Dossier
Spiritains en Éthiopie : respect et service
Addis-Abeba
Les spiritains appuient l’Église orthodoxe
Longtemps isolée, l’Église
éthiopienne orthodoxe est confrontée à la modernité. Les spiritains engagés
dans la formation du clergé évaluent leur mission auprès d’elle. Explications.
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Les jeunes Éthiopiens de plus en
plus scolarisés sous-estiment un clergé qui, lui, l’est très peu : 80 % des Éthiopiens vivent à la campagne ! Dans les terres hautes,
nous avons participé aux salaires des
marigetta,
ces chanteurs qui, pendant des années, font apprendre par cœur liturgie et
Bible aux jeunes appelés à devenir diacres et prêtres. Nous avons facilité
l’accueil des potiers, forgerons et tanneurs. Autrefois rejetés par la société
et l’Église comme superstitieux, païens impurs (donc privés de mariage, de
propriété, de reconnaissance publique, d’éducation pour leurs enfants), ils
sont aujourd’hui acceptés dans l’Église qui les défend devant la société.
Nous avons orienté le Centre de
formation du clergé (Clergy Training Centre) et élaboré un curriculum adéquat.
Beaucoup de prêtres et diacres des campagnes y ont reçu une formation biblique
et théologique de base.
«
Après l’école du dimanche, explique le
diacre orthodoxe Ayalkibet Bethanu,
les
spiritains nous invitaient à leur messe. On nous y expliquait certains textes.
Puis, invité à des sessions pastorales, j’ai étudié la Bible et ai découvert une
nouvelle dimension à la vie de nos Églises. Nous avons appris à collaborer.
Certains ont pensé que nous le faisions par intérêt économique. Mais ces
allusions ont aujourd’hui cessé. Les relations avec les évêques influent
beaucoup sur le comportement des fidèles. C’est vrai dans les 2 Églises.
Heureusement que les plus anciens favorisent toujours l’entente et la paix. »
Nous avons mis en place un
programme d’aide à la création de finances pour rendre les paroisses capables
de soutenir et d’employer
marigetta,
prêtres et diacres indispensables aux liturgies sacramentelles. Les paroisses
de Dimeka, Turmi et Omorate sont aujourd’hui autosuffisantes. Nous sommes
heureux d’avoir formé 5 diacres orthodoxes employés dans la vallée de l’Omo,
auprès des tribus nomades autrefois considérées comme inaptes à devenir
chrétiennes car incapables de suivre les règles de jeûne très strictes (près de
245 jours/an) de l’Église orthodoxe.
Nous avons enfin aidé l’Église
orthodoxe à devenir missionnaire. Les nomades devenant chrétiens sans perdre
leurs traditions ont fait naître de petites communautés chrétiennes. Nous
formons 10 prédicateurs. L’Église orthodoxe, 10 autres. Accueillis dans un
monastère à Jinka, ils peuvent à la fois étudier dans les écoles
gouvernementales et se former de façon traditionnelle. Ils iront évangéliser
les différentes tribus de la vallée de l’Omo.
Pour un service plus efficace
Le diacre Ayalkibet termine une formation en théologie de 2 ans à
Pietermaritzburg (Afrique du Sud). « Aidé par les
spiritains et par la Hollande, je me suis perfectionné en anglais. Mon diplôme
me permettra de me mettre plus efficacement au service de nos communautés
orthodoxes. »
Son projet : faire un travail pastoral
auprès des gens et des jeunes en formation à partir de projets utiles,
agricoles et autres. « L’université
du Kwazulu-Natal, connue des orthodoxes, nous permet de courts stages dans des
communautés avec analyse des situations et recherches de solutions. Ma
découverte essentielle :
les femmes jouent partout un rôle primordial. Un exemple à suivre dans nos
propres communautés.»