Dossier
Ghana - Spiritains et spiritaines
Des millions de jeunes à former
Mgr Gabriel Justice Anokye, évêque
d’Obuasi et responsable de la jeunesse, revendique pour son pays une gestion
sans corruption et fait, de la formation, la priorité de l’action de l’Église.
Les spiritains le suivent.
|
|
Le Ghana compte 4 100 000 catholiques dont 70 % (3 millions !) ont moins de 35 ans.
La majorité en secteur rural,
sans emploi et sans moyens. La formation humaine et chrétienne est notre essai
de réponse à de nombreux problèmes :
délinquance, prostitution, drogue, vols. Des jeunes de 18 ans et moins quittent
leurs parents et se lancent dans des combines louches. D’autres, nombreux,
veulent partir. Ils ne rêvent d’avenir qu’en Europe. «
On est
déjà morts, disent-ils,
alors mieux
vaut chercher par tous les moyens, une survie ailleurs ! » Certains musulmans et
chrétiens sont conditionnés par les politiques (avec argent et alcool) pour
semer le désordre à Accra et à Kumasi surtout.
Notre Conférence épiscopale a
rencontré les responsables de l’éducation et revu notre partenariat avec
l’État. Nous voulons que l’État respecte les pactes signés. Quand l’Église
construit une école, l’État en règle les frais. Et nous gardons une tutelle de
moralité. L’Africain est fondamentalement religieux. Il faut le respecter.
L’État a de l’argent des partenaires européens, du FMI et de l’ONU. Il faut que
cette aide arrive au peuple, sans corruption, pour que ses besoins de base
soient respectés. Nous portons ces revendications au gouvernement.
Le Ghana connaît un grave
problème de pauvreté dans le Nord du fait de la sécheresse. Et un exode massif
de jeunes sans formation qui envahissent les villes du Sud.
Si l’Europe continue à nous aider
(faut dire un grand merci pour toutes les aides reçues du Nord, depuis les
missionnaires jusqu’aux échanges d’aujourd’hui !),
nous serons capables de développer notre pays.
Dans les centres et les paroisses
du pays ashanti, les spiritains ont opté pour la priorité formation. Le
P. Paul Antwi-Boasiako dirige le centre Jean-Paul-II à Ofoase Kokoben : formation et retraites
pour laïcs et catéchistes du diocèse d’Obuasi. Le P. Alphonsus Beni gère
le Spiritan Institute of Professionnal Studies (SIPS) à Atasomanso, Kumasi.
Ouvert au nom des spiritains, il va intégrer l’université d’Ejisu. Fr. Francis
D. Nnagnour anime le Spiritan Technical and Vocational Institute à Adankwame,
Kumasi. Avec Fr. David Kakraba-Quarshie, économe et P. Eric Onai, aumônier.
Ouvert en 2009, ce centre propose à 60 jeunes un apprentissage de 4 ans : agriculture, électricité,
construction, métal, couture, cuisine… Générateur et machines-outils sont
arrivés. Le problème de base reste la pauvreté des gens. Mais il faut tout
faire pour éviter aux jeunes de tomber dans des activités criminelles.
Donnée aux spiritains au début des années 1970, la paroisse Corpus Christi de
Kumasi-New Tafo rassemble quelque 600 familles. Ses caractéristiques : l’exposition du Saint
Sacrement avant chacune des messes. Et une église toujours pleine. Avec une
présence massive de jeunes et de femmes.
Les priorités des PP. Raphael
Annan et Andrew Awiee :
les jeunes, la formation des laïcs, l’écoute de tout un chacun et la visite des
malades…
Un rituel est très demandé. Il
propose des prières spéciales pour parents et enfants dans leurs différents
lieux de séjour. «
Que ceux qui passent dans cette maison y
apportent la paix ! Qu’ils en repartent
apaisés !
Que la vie de cette maison aide ses habitants à supporter stress, agressivité,
peurs et autres problèmes de la société. »
Autant d’expressions du besoin de paix dans les relations.
