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Nous sommes là pour eux !
À Jacmel et à Montagne-Lavoute, 2 communautés de Sœurs spiritaines
continuent d’éduquer les enfants et de soigner les malades. Heureuses de
travailler pour les plus pauvres.
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Laly Nieto, Espagnole, est
responsable des spiritaines en Haïti. Myrtille Azemar, Haïtienne, assure la
catéchèse dans 7 classes de 45 élèves. Eno-Abasi Etim, Nigériane, travaille
auprès des enfants de la rue. Teresa Alfredo, Angolaise, auprès des Sœurs de
Mère Teresa dans la nutrition des enfants et des mamans. Elles logent dans une
maison louée à Jacmel.
Nous attendons de pouvoir
construire un centre polyvalent dans un quartier qui en manque, explique
Laly. Pour y ouvrir un pôle d’accueil pour jeunes avec bibliothèque, centre
nutritionnel pour enfants et mamans et bureau de micro-crédits comme à
Montagne-Lavoute, Meyer et Jacmel. Les femmes y empruntent plusieurs fois de
suite $ 600 haïtiens
1, les investissent dans le commerce de
détail et les vêtements d’enfants et les rendent 3 mois après.
Le terrain est acheté. Grâce aux
(promesses de) dons des OPM, le bâtiment de 17 x 18 m verra bientôt le jour.
Avec, quand les fonds suivront, notre petite habitation.
À Montagne-Lavoute, 4 spiritaines
habitent une petite maison que le tremblement de terre n’a que fissurée. Une
tente reste montée devant l’entrée. Les sœurs y ont couché durant les semaines
de répliques du séisme. Le village compte 12 000 hab., surtout
cultivateurs et jeunes en majorité. Il existe 1 dispensaire public avec centre
de vaccination et service prénatal sans hospitalisation. La paroisse compte 4
chapelles. Les gens pratiquent surtout aux grandes fêtes.
En Haïti depuis 6 ans, Alice
Bakadimina, Congolaise, dirige le pré-scolaire Espérance et ses 50 enfants. Nous
engageons 2 enseignantes, déclare-t-elle. Les parents paient une petite
scolarité. Les enfants apportent leur repas. Le 12 janvier a été terrible,
surtout la forte réplique de minuit. Des voisins sont venus dormir chez nous
pour que nous n’ayons pas peur. Nous sommes restées sous tentes jusqu’en
novembre. Le cyclone Tomas nous a fait rentrer dans la maison ! Ce qui m’a frappée, c’est
que des Haïtiens fortunés fuyaient leur pays alors que nous, venues de loin,
nous voulions rester avec les plus pauvres, sans moyens et sans protection et
que tous les détenus étaient sortis des prisons en ruine. Nous nous sommes
rendu compte aussi que personne ne nous avait dit que les tremblements de terre
font partie de l’histoire du pays.
Nous n’avons reçu aucun soutien de
l’État. Pour continuer l’école, il nous a fallu trouver des tentes auprès de
Caritas Saint-Domingue et des kits de matériels à l’Unicef. Nous avons
accueilli des enfants traumatisés. Nous les avons fait jouer pour qu’ils
expriment leurs peurs. J’ai mis du temps à retrouver mon courage. Mais j’ai
repris ma mission parce que l’éducation seule fait renaître un pays.
Marie-Louise Travailleur,
Martiniquaise, est en Haïti depuis 1977 : 15 ans au Cap Haïtien et à
Montagne-Lavoute depuis 1998. Responsable de communauté, elle suit des enfants
handicapés en relais avec le centre de Jacmel. Elle prépare 200 jeunes à la 1re
communion et à la confirmation. Aujourd’hui, déclare-t-elle, les plus pauvres
sont soulagés. Ils ont reçu de Caritas ciment, outils et tôles pour réparer
leurs maisons. Jusqu’à présent, à part l’aide étrangère, ils n’ont rien vu
venir. La mairie nous amène des visiteurs. Ils regardent, promettent et s’en
vont. Nous, c’est pour les plus pauvres que nous travaillons. Ils se rendent
compte que nous sommes là pour eux. Ce sont eux qui nous apportent
régulièrement fruits, légumes et œufs.
Pulcherie Lévine Doyamé est
arrivée de Centrafrique le 11 septembre
2010. C’est sa 1re mission.
L’étonnant après le séisme, c’est que les gens ont tout de suite continué à
vivre et à travailler. J’ai appris le créole avec Sr Myrtille. Facile à
comprendre. Plus difficile à parler. Je suis présente au pré- scolaire et aux
enfants handicapés avec Mme Nicole. J’accompagne aussi une fraternité de 12 à
15 chrétiens de la communauté de Brûlé. Je pars à 5h30 du matin, torche à la
main, pour un partage d’Évangile. J’apprends ainsi ce qui touche les gens, ce
qui fait leur foi. Et les gens voient que nous nous intéressons à eux.
Chardelle Kombila, Congolaise,
infirmière, dirige depuis octobre 2006 le dispensaire Notre-Dame-de-
Lourdes. Avec 3 agents, formés il y a quelques années sur le terrain par
Sr Agnès Simon-Perret, médecin, nous soignons 400 personnes par mois, tous
les jours de la semaine. Pas de choléra pour le moment, ajoute-t-elle.
Mais grippes, paludisme, infections urinaires, diabète, tension... S’y ajoutent
les blessures dues aux travaux des champs et d’autres accidents. Je fais les 1
ers
soins. Je couds les blessures après anesthésie. Les cas compliqués, je les
envoie en ville. Les difficultés de conservation dues au transport m’empêchent
de donner le vaccin antitétanique. Je fais le tour des pharmacies de
Port-au-Prince pour acheter les médicaments à un prix qui me permet à la fois
de les rendre abordables aux patients et de payer correctement mes agents
soignants. Je n’ai pas de donateurs. Dès qu’il me manque des médicaments, je
suis perturbée en pensant aux personnes qui en auraient besoin.
Le 12 janvier 2010, suite à une
fracture, j’avais un bras bandé mis dans une écharpe. Les blessés sont arrivés.
Certains avaient perdu beaucoup de sang. Inoubliable de devoir soigner quand
tout bouge. Je n’aurais jamais pu abandonner les gens dans de telles conditions
et les regarder de loin à la télé. Et je me suis dit que si quelque chose de
grave devait arriver, j’étais prête à mourir avec eux. Dans l’ensemble, nos
soins se passent bien. Je suis heureuse d’être ici, ça vaut la peine de
témoigner de l’amour du Christ à notre tour, en actes et pas seulement en
paroles. C’est pour ça que je suis restée.
1 600 H $ = 3 000 GHT = 52,86 €