Les Martyrs de Kongolo. Dignes représentants de la Congrégation Le 26 mai 2012, veille de la Pentecôte, devant 450 pèlerins réunis à Gentinnes en Belgique, le P. Roland Rivard, du conseil général de la congrégation du Saint-Esprit, a évoqué la motivation des vingt missionnaires peu avant leur mort.

Qu’est-ce qui a conduit les missionnaires de Kongolo – alors qu’ils vivaient eux aussi la peur – à prendre la décision de rester dans un endroit en proie à la guerre?
2 Ils ne se considéraient pas comme des êtres d’exception. « Les missionnaires ne sont ni des héros, ni des aventuriers, mais des hommes tout ordinaires chargés du travail le plus beau qui soit, mais aussi peut-être, le plus exigeant qui soit », écrit l’un d’eux, le P. Jean-Marie Godefroid.
Ils ont vu les combats s’approcher et les souffrances du peuple s’accroître, ils ont vécu l’espérance dans la foi.
« À Kongolo, la population a faim et peur car nous touchons à la région rebelle. C’est vraiment l’esprit de l’Avent : se sentir pauvres et démunis, ne mettre son espoir que dans le Seigneur, car seul Jésus sauve vraiment. La semaine prochaine, nous commençons les examens ; plus exactement ce sera aux séminaristes de le faire. Quant aux grands examens à passer devant Notre Seigneur, nous ne savons si c’est pour bientôt ou non. Nous vivons dans un climat d’Avent. Que le Prince de la Paix vienne bien vite changer le cœur des hommes ! » (P. Godefroid, lettre du 29 novembre 1961.)
« Demain, un avion vient chercher les derniers Européens. Il ne restera plus que les missionnaires. Nous restons à la mission, en attendant de voir ce qui arrivera, nous confiant à Notre Seigneur et à Notre-Dame. » (P. Désiré Pellens, lettre du 9 décembre 1961.)
Nous nous sommes engagés dans la Congrégation, pour être au service des gens, les plus pauvres et abandonnés. Les vingt confrères n’étaient pas partis au Congo pour y être tués et ne désiraient pas l’être, mais souhaitaient donner leur vie d’une autre façon, en annonçant l’Évangile aux Congolais, en les aidant à découvrir leur dignité et à devenir peu à peu les artisans de leur propre développement. Les circonstances les amenèrent à prendre la décision de rester auprès de la population. Le témoignage de Sr Céline Kyambi est éloquent : « Le 30 décembre 1961, nous avons vu venir le P. Gaston Crauwels qui nous dit en pleurant : “Mes sœurs […] comment pouvons-nous partir – comme vous le souhaitez – et abandonner les chrétiens ? Non ! Nous avons pris la décision de rester afin de leur témoigner notre amour.” »
Les membres de la congrégation du Saint-Esprit ont tous fait profession de donner leur vie à leurs frères et sœurs qu’ils servent, à la suite de Jésus-Christ, en s’appuyant continuellement sur la force de son Esprit. Ils ne sont pas tous appelés à le faire de la même façon ; il y a une multitude de services à rendre pour donner le témoignage de l’amour de Dieu. Certains au risque de leur vie ; d’autres, dans la fidélité du service de chaque jour. Nous leur rendons hommage et remercions sincèrement tous ceux qui soutiennent solidairement leurs actions et leur travail pour plus de justice et de paix dans le respect de la création.