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Des raisons d'espérer  
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Passeurs d’espoir

Une famille Ă  la rencontre des bâtisseurs du XXIe siècle, par Marie HĂ©lène et Laurent de Cherisey : 2 tomes parus en 2006 remplis, Ă  chaque page, de multiples raisons d’espĂ©rer aujourd’hui. Parcourant 18 pays sur les 5 continents, dans un pĂ©riple de 14 mois avec leurs 5 enfants, ils vont Ă  la rencontre d’hommes et de femmes qui construisent le monde d’aujourd’hui autour d’eux. Sur Internet on peut les suivre avec l’Association « Reporters d’espoirs Â»â€‰!
La grande firme Apple invite à recycler les appareils arrivés en fin de vie.
Sur internet le mot « recyclage Â» ouvre de vastes horizons pour notre quotidien.
 

Donner une nouvelle vie Ă  des ordinateurs
Au XXIe siècle, les « exclus de l’ordinateur et d’internet » sont aussi exclus des relations humaines à distance et du monde économique ! Dans les pays émergents, la fracture numérique reste un mal, une absence de bien.
Au Brésil, des millions d’enfants, au cœur des bidonvilles, subissent cette injustice. Rodrigo, jeune ingénieur informaticien, vit à Rio de Janeiro. La famille De Cherisey, dans son tour du monde à la découverte de Passeurs d’espérance, l’a rencontré en 2004. Il leur a raconté son rêve et la réalisation qui a suivi. « Dans mon rêve, je me voyais formant à l’informatique les enfants exclus. Dans mon rêve, je voyais les enfants des bidonvilles apprendre à travailler sur des ordinateurs et trouver, grâce à cet outil, un avenir meilleur. »
Avec des amis il collecte de vieux ordinateurs, les remet en marche dans son garage puis propose à des enfants des favelas de venir à des cours d’informatique gratuits. Ce fut un échec : les enfants pauvres n’osent pas fréquenter les quartiers riches. « J’ai compris, sans me décourager, que c’était à moi d’avoir le courage d’aller les rejoindre dans leurs bidonvilles. C’est comme cela que j’ai rencontré Doña Anna. Dans son école j’ai créé ma première classe d’informatique. J’ai été fasciné par la motivation de ces enfants et leur soif d’apprendre. »
C’est peu à peu que son rêve se réalise. Le puissant ressort d’une telle réalisation est que Rodrigo sait se faire aider et accepte de se laisser conseiller. En huit ans, 600 000 enfants ont fréquenté les 800 écoles soutenues par le Centre de démocratisation de l’informatique (CDI) à travers le Brésil. Pour 80 % des jeunes, cela a été un tournant dans leur vie, grâce au courage d’un homme.
 
« Au Tchad, les étudiants en thèse n’ont même pas d’ordinateurs pour réaliser leur mémoire et doivent le rédiger à la main. » C’est à cause de cette phrase prononcé par un Tchadien qu’a débuté l’aventure de l’AHCE (Association humanitaire Conseil Europe) qui a pour mission de récupérer des ordinateurs qui ne sont plus utilisés pour les envoyer dans des écoles et de former les gens sur place.
En mission au Tchad, au Maroc, au Tadjikistan, à Cuba et tout récemment de retour du Burkina Faso, l’AHCE a ainsi installé plus de 150 ordinateurs.
L’AHCE ne se limite pas seulement Ă  l’envoi d’ordinateurs mais se rend sur place pour installer le matĂ©riel et former Ă©lèves et professeurs. Le plan de formation est souvent rĂ©alisĂ© sur place en fonction des connaissances des utilisateurs. Au Burkina Faso par exemple, la formation a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e avec le besoin de connaĂ®tre, secteur par secteur, le nombre d’enfants ayant cotisĂ© pour les frais de scolaritĂ© au niveau de l’épiscopat. Les formations sont donnĂ©es avec le système Ubuntu, entièrement gratuit et construit avec la collaboration de milliers d’internautes informaticiens. Le traitement de texte « libre Office Â», qui est Ă©galement gratuit, offre les mĂŞmes possibilitĂ©s que Microsoft Word. Les mises Ă  jour sont faites automatiquement et gratuitement si l’ordinateur dispose d’un accès Ă  Internet. Plus de licences Ă  payer, pas de virus ; le système qui est mis en place est vraiment efficace pour ce type de missions.
 
