Une tradition orale fait remonter Temqat (« immersion
» en guèze) au règne du roi Gebre Meskel, au
VIe siècle. Jusqu’à nos jours, une procession porte
le tabot (table d’autel) vers une source où les participants
sont aspergés d’eau sainte après la messe. Il arrive que plusieurs
tabot sortis de di% érentes églises se dirigent vers un
même point de rencontre.
Temqat commence en " n d’après-midi dans chaque église
par un o# ce. Une cloche annonce la sortie du tabot enveloppé
de riches tissus et porté sur la tête par un prêtre.
Une procession, menée par le choeur de l’école du dimanche,
tourne autour de l’église et se met en marche au
son du tambour, des youyous des femmes et des applaudissements.
Des prêtres en ornements chatoyants encensent
le tabot, des diacres battent le tambour, des musiciens
agitent leurs sistres et donnent parfois de la trompe. Une
danse liturgique qui évoque aussi David dansant devant
l’Arche d’alliance (Sam 5). Cette procession vers un point
d’eau évoque le voyage de Jésus de Galilée jusqu’au Jourdain
(Mt(3). De partout des gens se joignent à la marche,
certains se prosternant devant le tabot, d’autres frottant
leurs habits sur le sol après son passage pour pro" ter de sa
protection. Quand 2 processions se rejoignent, les gens se
saluent avec beaucoup d’e% usion. Arrivées sur le lieu de
rencontre, les tabot sont placés en sécurité dans des tentes.
L’usage éthiopien du tabot est aujourd’hui unique, mais
il a connu des parallèles ailleurs, même en Occident. Son
rôle central à Temqat, de la procession triomphante vers le
« Jourdain » à son retour à l’église, est unique. En dehors
de l’église même, des patènes et calices, il est le seul objet
consacré par l’huile sainte. Objet sacré entre tous, il est
gardé dans le sanctuaire (Mekdes) et ne peut pas être vu
par les laïcs et les diacres. En dehors de la fête de Temqat,
il ne sort de son église pour une procession festive qu’à la
fête du patron dont il porte le nom. On dit qu’il « règne ».
La nuit de Temqat, quand les tabot sont dans la tente, le
célébrant commence la prière devant la foule de gens vêtus
du traditionnel chamma blanc, chantant et maniant leur
bâton de prière. Toute la nuit, se continuent chants, danses
et prières… Au lever du soleil, les prêtres donnent le baptême
aux candidats venus le recevoir. Ils aspergent ensuite
la foule avec l’eau bénite dans une joyeuse confusion. Tous
veulent en e% et emporter de l’eau dans des récipients. Pour
eux-mêmes d’abord. Mais surtout pour les personnes âgées
et handicapées qui n’ont pas pu se déplacer pour pro" ter
des grâces de la fête de Temqat
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