Ordonné diacre, il y a plus de 20
ans, à Chencha, je suis marié et papa, d’un enfant né de mon épouse et d’une
autre, petite fille adoptée d’un village hamar. Les parents l’avaient jetée
dans la brousse pour différentes « raisons » traditionnelles. Je l’ai
ramassée et remise à mon épouse et à mon fils qui vivent à Chencha. Je l’ai
fait parce que je suis chrétien. Je lui donne aujourd’hui une bonne éducation.
Elle s’appelle Ruth. Pour le moment, elle ne sait rien de tout ça.
J’ai connu les spiritains à
Chencha. Ils m’ont demandé de venir proposer l’Évangile chez les Hamar. Cela
m’a d’abord paru difficile. Mais j’ai accepté quand les spiritains m’ont dit
que les Hamar ne connaissaient pas le Christ et que je pouvais leur parler de
lui autant par mes paroles que par ma vie.
Je n’avais aucune formation
professionnelle. Les spiritains ont accepté que je me forme. Nous nous sommes
aidés les uns les autres à comprendre le peuple hamar dont je ne connaissais
rien sauf qu’il se déplace tout le temps avec ses troupeaux.
À mes 1ers contacts
avec eux, j’ai vite remarqué que dès que l’on s’intéresse à eux, ces gens sont
très gentils et apprécient de collaborer avec vous.
L’évêque orthodoxe d’Arba Minch a
accepté que je lui explique notre travail commun avec les spiritains. Il est
venu sur place s’en rendre compte sans pour autant nous soutenir
financièrement. Quand j’ai vu que les Hamar nous recevaient bien, j’ai demandé
à l’évêque d’envoyer d’autres prédicateurs. Certains sont venus du nord du
pays. Ils ne se sont pas intégrés et sont repartis. Aujourd’hui, seuls 9
d’entre eux travaillent avec nous et sont payés par nous.
Les spiritains sont catholiques.
Mon évêque, orthodoxe. Je travaille au service des 2 Églises. Un travail qui
m’a appris beaucoup de choses dans un tas de domaines du monde hamar. J’ai vite
senti le besoin de me former. J’ai passé mon permis de conduire pour mieux
rendre service. J’ai suivi ensuite des cours d’informatique et d’anglais. Enfin
des cours d’infirmier pour soigner les gens qui n’ont aucun autre accès aux
soins et qui me reconnaissent comme professionnel. Mon épouse en est heureuse.
J’ai un rôle à la fois pastoral et social. Quand je prêchais, je me rendais
compte que les gens attendaient d’abord que je les soigne et les aide. Avec
l’aide des spiritains et de sponsors hollandais, j’ai pu me former pour le
faire. Mon évêque en est heureux. Il m’a proposé de m’ordonner prêtre. J’ai
accepté avec l’accord de mon épouse.
Dans le nord du pays, catholiques
et orthodoxes se considéraient comme des ennemis. Au sud, nous sommes devenus
des amis. L’impensable est devenu réalité.
Le fait que des catholiques
aident des communautés orthodoxes à se former et à se mettre au service de tous
est extraordinaire. Sans cela, l’Église ne serait pas visible dans cette
région. Il y a aujourd’hui 4 lieux de prière en pays hamar. Et une foule de
gens aidés, soignés et éduqués dont la vie s’améliore grâce à l’Évangile.
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