Construite et menée par des
spiritains depuis 1977, la paroisse Saint-Esprit à Kumasi-Bantama réunit,
autour de l’église et de l’école du centre, 7 communautés, un hôpital et une
prison de 200 détenus que les confrères visitent. Le P. Patrick Adjei
accompagne les laïcs engagés dans une foule d’activités au service des 6 000 pratiquants. Le P.
James Anovunga, originaire du nord du Ghana, rencontre des centaines de jeunes
dont 300 étudiants. «
Des gens du Nord employés dans des travaux
difficiles, dit-il, ont du mal à s’intégrer. Quand certains ont trop de
problèmes, je les aide à repartir chez eux. »
À 37 km du centre de Kumasi, à la paroisse
Saint-Paul de Nyinahini, les PP. Joseph Biney Agyemang, Innocent Valerius
Mensah et Anthony Roger Afaako rencontrent quelque 15 000 hab. Minorité musulmane. Et majorité
chrétienne dont 2 500
catholiques regroupés au centre et dans 20 communautés autour.
De plus en plus nombreux, les
gens, paysans à 90 % aux
revenus faibles, ont besoin d’espace pour la culture.
Ils coupent la forêt pour planter
manioc, dattiers, cacao, maïs… Jour de congé scolaire. Des colonnes d’enfants
rentrent des champs, chargés de fagots de bois pour la cuisine et l’extraction
de l’huile de palme. Des groupes de femmes égrainent les dates, les
décortiquent à la machine. Les fibres sont écrasées dans un pressoir. L’huile
coule dans des marmites où elle sera cuite. Des noyaux nettoyés par une autre
machine, sera extraite une autre huile bonne pour la cuisine et les
cosmétiques.
«
Autour de nous, explique Joseph,
s’activent au moins 25 autres Églises. Des
gens y courent espérant des solutions à leurs problèmes. Ils en reviennent
souvent déçus. Notre priorité spiritaine : à partir des formations
pastorales du diocèse, et avec nos catéchistes, fortifier la foi des chrétiens
par une évangélisation des jeunes et des enfants. »
Au milieu de 5 000 hab., cultivateurs pour
la plupart, le P. Matthew Amoako Attah anime à Barekese la paroisse
Saint-Pierre, une communauté de 3 000
chrétiens.
Non loin d’une nouvelle maison
communautaire que la ville vient de construire, se terminent une nouvelle
église et un nouveau presbytère. Les familles ont toutes des membres dans
l’ensemble des autres Églises. Depuis 2 ans, au moment de la semaine de l’unité,
il prie avec des méthodistes. Mais n’arrive pas à une activité commune, même
pas caritative !
À 45 minutes du centre de Kumasi, Trede. Tous les
terrains y ont été vendus. Partout poussent maisons, écoles, églises, banques…
Des tonnes de ciment, fer à béton s’entassent à côté. Confiée aux spiritains en
1995, la paroisse du Sacré-Cœur regroupe 14 autres communautés, la plus
éloignée à 15 km. «
Autour de nous, explique le P. Francis Korsah,
une foule d’autres Églises. La plupart des pratiquants ici sont des
jeunes. Ils attendent du sensationnel. Quand je prêche, je n’annonce pas de
miracles pour que les problèmes s’arrangent tout seuls. Ce n’est jamais le cas
dans nos vies d’hommes. Avec catéchistes et formateurs, nous insistons sur un
engagement à la suite du Christ qui s’exprime en service des autres. »
illustrations :
1 à Kumasi, jeunes revendeurs de motos arrivées de Chine en kit et remontées sur place.
3 le P. Matthew Amoako Attah devant la nouvelle église de Barekese
4 Extraction d'huile de palme à Nyinahini
5 Séchage des fèves de cacao à Afepaye, un des villages de la paroisse du P. Joseph Biney Agyemang
6 Femmes en session de formation ) la paroisse du P. Francis Korsah
|
|
|