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Spiritains en Suisse  
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Le Bouveret. TĂ©moignages et engagements

 

De retour après plusieurs années en mission dans le monde, les aînés souhaitent garder ce qui était positif sur leurs chemins, malgré les hauts et les bas. C’est avec joie qu’ils partagent leurs expériences.


 

« J’ai Ă©tĂ© marquĂ© par la simplicitĂ© des habitants qui manifestaient toujours leur joie de vivre. Ils m’ont accueilli et m’ont tellement aimĂ© que je me suis senti chez moi. Le lien entre nous est devenu si fort qu’au moment de mon dĂ©part, ils se sont mis Ă  pleurer », tĂ©moigne le P. Emmanuel Barras, 88 ans, ancien missionnaire en GuinĂ©e-Conakry.

« J’ai été agréablement étonné de voir la réaction des gens qui nous admiraient lorsqu’on remplaçait des confrères décédés ou partis ailleurs. Les habitants pensaient que notre congrégation était comme une fourmilière inépuisable et disaient : “Même quand il y en a quelques-uns qui meurent et que l’on pense que c’est fini, il y en a encore” », explique le P. André Mettan, 93 ans, ancien de Guinée-Conakry et du Sénégal.

De son côté, le P. Louis Crettol, 73 ans, ancien missionnaire en République centrafricaine, se dit « surpris par la bonté des gens, par leur patience et par leur amour ».

Quant au Fr. Raymond Gabaglio, 80 ans, monteur en sanitaires, chauffagiste et menuisier, il est devenu religieux suite à une conférence missionnaire où l’on parlait du départ de coopérants pour travailler dans la construction. Le voilà tout d’abord au Gabon où il met en place une scierie, fabrique des bancs d’école et fait un montage sanitaire dans une école des Frères de Saint-Gabriel. De retour en Suisse (dans les années 1960), il participe à l’installation du chauffage et des sanitaires du nouveau bâtiment de l’école du Bouveret. Il repart ensuite à Madagascar, à la Réunion et aux Seychelles. De retour, il est aujourd’hui au service des anciens du Bouveret pour les accompagner dans leurs sorties ou les conduire chez le médecin. Il savoure un temps enfin consacré à la lecture, à la prière et au repos. Pour lui, « les Frères ne sont pas que des ouvriers bon marché. Ils ne sont pas non plus en bois. Ce sont des êtres de chair et il ne faut pas oublier qu’ils sont d’abord religieux, sinon ils risquent de tomber très bas ». Et il ajoute : « Moi, en tant que Frère spiritain, j’étais heureux dans la construction avec les ouvriers et j’estime avoir réussi ma vie. »

Le P. Philippe Buttet (78 ans) : ancien missionnaire en Guinée-Conakry et au Cameroun. Après avoir pris le temps de former des laïcs pour qu’ils puissent partager la Parole de Dieu et prendre la responsabilité de leurs propres communautés, il est revenu en Suisse où il a formé des jeunes et assuré l’animation missionnaire. Il a ensuite répondu à la demande de l’évêque d’Annecy pour s’occuper de la paroisse Saint-Gingolph (30 000 habitants et 14 clochers). « Mon expérience en Afrique m’a permis d’avoir une ouverture d’esprit. Là-bas, j’ai appris à m’asseoir et à écouter », affirme le P. Buttet.

La communauté du Bouveret tourne sous le regard bienveillant du P. Jean-Louis Rey, 69 ans, supérieur des aînés et ancien du Gabon où il a travaillé en paroisses et animé des émissions de radio. « Nous faisons tout pour que Jésus-Christ soit reconnu comme celui qui peut changer la vie des gens et les aider à passer de la peur à la confiance, de la haine à l’amour. Par la radio, nous avions pour objectif de donner l’occasion aux chrétiens de partager ce qu’ils vivaient et de se motiver mutuellement pour mieux servir et agir ensemble », souligne le P. Jean-Louis Rey.

 

La villa Notre-Dame, Ă  Montana

 

C’était un sanatorium, mais les nécessités du temps en ont fait aussi un grand séminaire. De nombreux spiritains y ont profité des vertus thérapeutiques du soleil et de l’air pur des montagnes pour se soigner tandis que d’autres y ont fait de la théologie. La fin de la dernière guerre ayant connu de grands progrès dans le domaine de la médecine, la virulence de la tuberculose diminue et la manière de la soigner évolue. Restaurée en 1996 pour mieux répondre au besoin du temps, au désir de repos et au ressourcement spirituel de ses hôtes, la Villa Notre-Dame est devenue, pendant plusieurs années, une maison d’accueil ouverte à tous. Elle est aujourd’hui en cour de fermeture.

Nous y avons rencontré le P. Claude Étienne, 70 ans, ancien provincial. Chargé de compléter la transition pour la fermeture de la maison, il est en même temps aumônier de 35 Sœurs de Saint-Maurice à La Pelouse-sur-Bex, qui étaient parties à Madagascar dans les années cinquante, au service de la mission spiritaine.

 


Frères sans frontières

 

Une association fondée en Suisse en 1959 par le P. Aebi (spiritain suisse) avec 2 laïcs valaisans dont M. Guy Ballet (aujourd’hui 80 ans), pour des jeunes qui voulaient partir en missions lointaines. M. Guy Ballet est ami des spiritains et originaire de Champlan-sur-Grimizuat, en Valais. Suite à un appel de son frère, Félix Ballet, prêtre spiritain affecté à Madagascar, il se rend sur place – au côté de sa femme Jeanine – et obtient une belle expérience missionnaire (1952-1957). Il y construit un bâtiment pour les Sœurs, agrandit l’église de Mampikony et forme des menuisiers. À son retour en Suisse, il met en place l’association avec le P. Aebi. Ils forment des missionnaires laïcs et leur fournir toute information au sujet de la mission.

L’association commence alors par envoyer des infirmiers, des instituteurs ou des constructeurs à Madagascar en fonction des besoins sur place. Après, elle s’est ouverte à d’autres pays comme le Cameroun, le Gabon, la Guinée-Conakry, le Sénégal et le Togo. Les jeunes envoyés – estimés à un millier depuis la fondation – pouvaient y travailler jusqu’à 3 ans. Au retour, leurs témoignages étaient sans appel : « Nous avons reçu plus que ce que nous avons donné », disaient-ils.

À partir de 1985, ajoutent Guy et Jeanine : « Nous sommes allés au Tchad en apportant des ordinateurs pour former des jeunes à l’informatique. » L’association a permis une ouverture pour beaucoup de citoyens suisses et a créé des liens avec les gens qui les recevaient dans les pays respectifs.

 


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