Aux côtés des jeunes et proche des malades
Depuis 2008, les spiritains ont ouvert à Cebu un centre catholique des
étudiants. Pour le faire tourner, le P. Martin Okafor-Ilozue, le responsable, a
su s’entourer de partenaires. Et rester disponible à tous. Surtout aux malades.
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À notre arrivée, le 12 novembre 2010, le P. Martin
nous emmène bénir la maison d’un couple d’amis. Nous traversons la ville de
Cebu encombrée de voitures, de side-cars relookés et de motos, tous surchargés
de gens et de bagages. Le contraste est fort entre les avenues des quartiers
riches – avec centre commercial de plusieurs étages et restaurants – et les
ruelles défoncées des
slums où
s’imbriquent habitations et usines. Des milliers d’employés, souvent mal payés,
y assemblent de l’électronique.
Nympha et Vito Aballo n’ont pas eu
d’enfants. Ils en ont adopté plusieurs. Dans la maison nouvellement réaménagée,
un coin prière avec statues et fontaine entourée de plantes. «
En octobre a lieu le marathon du “Je vous salue”, explique Nympha.
En 12 heures non-stop, nous nous relayons pour en
réciter 2 000. La foi aide beaucoup les 60 personnes qui
prient avec nous ! »
Après une prière en bisaya,
Martin bénit la maison, de la cuisine à la salle de bain. Un photographe suit.

Voisins et employés nous rejoignent et prient à haute voix. Suit un repas : riz, nouilles sautées,
poisson et bœuf grillés, beignets, fruits et boissons sucrées. Les gens nous
saluent en portant notre main sur leur front, signe du respect dû au prêtre. «
Et espoir de bénédictions »,
ajoute Martin.
Le 13 juillet 2008, les spiritains ont ouvert le
Spiritan Catholic Fondation Center. Avec bureau, bibliothèque, internet et
salle de réunion, ce centre, hébergé gratuitement par la municipalité,
accueille les étudiants des zones les plus pauvres de la ville et qui vivent
loin de leur famille. Il propose une formation spirituelle aux universitaires,
la messe et d’autres activités religieuses à différents groupes. Avec un projet
de microfinances. Chacun, après évaluation avec l’équipe du centre, peut
emprunter de quoi démarrer un job. Il sera suivi par le centre. Plus de 20
personnes en ont bénéficié.
«
Le 9 octobre 2009, le jour où
nous devions inaugurer ce centre, explique Martin, tout le quartier a brûlé.
Nous avons dû nourrir et loger plus de 300 personnes qui avaient tout perdu. » Le 1
er juillet 2010, le centre
change d’adresse et se divise en centre de la jeunesse catholique
François-Poullart-des-Places et Commission Justice et Paix François-Libermann.
Parrainages pour scolariser 27
enfants et formation en informatique avec 20 ordinateurs dans le 1
er
centre. Programme d’appui à entreprendre à plus de 90 résidants qui ont tout
perdu dans l’incendie de 2009 et formation des femmes dans le second. Avec,
pour les 2, des aides venues de l’extérieur.
Martin est l’aumônier du Mactan
Doctor’s Hospital à Lapulapu, un service de 160 lits.
Il salue tout le personnel, du
médecin qui court, stéthoscope au cou, à l’aide-soignante en blouse rose et au
conducteur de l’ambulance. «
Il m’arrive de le remplacer au volant de son
véhicule, en cas d’urgence »,
assure Martin. Il nous fait visiter les services, nous présente chacun par son
nom. Tous veulent se faire photographier avec lui. Il s’arrête pour saluer,
main sur l’épaule, les malades qui lui demandent de prier pour eux. Le
responsable d’une grande salle remplie d’ordinateurs et de blocs d’analyses
nous explique que la statue de la Vierge qui regarde tout le personnel «
exprime la grande dévotion de tous à Celle qui bénit la vie et le
travail de chacun ». Sur le mur, un
organigramme : sur 14
responsables de services, 11 femmes. Martin nous les présente toutes en
insistant sur la qualité de leur présence. Mais aussi sur leur sens des
responsabilités et du service des autres. Banque de sang, immunologie, service
ORL. Tout le personnel nous salue en portant la main sur le front. Comme Martin
quand il bénit les malades. En réanimation, prière avec les parents d’une
enfant tombée dans un puits. Un couple hispano-philippin et un autre,
autralo-philippin, viennent lui présenter leur 2
e enfant. Prière
encore ! Dans
l’ascenseur, les étages sont indiqués en braille. Au 3
e étage, une
chapelle dédiée à saint Joseph avec fleurs et cierges allumés. Les gens
viennent y prier même en dehors des messes des dimanches et des 1
ers
vendredis du mois.
Compassion à Iligan
Université, prison, hôpital. Autant de lieux d’écoute des personnes.
Des spiritains y assurent divers ministères de compassion.
À l’université
L’Iligan Institute of Technology
de la Mindanao State University compte 11 000
étudiants venant de toute l’île. Le P. Illah Leo Agbene visite les étudiants

qui logent hors du campus. Avec les Sœurs de la Compagnie-de-Marie, il anime un
groupe de 20 étudiants qui relaient son travail auprès des universitaires
intéressés.
Leur slogan «
Play, pray, learn »
résume ce qu’ils organisent (réflexions sur problèmes de société, sur le
suicide, temps spirituels, jeux, activités sportives, sorties) pour des groupes
qui souvent dépassent les 200.
À la prison
Plus de 300 personnes (25 femmes
et 285 hommes dont 9 mineurs) sont détenues sur 200 m2. Les musulmans sont à part. Les hommes,
torse nu et coulant de sueur sous des brasseurs d’air, s’entassent de 18 à 25
par cellule de 12 m
2.
Le P. Benjamin Mkeri, l’aumônier, nous fait visiter toutes les cellules. Tous
les détenus tiennent à nous serrer la main en nous remerciant de les visiter.
Une maman vient chercher son fils libé‑
ré après un an de détention. Une image du Sacré-Cœur dans sa main, elle dit : «
Je L’ai
prié tous les jours pour mon fils. Aujourd’hui Il me le rend. »
Au Mercy Hospital
Tenu par des religieuses,
l’hôpital reçoit musulmans et catholiques en chambres séparées. Le P. Dominique
Bodinier célèbre la messe pour les Sœurs et leurs auxiliaires. Il visite les
malades catholiques qui l’attendent et prie avec eux et leur famille. Gestes
très appréciés.
À la paroisse chinoise de la
Résurrection-du-Christ
«
L’évêque nous a confié cette communauté,
explique le P. Benjamin Mkeri, curé, car elle exige une grande attention à la
différence culturelle. Nombre de ces chrétiens viennent du bouddhisme et
s’éveillent à la foi. »
Dimanche 21 novembre, lors de la messe
en anglais, une dame traduit l’homélie à de jeunes sourds-muets. Ils lui
répondent en gestes synchronisés. Au dos de la feuille de chants des fidèles,
cette note : «
Si vous êtes effrayé ou dérouté, malade ou affligé, stressé, seul, si
vous avez été attaqué ou mis en danger, si vous êtes déçus et malheureux, si
vous avez peur de voyager, si vous êtes en recherche de Dieu, si vous avez
perdu confiance en Lui… Lisez la Parole qui vous apporte consolation et
confiance. » Suivent des références de la Bible. Et
l’extrait de Rom 8,28 : « Parce que
tout est grâce pour ceux qui aiment Dieu. »