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L’éducation et la santé pour bâtir la paix
En 2007, les spiritains ouvrent un centre de formation pour postulants
et novices à Pindugangan, à 20 minutes d’Iligan. Le P. Henri Medjo en présente
l’évolution et les objectifs.
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À 30 km de la ville islamique de Marawi, Iligan
City est à majorité chrétienne. Pindugangan, un de ses
sitios (quartiers), regroupe 3 000
hab. (dont plus de 50 %
de moins de 20 ans) sur un espace semi montagneux et sans route correcte.
Notre centre se situe sur un 1,5 ha. dont 1/3 est
cultivable. Avec Vincent Martineau puis Mathieu Boulanger, volontaires de la
DCC, nous avons ouvert une ferme de démonstration. But : aider les paysans à vivre par une
agriculture respectueuse de l’environnement. Leonardo et Eddie travaillent tous
les jours sur la ferme qui produit légumes, arachides, maïs, œufs et poulets.
Par vente directe, nous démontrons que des paysans peuvent vivre de leur
travail même sur une petite surface. Notre gestion rigoureuse a permis de payer
les charges et les 2 salaires de 150 pesos/jour (2,58 €), plus que le salaire moyen. La production
de miel et de canards augmentera les bénéfices.
Nous proposons aux étudiants
diplômés de venir travailler sur la ferme durant les vacances pour 3 500 pesos chacun. Nous
allons construire une maison où les étudiants originaires des montagnes
pourront vivre et étudier en communauté de 6. Avec règlement, budget, entretien
de la maison et du jardin. Une expérience utile à de futurs professionnels.

En mars 2010, nous avons mis en place un microcrédit.
Des prêts de 500 à 10 000
pesos à 5 % permettent
aux étudiants de régler leurs frais d’entrée à l’université et de diplômes. Les
1ers des 8 bénéficiaires commencent à rembourser.
Nous accueillons aussi 8
étudiants en médecine (musulmans et chrétiens) en contrat d’un an avec
l’université. Ils nous accompagnent auprès des communautés les plus pauvres.
Nous reprenons ensemble leurs questions et leurs découvertes humaines.
L’ONG Enfants du Mékong (EDM)
soutient la scolarisation des enfants les plus pauvres dans 7 pays d’Asie du
Sud-Est. Le plus souvent par le don mensuel de 24 €
d’un bienfaiteur et un échange de lettres. Mais EDM répond aussi à des demandes
de projet de développement (santé, formation, éducation) porté par la
population locale. Avec le soutien d’EDM, nous assurons un parrainage de 40
enfants et de leurs familles de l’école de Mebolo. Et un programme de nutrition
scolaire à 80 enfants malnutris à Mebala.
En 2002, une école pour enfants
sourds a été créée par un couple. Nous les avons accompagnés. Mais le mari est
décédé, et la terrible inondation de 2007 a failli tout bloquer. Grâce à de
nouveaux partenaires, nous avons pu relancer l’école sur des bases solides avec
la collaboration, une fois encore, d’EDM et de Life Project 4 Youth.
Nous construisons, sur notre
terrain, une clinique et une école maternelle pour 60 enfants avec 2 salles de
classe de 42 m²

chacune, séparées par un panneau amovible et toilettes attenantes. La clinique
sera équipée d’une salle d’attente de 12 m²
et d’une salle de consultation (15 m²)
et les toilettes attenantes. S’y ajoutent 1 magasin pour riz et produits de 1re
nécessité (12 m²) et 1
rangement pour épicerie et matériel scolaire (2 m²).
La cuisine d’appoint sera installée à l’extérieur sur une base cimentée.
Les hommes du village sont
invités à participer à la construction. Les frais de l’école et de la clinique
(fonctionnement, électricité, maintenance et personnel) seront pris en charge
par les spiritains, avec des aides extérieures.
Les Sœurs spiritaines, qui vont
arriver au début de 2012, travailleront avec nous à la clinique, à l’école, à
l’animation rurale et avec les sourds-muets. Notre action commune dans la
vallée pourra se développer. Pour le moment, travaillent ici avec de bons
résultats une maîtresse philippine, une infirmière et les 8 étudiants en
médecine. Un réseau de volontaires locaux se met en place. Les spiritaines
commenceront à travailler après 6 mois d’apprentissage de la langue.
La ferme, l’apiculture, l’école
et la clinique amélioreront les conditions de vie des gens par une éducation
des enfants, des soins de qualité et une formation adaptée aux parents. Notre
engagement spiritain veut former les jeunes à porter un regard attentif sur ce
qui se passe autour de soi, à savoir lire les attentes et les espoirs des gens
et à leur apporter une réponse.
Les volontaires français de la
DCC qui partagent notre mission et notre vie et qui donnent un témoignage
concret au sein de la population méritent un grand merci. Leur travail marque
les gens.
Nous voulons créer, avec la force
de l’Esprit, une dynamique qui transforme les conditions de vie en respectant
la dignité des gens. Étonnant de voir comment les gens s’en rendent compte. Dès
qu’il y a quelque chose à faire, on les entend se dire : «
Call the Spiritans. » Sans nous vanter de ce
que nous réalisons, le bouche à oreille fonctionne bien. C’est ce qui attire
les jeunes vers nous. Des groupes de plus en plus nombreux nous rendent visite.
Notre revue
Apoy (
Flamme) est bien accueillie. Nous sommes
reconnus dans le monde de l’enseignement. Autant de signes pleins de promesses.
Il n’y a pas que la corruption qui paralyse. Il n’y a pas que la classe riche
qui écrase les pauvres.

Il existe aux Philippines des
professionnels, ingénieurs, médecins, hommes et femmes d’affaires qui
travaillent à la base pour aider les plus pauvres.
Antonio Meloto, fondateur de
l’ONG philippine Gawad Kalinga, construit des communautés pour lutter contre la
pauvreté. Plus de 2 000
villages ont été créés avec 150 000
maisons. Pour restaurer la dignité humaine et la fierté philippine, ces gens
construisent le pays sur des valeurs qui respectent et servent l’homme. C’est
dans ce dynamisme que nous, spiritains, devons et voulons travailler. Nous
sommes sûrs que les Sœurs spiritaines vont vite y prendre leur part.