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économie d’abord
Travail d’abord, famille ensuite, politique enfin. La formule d’un
Français qui vit à Taïwan depuis 10 ans traduit-elle la réalité de ce que
vivent 23 millions de Taïwanais ?
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Taïwan (394 km x 144 et 36 000 km
2) est à 150 km de la Chine
continentale. Montagnes escarpées (le Mt Yu Shan, 3 952 m)
couvertes de végétation tropicale et subtropicale, Taïwan est régulièrement
soumise à des tremblements de terre et à des typhons. En 2010, l’île comptait
23 145 000 hab. (637 hab. au km
2) : 98 % de Chinois Han et 2 % d’Aborigènes arrivés du sud-est de la Chine
vers 4000 av. J.-C.
Leurs cultures se développent
jusqu’à l’arrivée des Européens au début du XVIIe siècle.
Taïwan déclare son indépendance en 1895. Elle ne résiste que quelques mois au
Japon dont elle subira 50 ans d’assimilation coloniale. Le 25 octobre 1945, les troupes
japonaises se rendent à l’armée américaine. Les troupes chinoises de Chiang
Kai-chek arrivent à Taïwan en 1945. La République de Chine gouverne l’île. Le
28 février 1947, des
émeutes provoquent la mort de 30 000
Taïwanais. La loi martiale est proclamée. Après sa défaite face aux
communistes, Chiang Kai-chek se replie à Taïwan avec près de 2 millions de continentaux
fuyant les communistes. Taïwan vivra plusieurs décennies sous la dictature du
Kuomintang visant la reconquête de la Chine continentale.
En 1971, Taïwan perd son siège à
l’ONU au profit de la République populaire de Chine. À la mort de Chiang
Kai-chek, son fils, Chiang Ching-kuo, commence l’ouverture démocratique de
l’île. Il meurt avant la fin des réformes entreprises. Lee Teng-hui continue sa
politique. En 1996, il gagne la 1
re élection présidentielle au
suffrage universel direct. Taïwan fonctionne quasiment comme un pays
indépendant. Mais la Chine lui refuse ce droit et l’isole sur la scène
internationale.
1992. Consensus entre Taïwan et
la Chine : une seule
Chine, dont l’explication varie selon qu’on est de Pékin ou de Taipei.
1999. Le président de Taïwan, Lee
Teng-hui, déclare qu’il y a 2 pays. En 2000, Chen Sui-bien, son successeur,
maintient qu’il y a un pays de chaque côté du détroit de Taïwan. Le nouveau
président, Ma Ying-jiou, ne veut pas déclarer l’indépendance. Il promeut un
accroissement des liens avec la Chine tout en maintenant le statu quo. La
France ne reconnaît pas l’indépendance de Taïwan pour pouvoir maintenir des
relations diplomatiques et vendre (avions, centrales nucléaires, etc.) à la
Chine, sans pour autant se priver de vendre frégates et Mirage à Taïwan… C’est
ce que font la plupart des pays du monde, sauf 21 alliés de Taïwan, dont le
Vatican.
Le statut revendiqué de
République de Chine a imposé le mandarin comme langue officielle (avec des

différences par rapport à celui pratiqué sur le continent), aux dépens du
taïwanais, langue du groupe minnan venu de la province de Fou-Kien (Fujian) qui
a refoulé l’ancien peuplement aborigène vers les hautes terres au centre de
l’île.
Politiquement, Taïwan devient une
démocratie. Les élections sont plus transparentes. Même si certains districts
restent aux mains de politiciens véreux, la lutte contre corruption et achat
des votes continue. Le pays poursuit une croissance économique relativement
forte malgré les crises mondiales.
Taïwan est le 1er investisseur en
Chine continentale. Les entreprises taïwanaises s’y sont beaucoup développées
tout en gardant à Taïwan les avancées technologiques les plus récentes. Autre
facteur d’équilibre :
le dollar taïwanais, stable par rapport au dollar et à l’euro, sécurise les
entreprises.

Travail d’abord, famille ensuite,
politique enfin. Socialement, les gens se focalisent davantage sur l’économie
que sur l’engagement politique ou social. Le pays a mis en place un système de
sécurité sociale :
maladie, logement, populations défavorisées, aide aux personnes âgées… Mais le
niveau d’aide reste assez bas. Chacun met de côté de quoi faire face : difficultés, retraites
des parents, études des enfants.
En 2004, à Taipei, une famille
dépensait 27 % de son
avoir pour le logement, 20,5 %
pour l’alimentation et 13,8 %
pour l’éducation et les loisirs. La taille des familles diminue. Coût de
l’éducation et travail des 2 parents font que le taux de natalité est inférieur
au seuil de renouvellement des générations.