Sur la route qui relie le Burkina
Faso et la Côte d’Ivoire, les villes de Yapei et Tamale voient stationner de
longs camions transportant les marchandises entre les 3 pays. Akans, Ewes,
Dagombas, Chokosis… sont arrivés d’autres régions du Ghana. Moshies, Haoussas,
Peuls, Kamaras, Zambramas et Hangas, des pays voisins, Burkina Faso et Mali.
Ils sont pêcheurs, vendeurs, artisans.
Yapei. La paroisse
Saint-François-Xavier, la plus étendue du diocèse de Damongo, 92 km nord-sud et 60 km est-ouest, regroupe sur
3 centres quelque 150 familles autour de 16 lieux de culte, petites chapelles
ou simple espace ombragé. Les PP. William Opoku Boateng et Job Addai y
continuent une mission de 1re évangélisation.
Construite en 1998, l’église
paroissiale a été détruite en 2004 par les pluies. Couverte depuis, elle attend
ses fenêtres, un autel et un coup de peinture.
« La paroisse n’a qu’une école primaire »,
déplore William. Une 2e se construit. L’absence d’écoles a fait
décrocher beaucoup d’enfants. Quelques dispensaires (aucun catholique)
travaillent sur le district. Les gens sont des paysans très pauvres cultivant des
terres pauvres. La plupart manquent d’eau potable et de sanitaires. Beaucoup
souffrent de glaucome et d’autres maladies transmises par l’eau. Le taux
d’infection par le ver de Guinée est très élevé. Celui de la mortalité
infantile aussi. Les jeunes courent en ville chercher des emplois introuvables.
Une migration qui conduit toujours à des vices sociaux : prostitution, vols, violences. Ils
reviennent souvent malades. MST et sida explosent.
Ntereso. Un village de paysans et de
pêcheurs. Travailler aux champs est très dur et ne rapporte pas. Les jeunes de
16 à 30 ans sont partis chercher du travail. Restent les anciens qui manquent
de nourriture et d’eau. Devant les ravages du ver de Guinée, le gouvernement a
commencé un programme de filtrage de l’eau. Mais pas assez vite. Beaucoup de
gens plantent des arbres à karité pour l’huile. Récoltes médiocres. Idem pour
les cocos. L’ouverture d’une école catholique a entraîné et attiré des gens
vers de petites activités sociales. Les relations avec les musulmans sont
bonnes. Chaque famille rassemble en effet catholiques et musulmans. En 2010, 25
personnes se préparent au baptême. Un catéchiste, élève du collège, vient de
commencer son travail.
Toshinape. William y ouvre un
pré-primaire gratuit pour 250 enfants de 22 villages des alentours. Les classes
sont construites en briques de terre séchée. Il faut trouver 6 maîtres pour
assurer les 3 classes. Pas de repas prévu pour le moment.
Tulewe. À 75 km de Yapei, un village au centre de 18
autres. William va y ouvrir une école comme 1er contact avec un bon millier de
musulmans. Le terrain de 5 ha
sera planté et clôturé. Un forage y est déjà creusé. Le gouvernement va fournir
livres, bancs et salaires des maîtres.
« Dans ce travail de 1re
évangélisation, l’école me permet de rencontrer les gens, affirme William. Je forme aussi catéchistes et dirigeants de
communauté pour qu’ils aident les gens dans l’arrière-pays. Avec un revenu
mensuel de 10 €, je fais face aux dépenses :
alimentation, eau, électricité, carburant, entretien de la voiture et du
bâtiment, frais médicaux. Je transporte malades et femmes enceintes au
dispensaire et les gens qui vont en formation avec mon véhicule destiné à la
pastorale. Inutile de dire que je suis toujours en déficit. Parfois il m’arrive
un peu d’aide de la congrégation et du diocèse. J’ai commencé à élever volaille
et petit bétail et à lancer de petits projets de culture qui peuvent donner des
idées à d’autres. Avec une formation de base et une aide financière, des jeunes
et des femmes peuvent se réveiller et lancer de petits projets. Les villages
aussi. En commençant par des installations sanitaires avec de l’eau potable. »
Bolgatanga. À 20 km du Burkina Faso et à 8 heures de route de Kumasi,
les PP. Francis Ato Hammond et George Omondi Onyango animent la paroisse
Notre-Dame-Reine-de-la-Paix et ses 7 communautés. Ouverte en 1997 au milieu
d’une population de cultivateurs et de nomades en majorité musulmans et de
religion traditionnelle, cette paroisse est la plus vivante du diocèse de
Navrongo-Bolgatanga. Les célébrations se font encore dans une grande salle.
Mais une grande église se construit à côté d’un centre de jeunes et d’une
école. Priorité spiritaine :
assurer une 1re évangélisation et une formation des leaders laïcs,
bâtir de vraies communautés et entretenir un dialogue avec l’islam. Jeunes
(très nombreux) et adultes apprécient les spiritains, leur style de vie et leur
façon de partager les responsabilités.
Fumbisi. À 2 heures de route de
Bolgatanga et à 80 km
de Navrongo, la ville la plus proche, la paroisse Saints-Pierre-et-Paul.
Ouverte en 2000, Fumbisi regroupe 4 grands villages ruraux et 20 communautés.
Plus de 65 % des 9 000 hab. ont moins de 40
ans. La plupart aspirent à devenir chrétiens, 3 %
musulmans, les autres de religion traditionnelle.
Cultivateurs, leur survie dépend
des pluies qui ne tombent que de juin à août. Insuffisant. Le peu de mil et de
maïs cultivé autour des maisons doit assurer l’alimentation des familles pour
toute l’année. Du fait de l’influence du Sahara, la saison sèche entre janvier
et mars accentue pauvreté et maladie.
Le P. Dominic Broni, curé, aidé
de son catéchiste Anspar Joshua, du conseil pastoral composé de membres de
toutes les communautés et des groupes d’apostolat, propose à tous une formation
humaine et chrétienne à partir de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église.
Sa priorité va aux jeunes :
75 % des enfants de
Fumbisi et des villages voisins font des km à pied pour aller à l’école. D’où
l’ouverture de la Preparatory Junior High School. À cause de la pauvreté des
gens, plusieurs prêtres n’ont fait que passer à Fumbisi. Dominic se dit heureux
de tout faire pour que les gens s’en sortent. Il a demandé des appuis à
différents organismes pour poser les bases de l’autonomie financière de la
paroisse. « Les gens se rendent compte, dit-il, qu’en travaillant ensemble nous arrivons à
améliorer nos conditions de vie. »