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GABON  
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Pastorale de proximité


Mgr Basile Mve Engone, salésien gabonais (73 ans), archevêque de Libreville depuis 1998 nous dévoile les priorités, les joies et les défis de l’archidiocèse.
 
 


Pour annoncer Jésus-Christ, il est impératif d’aller à la rencontre des hommes. Nous ne devons pas attendre que les chrétiens viennent vers nous. Exercer une pastorale de proximité permet de voir les conditions dans lesquelles vivent les gens, ce qui nous donne la possibilité de mieux les comprendre pour mieux les servir. Sinon, nous serons dépassés par les Églises du réveil.
Dans notre pastorale, la jeunesse doit occuper le premier plan. L’Église ne peut pas progresser si la jeunesse n’est pas prise en charge. Là où il y a deux ou trois prêtres, il faut qu’il y en ait un qui s’engage et s’occupe de la formation de jeunes. L’école est un lieu d’évangélisation, de formation morale, sociale, humaine, chrétienne. Il faut les prendre en main comme faisaient les missionnaires d’hier. Il se trouve que les jeunes qui sont formés dans nos écoles ont une bonne cote à tel point que lorsqu’ils cherchent du travail, ils obtiennent des postes plus facilement grâce à la réputation de la qualité de formation dans nos établissements.
Il faut également former les laïcs et savoir leur laisser la place qu’il faut. Nous avons des centres où ils sont accueillis. Ils deviennent des témoins et portent Jésus-Christ aux hommes. Il faut travailler en collaboration avec eux. Ils participent à l’évangélisation dans les villages et y créent des mouvements. Il est important que ces mouvements soient suivis par un prêtre pour assurer leur accompagnement, mais sans prendre la place qui revient aux laïcs. C’est grave de créer de toutes petites cellules qui ne sont pas en communion avec l’Église et se trouvent abandonnées dans la nature ; elles ne sont alors que des groupes parallèles. Il faut s’efforcer de former aussi les familles pour qu’elles s’engagent et qu’elles deviennent des lieux d’évangélisation.
 
Relation Église/État  : nous entretenons une relation apaisée, bonne dans son ensemble. Nous ne nous immisçons pas dans les affaires de l’État et inversement. Notre mission c’est l’homme. Pour l’État aussi. Nous voulons rendre l’homme heureux, le faire grandir, le mettre au centre de nos préoccupations, éviter de le mettre au service de nos idées, qu’il soit toujours mieux servi. Ici, nous nous rencontrons sur un objectif commun.
 
Relation avec les autres Églises  : avec les protestants, nous nous retrouvons pendant la Semaine de l’unité des chrétiens pour partager notre foi en Dieu. Cela renforce le vivre ensemble dans notre pays. Nous menons une vie fraternelle. Nous travaillons ensemble pour agir en témoins. Même les Églises du réveil, quelques-unes sont plus ouvertes que d’autres.
 
Rôle de l’Église pour promouvoir l’éducation, la santé et le dialogue : l’éducation est un secteur important où l’Église est très engagée. Elle a rendu un immense service au pays. Quant à la santé, elle a toujours été une préoccupation importante de l’Église. Souvent, il y a eu au côté des prêtres/Frères des religieuses qui tenaient des dispensaires et soignaient les malades. Maintenant, c’est plus difficile, même s’il y a encore, dans certaines paroisses, des dispensaires qui sont reconnus et appréciés par la population. À Libreville par exemple, les Sœurs de Sainte-Marie viennent de lancer une petite clinique ouverte à tous. Les soins, prodigués à bas prix, contribuent au soutien des plus démunis.
Et enfin, le dialogue est une porte d’entrée dans le débat social. Par exemple, chaque fois qu’il y a une situation grave, la Conférence épiscopale rédige un message que l’on envoie aux chrétiens et qui est lu dans les paroisses pour que la population connaisse la position de l’Église vis-à-vis d’un conflit qui prévaut dans le pays. Lorsque notre réaction tarde, au bout d’un moment nous sentons que les gens attendent la voix de l’Église.

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