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GABON  
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  Lutte contre le crime ritue
Les confessions religieuses et l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) ont publié un mémorandum en 2013 sur ce sujet. Il définit ce crime en ces termes : « Tout meurtre commis avec prélèvement d’organes et/ou autres mutilations ou dégradations du corps humain est qualifié de crime rituel. »
Le P. Jean-Simon Nguelé, représentant spiritain de la commission Justice et Paix au Gabon, nous livre les enseignements qu’il a retenus de ce mémorandum.


Au Gabon, on assiste depuis plusieurs années à un certain nombre de crimes rituels. « Il s’agit d’assassinats commis pour entreprendre des actes fétichistes. Parfois, des organes récupérés sont destinés à des rites qui permettraient aux commanditaires de consolider leur pouvoir ou de s’enrichir », souligne le P. Jean-Simon Nguelé, membre de la commission Justice et Paix. D’après lui, ces actes ne semblent pas émouvoir outre mesure la classe politique.
Pour exprimer le dégoût de tels actes et le rejet d’institutions qui n’en font pas assez pour endiguer ce fléau, une marche a été organisée en 2013 par des membres de la société civile et des communautés religieuses, en présence de l’actuelle Première Dame du Gabon. La manifestation s’est terminée devant la Présidence par le dépôt d’un mémorandum, dans lequel s’exprime la détermination de voir les commanditaires de ces actes arrêtés et punis.
Nombreux sont les bourreaux envoyés par des commanditaires. Aucun ne semble respecter la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu. Ces actes ne les émeuvent guère. Le P. Jean-Simon se demande : « Pourquoi les organes récupérés sont-ils censés donner du pouvoir aux commanditaires ? Qui sont-ils et pourquoi la justice ne fait-elle rien contre eux ? » De fait, ces enquêtes ont bien été menées, des dossiers ont été transmis au Parquet, mais les procès n’aboutissent toujours pas à la découverte de la vérité.
D’ailleurs, « depuis la sortie du mĂ©morandum, le 11 mai 2013, et les rĂ©actions de la PrĂ©sidence contre ce flĂ©au, on a cru que le changement Ă©tait arrivĂ©. Pourtant, des cas de crimes crapuleux mĂŞlĂ©s Ă  des techniques de dissimulation ont encore Ă©tĂ© recensĂ©s », prĂ©cise le P. Jean-Simon. Et il ajoute : « Seuls les prĂ©sumĂ©s exĂ©cutants sont traĂ®nĂ©s Ă  la barre… et finissent souvent par ne passer que quelques jours en dĂ©tention. La prison devient, pour celui qui a sauvagement Ă´tĂ© la vie Ă  l’autre, le lieu de sĂ©curitĂ© par excellence, alors que les commanditaires sont tranquilles chez eux. »
Pendant ce temps, la douleur des familles de victimes ne trouve pas de consolation. Pauvres et dépourvues de moyens, les familles ne peuvent se payer un avocat. Le P. Nguelé conclut en affirmant que « la défense de ces cas est presque impossible car il y a trop d’influences. Pour le moment, les plus riches exécutent les plus pauvres, achètent la conscience des bourreaux et celle des personnes pouvant défendre les familles. Jusqu’où ira-t-on ? »
 
D’après un article du P. Jean-Simon Nguelé

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