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GABON  
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Préparer l’avenir par la formation

Construire des écoles, éduquer les jeunes et former les catéchistes, ce sont des priorités de l’Église du Gabon depuis sa naissance à nos jours. Les spiritains concentrent toujours leurs efforts sur une éducation de qualité.


Le témoignage de M. Fidèle Eya Mireko, censeur pédagogique du lycée Monseigneur-Bessieux à Libreville souligne le rôle joué par les spiritains au Gabon dans le domaine de l’éducation. D’après lui, « une grande partie des hauts cadres de l’État gabonais est passée par ce lycée fondé par les spiritains. Il y a 800 lycéens dont 53 % de filles. Ils y reçoivent une éducation de qualité, ce qui leur garantit une entrée prioritaire à l’université et dans les grandes écoles, à l’intérieur du pays comme à l’étranger. »
Libreville abrite également le grand séminaire Père-Brottier fondé par le P. Lucien Fischer en 1985 pour étudier la philosophie. En 2014, il y a 15 étudiants résidents dont 12 candidats à la vie spiritaine : Gabonais, Camerounais, Congolais et Centrafricains. Les trois autres appartiennent à la Fraternité missionnaire Jean-Paul II (Institut en gestation, fondé à Fréjus en 2009 par le P. Pierre Aguila, pour vivre selon l’enseignement de Jean-Paul II). Il y a aussi 36 séminaristes diocésains non
rĂ©sidents, un total de 51 Ă©tudiants, accompagnĂ©s par le P. Alain Mbonzima, recteur du sĂ©minaire. Il est entourĂ© par une Ă©quipe de professeurs et de formateurs, dont les PP. Lucius Sagna et Jean-Simon NguelĂ©.
En plus des études, les jeunes – accompagnés par des prêtres ou des laïcs – sont en insertion pastorale tous les week-ends en paroisse, auprès de prisonniers ou dans des aumôneries d’hôpitaux. « Dans nos perspectives d’avenir nous pensons mettre en place un programme de licence, master et doctorat (LMD) ce qui nous permettra de faire de Brottier un établissement d’enseignement supérieur privé », précise le P. Mbonzima.
Par ailleurs, deux jeunes font leur annĂ©e de postulat Ă  la maison Libermann (Libreville) accompagnĂ©s par le P. BenoĂ®t DiĂ©mĂ©. Mais cette formule n’est pas dĂ©finitive car la fondation envisage l’ouverture d’un postulat en GuinĂ©e Ă©quatoriale. Pour eux, c’est une annĂ©e propĂ©deutique oĂą ils suivent une mise Ă  niveau en français et en liturgie avant d’aller faire leur formation en philosophie au sĂ©minaire Père-Brottier. C’est aussi un dĂ©but de l’apprentissage Ă  la vie communautaire et d’introduction Ă  la spiritualitĂ© de nos fondateurs.
Au-delà de la formation au séminaire, les spiritains gèrent deux internats : l’un à Lastourville et l’autre à Lambaréné. L’un et l’autre accueillent des jeunes qui ont quitté le cycle scolaire trop tôt. Leurs parents essayent de les réinsérer dans les écoles du Gabon. Certains ont entre 20 et 23 ans quand ils arrivent en terminale. Les parents les y envoient comme une dernière chance. À leur sortie, ils vont soit à l’université, soit dans d’autres centres de formation. Quelques-uns peuvent trouver du travail directement dans la fonction publique. À Lastourville, il y a 38 jeunes répartis entre la 6e et la terminale. « Pour le moment, nous n’avons pas de bibliothèque. Mais nous souhaitons en ouvrir une pour permettre aux jeunes d’étudier correctement. Nous faisons également un soutien scolaire avec un suivi personnalisé », souligne le P. Landry, responsable de l’internat.
En arrivant ici, les jeunes sont parfois considérés comme des rejetés de Libreville. Cela les marque beaucoup et les incite à redoubler d’efforts pour réussir et montrer qu’ils ne sont pas ce que tout le monde pense.
L’internat est un lieu rassurant pour les parents puisque certains jeunes sont intenables en famille. « Pour résoudre le problème de mésentente entre parents et enfants, je prône le dialogue plutôt que la punition. Cette dernière n’est pas un principe pédagogique pour moi, car elle peut être contre-productive. La culture du dialogue ne fait pas partie du quotidien dans les familles. Mais je crois que par l’éducation, les jeunes peuvent changer, réussir et participer au développement du pays », ajoute le P. Landry. Il arrive que des parents demandent que leurs enfants restent au foyer pendant les vacances scolaires pour éviter de les avoir à la maison.
Quant à l’internat de Lambaréné, il y a 68 garçons de la 6e à la terminale. D’après le Frère Abel Mayeho, directeur de l’internat, « la tenue du foyer leur apprend le travail, la discipline et la rigueur ». En plus des études au collège et au lycée, les jeunes profitent de l’outil informatique de la paroisse et bénéficient d’une formation culturelle.
Par ailleurs, la fondation est en train de construire un lycée spiritain à Libreville. Elle a aussi d’autres terrains à sa disposition – comme à Angondjé, à environ 12 km au nord de Libreville – où elle met en place une structure scolaire et d’autres projets.

La vocation de Frère

Sur les cinq Frères spiritains qui travaillent au Gabon, trois sont originaires du pays. Au départ, il a été constaté qu’au sein de la vie communautaire il y avait des tensions entre Frères et prêtres. Une réflexion a donc été menée pour voir comment valoriser la présence des Frères et favoriser leur intégration. « Nous avons pris la décision de donner des orientations pour permettre aux Frères de devenir architectes, médecins, avocats, comptables, responsables d’établissements scolaires ou autres, chacun selon ses capacités », précise le P. Emmanuel Ndong Mezui, supérieur de la fondation.
Certains ont alors suivi une formation pour avoir une qualification professionnelle, ce qui leur a permis de prendre des responsabilités au sein de la circonscription. Le Frère Célestin Makoukou s’est formé à la catéchèse à l’université catholique d’Abidjan. Le Frère Abel Mayeho a été formé à Auteuil, en France, pour devenir maître en hôtellerie. Le Fr. Florentin Mezui envisage une formation d’architecte.
Quant au Frère Jacques Nsimba, l’actuel supĂ©rieur de la maison Libermann Ă  Libreville, il a Ă©tĂ© formĂ© Ă  la comptabilitĂ© en France. « Dès le dĂ©but de ma formation Ă  la vie spiritaine, je voulais devenir religieux missionnaire. Après une annĂ©e de noviciat, j’ai compris le sens du charisme de nos fondateurs et les objectifs de la CongrĂ©gation. La diffĂ©rence entre un prĂŞtre et un Frère n’avait donc aucune importance pour moi. J’ai dĂ©cidĂ© de devenir Frère mais il fallait avoir au moins une profession qui me permettrait de rendre service et y rester fidèle », affirme le Frère Nsimba. Et il ajoute, « un Frère n’est pas quelqu’un qui n’a pas rĂ©ussi Ă  devenir prĂŞtre. Pour promouvoir la vocation du Frère, il faut sortir du problème de clĂ©ricalisme. C’est Dieu qui appelle ; donc nous ne sommes pas maĂ®tres de la vocation de quiconque Â».



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