l’environnement. L’évêque reconnaît qu’il manque actuellement à la prélature des personnes qui sachent mener une action pastorale classique (catéchèse, sacrement, liturgie, animation spirituelle) en lien avec des questions sociales, telles que la préservation de l’environnement.
La formation des laïcs et des animateurs de communautés reste la priorité, malgré les distances pour rejoindre les communautés, le faible niveau scolaire d’une partie de la population (on parle « d’analphabétisme fonctionnel » : les gens savent déchiffrer mais ne comprennent pas bien ce qu’ils lisent) et le manque de moyens financiers pour la vie des paroisses, les frais de formation, l’entretien des bâtiments vite détériorés par le climat chaud et humide ou emportés par l’effet conjugué des pluies diluviennes et de la montée des eaux des fleuves.
 
Les vocations : la grande priorité
Un centre de promotion vocationnelle a été ouvert du temps de Mgr Mario Clemente Neto, évêque de Tefé entre 1981 et 2000, et les spiritains y ont activement participé. Le clergé local est en train de se constituer. Les spiritains considèrent que le moment est venu de promouvoir des vocations religieuses missionnaires. À cette fin, ils ont pris la responsabilité d’une paroisse à Manaus, capitale de l’État, dans un quartier populaire, afin d’y ouvrir prochainement une maison de formation pour les candidats spiritains. Les jeunes provenant d’Amazonie pourront y passer leurs premières années de formation au lieu d’être, comme c’est le cas actuellement, à São Paulo, une ville tentaculaire aux réalités culturelles et économiques si différentes de celles d’Amazonie.


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