Dossier : Australie

Aventuriers de la foi à l’autre bout du monde

Sainte-Marie de Mollyalup. Stèle commémorative de la première chapelle des missionnaires de Libermann
La plaque marque le lieu et rend hommage aux PP. Thévaux et Thiersé, qui ont beaucoup souffert pour établir la mission pour les Aborigènes dans les années 1846-1847. Le P. John Brown y célèbre l’eucharistie.
L’aventure missionnaire en Australie était pour Libermann une réponse à l’appel de M^gr Brady – évêque de Perth (Australie occidentale) – qui, en 1845, lui a annoncé la présence de 2 millions d’Aborigènes à évangéliser dans ce pays. Hélas, ils n’existaient que dans son imagination. Cet envoi jettera une semence de foi qui sortira difficilement de terre. Toutefois, il laissera des traces.
Au XXI^e siècle, les « exclus de l’ordinateur et d’internet » sont aussi exclus des relations humaines à distance et du monde économique ! Dans les pays émergents, la fracture numérique reste un mal, une absence de bien.

Les spiritains travaillant en Australie, ont été

P. Thiersé> précédés par trois prêtres (les PP. Bouchet, Thiersé et Thévaux) et par
deux Frères (Vincent et Théodore) du Saint-Cœur de Marie, envoyés par le
P. François Libermann (1845-1848) pour évangéliser les Aborigènes.
Des années difficiles et remplies d’échecs, mais qui ont largement
contribué au devenir de l’histoire de l’Église australienne, puisque
Mollyalup – la localité (Australie occidentale) où les missionnaires de
Libermann avaient construit la première chapelle, emplacement aujourd’hui
identifié par une borne portant une plaque commémorative – est devenue un
lieu de pèlerinage.<br>

Partis d’Europe en bateau à la fin de 1845, ils arrivent à Fremantle (port au sud-ouest de l’Australie) le 7 janvier 1846 avec d’autres prêtres, religieuses et catéchistes. Malade, le P. Bouchet a dû être débarqué. Il meurt deux semaines plus tard, à l’âge de 26 ans. Sa tombe se trouve au cimetière de la place Victoria, tout près de la cathédrale de Perth (plaque ci-contre). Les quatre autres confrères quittent Perth pour leur mission dans le vicariat d’Albany, à l’ouest de l’Australie, où il n’y avait que peu de catholiques et quelques dizaines d’Aborigènes dispersés dans la région.<br>

Obéissant à l’ordre de l’évêque, ils traversent la forêt vers le nord à la recherche des Aborigènes. Ne trouvant pas grand-monde, ils décident d’établir une mission au bord du lac Mollyalup, bâtissent une chapelle en bois, deux petites chambres et une cuisine. La mission porte le nom de « Santa Maria ».<br>

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Malades et sans ravitaillement, les missionnaires s’épuisent mais l’évêque leur reproche leur manque de zèle, tout en faisant la sourde oreille à leurs besoins urgents. Voyant leur détresse, le capitaine d’un navire français, de passage à Albany, leur donne de la nourriture et un peu d’argent. En 1847, la décision de mettre fin à leur mission est prise : ils doivent gagner l’île Maurice. Mais seul le P. Thévaux a pu partir. Quant au P. Thiersé (malade) et au Fr. Vincent, ils ont dû attendre l’année suivante, accueillis par une famille.
En 1960, on découvre à Mollyalup des pierres du foyer, une cuillère brisée et deux chaînes de chapelets. En 1976, les paroissiens d’Albany et de Mont Barker érigent un monument avec une plaque portant les noms du lieu, des prêtres, la période de leur séjour, et les épreuves qu’ont endurées les missionnaires et l’objectif de leur passage.
Rejoignant un peu l’expérience de ce qu’ont vécu ces missionnaires en Australie, une croyance populaire du peuple aborigène affirme : « Nous ne sommes que des visiteurs sur terre. Nous y sommes des passants seulement. Notre but est celui d’observer, d’apprendre, de grandir, d’aimer, […] et puis nous retournerons à la maison. »