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Les jeunes Brésiliens et la foi
À quelques mois de l’événement des JMJ de Rio,
quelques jeunes et ceux qui les accompagnent dressent un aperçu de la foi
des jeunes Brésiliens d’aujourd’hui.
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Attirés par la Mission auprès des pauvres
Edvaldo, étudiant en 3
e année de théologie,
vient de la périphérie de Rio de Janeiro. Il a connu les
spiritains lorsque ceux-ci ont pris la charge de sa paroisse et
créé 20 petites communautés rurales de proximité,
connues comme communautés ecclésiales de base (CEB). En ce
temps-là, personne ne voulait travailler dans un lieu aussi pauvre et
abandonné. Il a été impressionné par le
témoignage de vie des spiritains, proches des gens simples, et
découvert que leur charisme (un don que le Saint-Esprit concède
à une famille religieuse) consiste à vivre une profonde
amitié avec Dieu qui rend proche des plus démunis et des petits.
Lui-même a collaboré avec les Pères spiritains à un
travail d’accompagnement des malades du sida qui, à
l’époque, en était à ses premiers essais et a
généré l’actuel programme de pastorale des
évêques brésiliens pour les malades du sida.
Manuel et Mario vivent leurs premières années de formation.
Ils viennent de familles catholiques pratiquantes et se sentent attirés
par l’aspect missionnaire de la Congrégation, aiment la
façon dont les spiritains donnent aux laïcs leur place dans
l’Église. Emmanuel est né dans le sud de
l’état de Rio de Janeiro et Mario a dû
s’éloigner de sa famille et des vastes espaces de
l’Amazonie, pour vivre dans la grande métropole de São
Paulo en raison de ses études, mais il n’oublie rien de ses
origines indiennes.
Une jeunesse en manque de repères
Ils décrivent les caractéristiques de la jeunesse
brésilienne et leur rapport à la foi liées à leurs
origines sociales. Ceux de la classe moyenne s’intéressent aux
études qui leur permettront de faire carrière. Ils recherchent
une dimension plus contemplative de la foi, aiment les temps d’adoration
eucharistique et montrent moins d’intérêt pour
l’engagement social. Les jeunes des classes sociales
défavorisées sont religieux, mais dépourvus de
repères et de perspectives d’avenir, ils sont facilement
attirés par les mouvements charismatiques qui jouent sur le registre de
l’émotion, lors de grands rassemblements spectaculaires
ponctués de chants de louange, de danses, d’enseignements de
préceptes moraux ou de bruyantes invocations à l’Esprit
Saint. Dans un quartier populaire de Manaus, la capitale de l’Amazonie,
le P. Carmelo Rivera, curé de la paroisse du
Christ-Rédempteur, est le promoteur d’une très vivante
pastorale auprès des jeunes. Celui-ci confirme
: «
Les jeunes d’ici
croient spontanément en Dieu mais ils souffrent de carences
éducatives, leurs familles ont perdu beaucoup de valeurs. Très
influencés par les moyens massifs de communication qui laissent croire
que tout est permis, les jeunes, sans critères pour leur conduite
personnelle, finissent par ressentir un grand vide intérieur. La
pastorale que nous menons s’inspire du mouvement charismatique. Les
jeunes s’invitent mutuellement pour des rencontres
d’évangélisation, des temps de partage, de prière
et d’enseignement dans une ambiance très festive. Ils
découvrent qu’ils peuvent faire la fête sans mettre
l’intégrité de leur personne en danger par la consommation
d’alcool, de drogues, ou par une sexualité sans frein.
»
Le message des prochaines JMJ
Les jeunes aiment les événements ponctuels et les grands
rassemblements d’évangélisation qui procurent une
expérience forte. Les chaînes privées de
télévision d’évangélisation, une vingtaine
au Brésil, dont la plus célèbre est
l’emblématique Cançõe nova (Nouvelle chanson),
diffusent des programmes religieux 24
h/24. Elles aussi attirent les jeunes avec de
l’émotion et du visuel, tout comme les prêtres chanteurs
qui veulent annoncer l’Évangile par le biais de la chanson, un
phénomène en vogue dans tout le pays. Que proposeront les
Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) convoquées à Rio
de Janeiro pour l’été 2013
? Un grand show télévisé qui fera
sensation
? Un appel
lancé aux jeunes pour qu’ils contribuent à un monde plus
juste et solidaire
?
Manuel et Mario aimeraient que, lors de ces JMJ, la dimension charismatique
soit moins présente et laisse plus de place à la
réflexion des jeunes chrétiens sur leur engagement.
L’enjeu est de taille
: les organisateurs attendent 4 millions de jeunes à Rio, cet
été.
«
Les jeunes s’intéressent plus à
la pastorale des multitudes>
Responsable du département de théologie fondamentale à
Itiranga, l’université pontificale de l’archidiocèse
de São Paulo, le P. Pedro Iwashita, spiritain, y enseigne depuis 30
ans. Il a rencontré des jeunes chrétiens sur 2
générations
:
«
Les jeunes
étaient plus engagés socialement autrefois. Maintenant, ils
s’intéressent davantage à une pastorale des multitudes
(entendons, autour des grands rassemblements), à l’exemple des
prédicateurs chanteurs, dont le plus célèbre est le P.
Marcelo Rossi, qui réunissent les foules lors de grands concerts
d’évangélisation. Les séminaristes qui
étudient ici sont motivés par les questions directement
pastorales, la liturgie et les sacrements. Moins sensibles que leurs
aînés aux questions sociales, même s’ils ne
s’en détournent pas vraiment, ils sont davantage
intéressés par les grands défis que représente
l’évangélisation dans les grandes villes qui rassemblent
la majorité des Brésiliens et où règne
l’anonymat.
»
«Être jeune et s’engager à
la suite du Christ»
Jeunesse missionnaire spiritaine (JEM) est une proposition adressée aux jeunes engagés dans leurs paroisses afin de leur faire connaître et partager la spiritualité missionnaire spiritaine. Le P. André Alcineus, Haïtien, est arrivé au Brésil il y a six ans après des études de théologie en France. Il est chargé de mettre en œuvre cette proposition en formant équipe avec un groupe de jeunes laïcs et avec le P. George Boran, Irlandais, fondateur et animateur du centre de formation des jeunes animateurs de communauté. Le P. André précise
: «
Lors des rencontres et rassemblements que nous organisons nous mettons en avant 3 aspects de la spiritualité missionnaire spiritaine :
-
On peut être jeune et s’engager à la suite du Christ, comme Poullart des Places, il y a 300 ans, notre fondateur décédé à 30 ans.
-
Il ne faut jamais se laisser arrêter par les difficultés, à l’exemple du P. Libermann qui, malgré sa maladie, a lancé les Missions en Afrique et dans les Îles.
-
“Un seul cœur et une seule âme”, la devise de la Congrégation nous invite à former une communauté unie autour d’un projet, au-delà des vanités personnelles et des individualités. »