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GABON  
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Remettre debout des enfants de la rue

Situé à Port-Gentil, le Cemi (Centre espérance et mission d’insertion) accueille des enfants de la rue de 10 à 16 ans issus de structures familiales bouleversées : unions libres, divorces, mères célibataires, enfants livrés à eux-mêmes ou orphelins.




Parmi les enfants reçus au Cemi, il y a ceux qui n’ont pas réussi à l’école, parfois en raison d’absences répétées, et qui, ne sachant plus quoi faire, passent leur temps dans la rue du matin au soir. Souvent par peur de se faire gronder, ils ne rentrent plus à la maison. En restant dans la rue, ils font des petits boulots (pousser des brouettes, laver des voitures) ce qui leur permet de gagner un peu d’argent. Ils finissent par y prendre le goût de l’argent et de la liberté un peu trop tôt, de sorte que même quand ils sont accueillis au Cemi afin d’y recevoir de la nourriture et de se faire inscrire dans les écoles, ils sont tentés de repartir pour retrouver la vie de la rue.
Le centre se trouve à 7 km des écoles de la ville. Au début, chaque fois que les jeunes partaient aux cours, certains s’arrêtaient en chemin et n’y arrivaient donc pas. Pour ces raisons, les spiritains ont décidé de construire sur place un foyer, un centre d’apprentissage des métiers et une école primaire (Notre-Dame de l’Espérance).
Cette dernière a été construite d’abord pour les enfants de la rue, mais comme ils sont à peine une vingtaine actuellement, elle accueille d’autres enfants dont les parents vivent dans les environs. D’après le Fr. Célestin Makoukou, responsable du centre, « la scolarité est gratuite pour les jeunes du foyer mais payante pour les autres ». Sr Bernadette Ndjoumbam, camerounaise, de la congrégation de Sainte-Marthe, y travaille avec lui. Elle y est depuis le début du projet. Sa présence est comme celle d’une maman pour ces jeunes, ce qui leur permet d’avoir un équilibre affectif.
Le centre vit des dons de paroissiens ou des commerçants de la ville ou des revenus de l’école. Il achète des vêtements ou des chaussures pour les jeunes. « Pour les recueillir, nous avions, au départ, repéré les lieux où ils dormaient et nous allions à leur rencontre. Parfois, nous les repérions dans la rue car ils ont une façon reconnaissable de marcher, de parler et de se comporter. Petit à petit nous avons commencé à les convaincre de venir à la paroisse Saint-Paul [Port-Gentil] pour pouvoir manger mais ils étaient très turbulents et des bagarres éclataient souvent. Certains prenaient encore de la drogue. Maintenant, nous avons fait une formation pour qu’ils en comprennent les effets négatifs », témoigne Sr Bernadette.
Petit à petit, ils commencent à s’habituer à la vie du foyer. Ils jouent ensemble, vont à l’école et à la catéchèse. Ils ont de quoi manger, se laver et dormir. Comme certains n’ont jamais vu la porte de l’école, ils se retrouvent, à l’âge de 13 ans, en classe de CP1 avec les enfants de 7 ans. Toutefois, il y en a qui y prennent goût malgré leur âge.
Riche de son expérience de curé et de vicaire général à Port-Gentil depuis plusieurs années, le P. Guy Boulbin, spiritain français, rappelle que « les retombées du pétrole ont attiré dans cette ville une population venue de plusieurs pays. Arrivée à la force de l’âge, cette population a fait beaucoup d’enfants. Mal encadrés, certains ne vont pas à l’école. D’autres tombent dans la drogue et deviennent enfants de la rue. D’où l’importance du CEMI pour un minimum d’encadrement. » De plus, l’Église a construit des écoles dans le diocèse de Port-Gentil pour les former.
Le projet a été lancé depuis les années 2000, aidé par les ambassades de France et du Canada et par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Le bâtiment qui y accueille les enfants de la rue est maintenant terminé. Il est fonctionnel depuis 2008-2009.



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