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Voici revenu le temps des martyrs


On pensait que le martyre appartenait au temps des 1ers chrétiens, mais la nouvelle du massacre de Kongolo annonça leur retour en grand nombre et une nouvelle fécondité



Étrennes sanglantes

À Kongolo, les missionnaires spiritains ont offert leur vie pour la mission à laquelle ils s’étaient consacrés. Dans les moments difficiles, ils ont choisi, ensemble, de rester avec la population qui les avait accueillis. On croyait que le martyre faisait partie du passé, mais le massacre de Kongolo en annonçait d’autres: entre1962 et1965, lors de la guerre et des rébellions qui éclatent en différents endroits du Congo, 217 missionnaires seront tués. Encore aujourd’hui, le martyre reste d’actualité: chaque année en divers pays du monde ils sont une vingtaine, presque autant que de journalistes tués au service de l’information!

Espérance

Lors du service solennel célébré en la collégiale des Saints-Michel-et-Gudule, le 25janvier 1962, le cardinal Suenens disait: «Ce n’est pas sans raison, chers membres de la congrégation du Saint-Esprit, que la patronne de votre collège de Gentinnes est Notre-Dame d’Espérance, et que votre maison porte au fronton la devise Spe Gaudentes. Votre souffrance, en effet, porte en elle de grandes espérances pour ce Congo que vos confrères ont tant aimé. Nous savons que c’est en mourant en terre que le grain de blé prépare les moissons de demain.»

La moisson s’est fait attendre

Tous les séminaristes présents au massacre ont quitté le séminaire. En Belgique, cet holocauste n’a attiré aucun candidat spiritain. Parmi les confrères belges, plusieurs ont demandé alors à partir au Congo, pour «boucher les trous»: un geste généreux et magnifique, mais qui a dégarni l’arrière. Et les habitants de Kongolo ont connu d’autres souffrances suite à la guerre de 1998.

Les fruits du grain tombé en terre

Nos martyrs n’ont pas fait beaucoup de bruit. Une fois passé le moment de forte émotion, ils n’ont guère défrayé la chronique, comme le grain de blé tombé en terre. Pourtant les fruits sont là aujourd’hui, nombreux et différents de ce que nous pensions ou attendions.

Une fondation spiritaine est née au Congo, qui compte déjà plus de quarante missionnaires en activité et une bonne trentaine de jeunes en formation. Dans le diocèse de Kongolo, un clergé africain solide (dont sont issus six évêques), des religieuses, quelques missionnaires et de nombreux laïcs donnent à l’Église africaine sa vitalité et sa profondeur. À Gentinnes, en Belgique, le Mémorial inspire les nombreux retraitants et visiteurs qui y passent. Les jeunes retiennent de la statue du missionnaire le geste des mains ouvertes, semblable à celui de la statue de Notre-Dame d’Espérance. Marie ouvre les mains pour offrir Jésus. Le missionnaire ouvre les mains comme Jésus pour donner et recevoir, bénir et accueillir, réconcilier et rassurer.

Les nouveaux martyrs

Jean-Paul II, lors du jubilé de l’an 2000, a évoqué plusieurs fois le témoignage «fondateur» des martyrs. Dans le catalogue des martyrs du XXe siècle publié à Rome, ont été recensés 12000 «nouveaux martyrs». Parmi eux sont inscrits les noms des missionnaires de Kongolo. «Nouveaux» parce que récents, mais aussi parce qu’ils donnent une autre forme de témoignage. Les nouveaux martyrs sont morts, pour la plupart, victimes des persécutions nazie et communiste, des guerres de décolonisation, des génocides, des épidémies, des dictatures. Au nom du Christ, ils ont voulu montrer que le pardon et l’amour étaient plus forts que la haine et la mort.

L’agence romaine Fides dessine ainsi le portrait du «nouveau martyr»: «Le martyr est un chrétien au milieu d’autres chrétiens, désarmé, victime de systèmes gigantesques qui le dépassent. Il y a des signes de nouveauté qu’il faut recueillir, même si l’on ne remet pas en question la terminologie classique du martyre. […]. Le message des nouveaux martyrs est la traduction des béatitudes en termes contemporains et efficaces. […]. Il est urgent que l’Église d’Afrique ne laisse pas se perdre la mémoire de ses martyrs, pour être en mesure d’écrire son histoire et de témoigner de l’Évangile aux futures générations de croyants. En cela, elle est favorisée par sa propre culture, qui rappelle et vénère ses ancêtres.»

D’après le P. Joseph Burgraff

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