Ce qui est paradoxal, c’est que le plus difficile n’est pas de trouver les ordinateurs. Chaque année des milliers d’entreprises françaises renouvellent leur parc de PC et souvent certaines entreprises payent pour se débarrasser de leurs anciens PC qui sont encore en parfait état de marche.
Le plus dur est de trouver un moyen de transport. Dans notre dernière mission par exemple, l’AHCE est passée par une association spécialisée au Burkina Faso qui envoie régulièrement du matériel sur place, ce qui permet de réaliser des missions intéressantes avec très peu de moyens.
Page préparée par Louis Guth
louis.guth@laposte.net
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Lutter contre la fatalité

Depuis 6 ans, Laurent de Cherisey se consacre à la création d’un lieu innovant pour les victimes de lésions cérébrales.
 
Quelle est la raison de votre engagement ?
Ma vie a rencontré le handicap lorsque ma sœur Cécile a eu un accident de voiture en 1983, à 17 ans. Le Samu l’a sauvée, mais elle a gardé de graves lésions au cerveau qui l’obligent à se déplacer en fauteuil roulant et provoquent une grande fatigue et des troubles psychiques.
Notre mère, Sylviane, constatait combien ma sœur était heureuse au contact des autres. Elle a donc ouvert les portes de la maison à des amis, handicapés ou non, pour qu’ils puissent se retrouver, organiser des sorties ensemble. C’était très joyeux et de plus en plus de monde venait. Ma mère a alors trouvé un local et fondé une association.
À travers cette expérience familiale, j’ai découvert que les personnes devenues handicapées sont capables de retrouver un sens à leur vie à travers la gratuité de la relation. « Depuis l’accident, on ne peut plus fonder une famille, disait l’une d’entre elles. Mais on pourrait créer une famille d’amis. » Cela m’a bouleversé.
Cécile et ses amis rêvaient d’un lieu où ils pourraient mener une vie communautaire comportant, pour ceux qui le souhaitent, une dimension spirituelle. Fin 2005, j’ai décidé de me consacrer à la création de ce lieu de vie. Je suis alors entré en contact avec l’association Simon de Cyrène, née en 1996, qui partageait ce même objectif sans avoir encore pu le concrétiser.
 
Comment en ĂŞtes-vous arrivĂ© Ă  ĂŞtre un entrepreneur social ?
Ma vie professionnelle a dĂ©marrĂ© dans le monde de la pub. J’ai crĂ©Ă© 2 sociĂ©tĂ©s, dont l’une possĂ©dait de superbes locaux Ă  proximitĂ© des Champs-ElysĂ©es et faisait travailler une soixantaine de collaborateurs. Mais ma femme et moi rĂŞvions depuis longtemps d’aller Ă  la rencontre de ceux qui font bouger le monde, ceux que nous appelons Â«â€‰passeurs d’espoir ».
Comme dit plus haut, en 2004 nous sommes donc partis pour 14 mois avec nos 5 enfants, sur les 5 continents. Nous avons passé du temps avec des gens comme Rodrigo, jeune cadre informaticien dont le projet d’école informatique a fleuri dans 800 favelas, les bidonvilles du Brésil, ou encore Josefina qui combat l’esclavage des petites filles au Pérou. À leur contact, mon désir de lutter contre la fatalité n’a cessé de croître.
 
Comment ces personnes vous ont-elles inspirĂ© ?
Elles m’ont appris que les vraies solutions émergent de ceux qui, sur le terrain, sont confrontés concrètement aux problèmes. Les « passeurs d’espoir » m’ont montré l’importance d’écouter ceux que l’on prétend aider…
 
Le nom de l’association que vous dirigez fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’homme qui a Ă©tĂ© rĂ©quisitionnĂ© pour aider le Christ Ă  porter sa croix. Quel sens cela a-t-il pour vous ?
Simon de Cyrène n’a pas choisi de servir le Christ. Pas plus que les personnes ne choisissent leur sort en étant victimes de lésions cérébrales. […] Pourtant, en acceptant cette épreuve, Simon de Cyrène a rencontré la source de l’amour.
Ce disciple peut aussi être l’image de celui ou celle qui, à travers une personne fragile, trouve le Christ. Ce genre de rencontre permet de déposer les armes et d’accepter sa propre fragilité. Je n’idéalise pas la fragilité. Mais je suis convaincu que la capacité de notre société à surmonter les épreuves viendra de notre comportement vis-à-vis des plus faibles.
Page préparée par Charles Distel


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