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Australie  
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Défense contre la violence et pour le droit du peuple


Deux éléments méritent d’être soulignés ici. D’abord, un abri pour femmes : fondé en 1999 pour faire face au problème de violence dans les foyers qui mettait les femmes et les enfants en danger. Ensuite, l’association IBN : fondée en 2001 pour défendre les droits de 3 tribus (Innawonga, Bunjima et Niapaili) du peuple aborigène dont les terres ont été réquisitionnées afin d’y extraire des minerais d’or et de fer.

Newman : abri pour femmes victimes de violences
Cet abri, situé en Australie occidentale, a pour objectif de soutenir les familles ayant subi des violences à se reconstruire. L’association se tourne surtout vers les femmes et leur famille dans le but de les aider à casser le cycle des violences domestiques et à relever les sans domicile fixe à Newman et dans ses environs. Elle protège, motive et améliore la qualité de vie pour les femmes et les enfants en leur ouvrant des portes et des opportunités pour changer.
Obtenant une subvention de l’État, les pionniers construisent une résidence temporaire pour accueillir jusqu’à 25 personnes en 2001. Puis, en 2004, une résidence permanente et plus grande est achevée et mise en service.
Aujourd’hui, l’abri accueille des femmes et leurs enfants qui fuient la violence familiale ou qui se trouvent sans domicile fixe. Il est subventionné par le Département de la protection de l’enfance et rend service 7/7 jours, 24/24 heures. Le personnel du centre les accueille et les accompagne au quotidien. D’une part, cet accueil permet aux travailleurs du centre de s’occuper des enfants de familles exposées à la violence et de les amener à l’école. D’autre part, il offre aux femmes une opportunité pour guérir des blessures infligées. Pour certaines femmes, c’est tout simplement un lieu où elles peuvent se sentir en sécurité, dormir dans un lit au calme, préparer un repas, laver leur linge et prendre une douche.
Le centre met ces femmes en contact avec des avocats, des médecins, ou les amènent à l’hôpital pour s’assurer qu’elles reçoivent des soins appropriés. Il établit un lien avec d’autres lieux de réhabilitation pour le cas de personnes droguées, alcooliques ou souffrant de problèmes de santé mentale. L’abri s’efforce aussi de donner aux femmes un accès aux activités éducatives ou artisanales.
Afin d’assurer un service de qualité, le centre propose une formation à son personnel. Il est entraîné notamment dans les domaines de premier secours, de combat contre le feu, de prévention du suicide, et reçoit des connaissances générales afin de pouvoir gérer une maison comme celle-ci. « Nous encourageons les femmes battues à porter plainte mais elles sont réticentes parce que, dans leur mentalité, c’est une insulte envers leurs maris. Elles ont peur qu’ils aillent en prison, ce qui diminuerait toute chance de réconciliation et de retrouvailles au lendemain d’une dispute parfois sans raison d’être », souligne Mme Maggie Lewis, animatrice du centre.

Les compagnies minières de la région comme BHP (Broken Hill Proprietary Company) accordent des subventions pour financer le centre. Le soutien aux activités sociales fait partie de leur contrat. « Grâce à cet accord, nous recevons 100 000 AUD chaque année (soit 70 000 €) en plus de ce que nous donnent l’État et le gouvernement fédéral », précise Mme Lewis.
Il existe environ 40 abris comme celui-ci dans l’ensemble de l’Australie occidentale mais tous ne sont pas résidentiels. Cela montre l’ampleur du problème de la violence dans la région. Et s’il arrive qu’une femme ait réellement besoin de trouver une place pour s’abriter et qu’elle n’y parvienne pas, le centre lui paie une chambre d’hôtel en attendant qu’une place se libère dans un abri ou qu’un retour en famille soit possible. « Celles qui ne peuvent plus retourner en famille, nous les envoyons dans les foyers qui nous appartiennent à Perth, où elles résident pour un temps. Ensuite, le gouvernement les loge dans des maisons publiques, selon la gravité de chaque cas », ajoute Mme Lewis.
Dans les 25 ans à venir, ces types d’abris ne seront peut-être plus nécessaires parce que tout est fait pour éduquer la communauté et éveiller sa conscience sur les effets de la violence, de l’alcool et de la drogue. Pour les familles qui n’utilisent pas leur argent à bon escient, il existera une condition de l’État qui ne fournira plus que des aides matérielles selon leurs besoins, partiellement. Les personnes qui n’ont pas d’emploi reçoivent parfois jusqu’à 3 000 AUD (plus de 2 000 €) toutes les deux semaines, voire plus selon le nombre d’enfants. Comme elles ne rendent même pas de service d’intérêt général, elles ne saisissent pas la valeur de ce qu’elles reçoivent, ce qui encourage le gaspillage.
 
Tom Price : protection des droits des Aborigènes

L’association IBN (Innawonga, Bunjima et Niapaili) – représentant les 3 tribus principales des Autochtones dans la région de Pilbara en Australie occidentale –, en plus de défendre les droits des indigènes, garantit la santé, l’éducation et la prospérité de tous les bénéficiaires. Elle met en place un plan et une stratégie qui permettent de s’assurer que les contrats signés par les compagnies minières vis-à-vis du peuple aborigène sont respectés. Elle développe et finance des projets au profit du peuple autochtone. Elle sert de pont vers de nouvelles opportunités pour les bénéficiaires, à travers un soutien individuel et financier délivré avec efficacité, intégrité et compassion.
« Nous faisons des visites à domicile à la rencontre de membres de l’association pour encourager une vie fraternelle dans les communautés et, en cas de besoin, nous rénovons leurs maisons », souligne M. David Fernandez, coordinateur des activités de l’association. Elle subventionne également les frais de funérailles ou de crises familiales notamment quand il y a un long voyage à organiser ou des malades à envoyer à l’hôpital. Cela permet de tranquilliser les familles dont les membres souffrent de déficience mentale ou de schizophrénie.
« Autrefois, les anciens n’avaient accès ni à l’éducation ni à un service approprié de santé. Et en plus, comme il y a eu une politique d’adoption forcée dans les années cinquante – certains enfants, surtout les métis et ceux dont les mères étaient célibataires, ont été enlevés pour être donnés à des couples mariés ou être envoyés dans les missions et les écoles européennes en Australie afin “de les civiliser” –, la souffrance des familles concernées a été insupportable. Il y a peu de temps, l’État s’est excusé pour cette brutalité, et quelques personnes ont retrouvé leurs propres communautés étant adultes », rappelle Mme Cecilia Fernandez, directrice de l’association IBN. Et elle ajoute : « C’est aussi le rôle de l’association de les accompagner pour leur assurer une bonne réinsertion, ce qui n’est pas gagné d’avance. Par ailleurs, nous les encourageons à chercher du travail pour qu’ils ne dépendent pas seulement de l’argent reçu par allocation. »


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