Dossier
Ghana - Spiritains et spiritaines
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Des filles… Leaders de demain
À Mpatapo, non loin de Berekum et de la Côte
d’Ivoire, les Sœurs spiritaines tiennent depuis 2002 une école primaire pour
filles. Et depuis septembre 2010,
une école secondaire réservée aux jeunes filles. Réussite d’un pari audacieux.
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En 2001, M
gr Owusu souhaite que les
spiritaines ouvrent une école pour filles. Parce que, dans cette région, les
filles sont négligées. Beaucoup sont enlevées pour devenir des servantes dans
la Côte d’Ivoire voisine. Seule l’éducation peut enrayer ce drame.
L’évêque meurt. L’administrateur
donne suite au projet… Car beaucoup de femmes aspirent à l’éducation. En 2002,
rencontre avec le diocèse. Le curé propose de placer l’école sur le terrain de
l’hôpital de Berekum. L’idée ne plaît pas. Le village voisin de Mpatapo est
choisi. Son chef donne son accord, les villageois, le terrain. L’école
accueillera leurs enfants. Elle ouvre, en septembre, avec 6 enfants de Mpatapo
et 12 de Berekum… L’église les abrite quand il pleut !
Alors que le matériel scolaire
est financé de l’extérieur, le paiement de la scolarité pose problème. Les plus
riches traînent à régler leur part. Les non-catholiques paient plus vite que
les catholiques qui préfèrent organiser des funérailles. «
Le diocèse nous a soutenu en finançant le bloc administratif », avoue Sr Loretta. Mais
les difficultés financières ont continué pendant la construction de nouvelles
classes. Il a fallu du temps pour changer la mentalité des parents ! Et leur faire admettre
que les filles font partie de la société. Petit à petit, l’école devient plus
attractive :
discipline, morale, habillement, etc. Les jeunes filles réalisent qu’elles
peuvent avoir accès à tous les métiers.
En 2004, 1
re remise de
diplômes pour les 2
e année du Kindergarten. Le GES (Ghana Education
Service) apprécie le travail. En 2010, le 1
er groupe d’enfants
termine son primaire. Les parents prennent part au fonctionnement de l’école : ils achètent 2 bus et
construisent la cantine. Le diocèse offre un minibus. «
Mais nos
frais de scolarité restent les plus bas de la région, affirme Sr Maria,
l’économe.
D’où des soucis pour
l’entretien des bus et l’achat de nouveaux ordinateurs. Mais nous voulons
maintenir des frais de scolarité que la plupart des villageois cultivateurs
puissent payer. Nous y parvenons parce que la plupart de nos enseignants n’ont
pas de formation supérieure. Avec l’ouverture du secondaire, il nous faudra du
personnel qualifié et donc payé plus cher. Nous aurons alors à augmenter les
frais de scolarité. »
Un jour, les Sœurs exposant à
l’évêque leurs problèmes financiers, s’entendent dire : «
Il va peut-être falloir fermer l’école ! » Elles décident de ne plus
le voir pour des questions d’argent !
Mais quel sera l’avenir de l’école ?
Toutes les écoles du pays proposent un programme religieux et moral. Et, le
vendredi, un temps de prière. «
Pour notre école, explique Sr Martina,
les décisions se prennent d’abord au niveau
du diocèse, puis de notre communauté religieuse et enfin de l’association des
parents et des éducateurs. Aujourd’hui, il arrive que des parents retirent
leurs enfants d’autres écoles pour les inscrire chez nous. Notre communauté
religieuse internationale, l’enseignement en anglais dans une école pour filles
font que les parents aiment notre école. Les enfants eux-mêmes en font la pub
auprès de leurs copains. Mgr Owusu a eu une grande
vision pour l’avenir des filles. »
Il est de notre responsabilité de
mettre tout en œuvre pour les rendre performantes. Le futur du Ghana en dépend.
Qui sont-elles ?
«
Venues de différents pays et cultures, nous
vivons et prions en communauté pour assurer ensemble notre mission. » Par l’école de Mpatapo.
Et d’autres services…
Sr Loretta Onuorah, directrice de
l’école, continue sa formation à l’université de Cape Coast. Elle accompagne
des jeunes de la paroisse. Sr Martina Omachona, 1
re assistante de
l’école et étudiante en éducation à l’université, dirige le Renouveau
charismatique. Sr Maria Aparecida Meireles Cardiais, gestionnaire de
l’école. Elle s’est formée au Portugal, a travaillé en milieu rural, a été
directrice d’école au Brésil. Elle initie les étudiants à la Bible à la Sunday
School, participe à la commission Justice et Paix des religieux. Sr Florence
Iwuanyanwu, responsable santé à l’école :
1
re assistance, soins, éducation à l’hygiène et à la propreté.
Active à l’association Catholic True Society. Sr Évelyne Mathilde Mballa,
assistante sociale, enseigne le français dans 2 écoles primaires catholiques.
Au service des vocations du diocèse et des spiritaines. Anime un groupe de
femmes de tous milieux autour de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Buts : solidarité avec les plus
pauvres, développement humain et spirituel, promotion féminine et soutien sans
faille à l’Église et à ses projets.
Sr Andrée Boutin, responsable de
la communauté :
animation de la communauté, accueil de tous, gestion, cuisine, relations… «
Nos différences d’origine et de cultures sont enrichissantes,
explique-t-elle, sourire aux lèvres, parce que vécues dans la simplicité et
animées par le même Esprit. Les gens nous voient liées à eux, ça leur fait du
bien. Nous formons ensemble les leaders du Ghana de demain. Pas le temps de
dormir. Dieu dépasse tous nos problèmes. Nous essayons d’ajouter nos efforts à
son action. »
Une hospitalité extraordinaire
Missionarin auf
Zeit (Maz), Barbara Palm, Allemande de 29 ans, enseigne les sciences sociales à
la Junior High School Ste-Bernadette de Kumasi. Immersion bénéfique.
Depuis mars 2009, je vis à Kumasi, la 2
e
ville du Ghana, dans la communauté spiritaine de la paroisse Corpus Christi. Je
participe aux offices, aux groupes de prière. Ici, il est normal et presque
naturel de croire. Parce qu’une vie sans Dieu n’est pas envisageable. Il est
inconcevable qu’une réunion commence sans la prière, qu’un repas ne soit pas
béni, que l’on ne prie pas avant un voyage ou que l’on ne pratique pas le
dimanche… Cette expérience me fait me rendre compte qu’il existe une autre
façon de célébrer la foi. Me laisser emporter par la liturgie vivante et
expressive me fait vivre intensément ma relation à Dieu.
Responsable de 4 classes de 40
élèves chacune, j’assure 20 heures
de cours du lundi au vendredi. Après la préparation des cours et la correction
des travaux des étudiants, j’ai le temps de prendre les repas et d’échanger
avec mes collègues. Je suis heureuse d’enseigner. Mais comment agir quand
manque le matériel pédagogique ?
Temps libres et vacances me
permettent de connaître le pays et de rencontrer des personnes. J’ai appris à
faire la cuisine et à manger avec elles. J’ai eu le bonheur de saisir un peu de
la culture du Ghana. Chaque région a son charme. Mais vous trouvez partout la
qualité humaine qui caractérise le Ghana :
l’hospitalité extraordinaire à l’égard de l’étranger.
Il m’est impossible de changer le
monde. Mais ma présence de Maz nous permet de nous enrichir mutuellement et
faire ensemble de petits pas vers un monde plus uni.