L’île aux 33 000
lieux de culte
Taïwan compte 33 000 lieux de culte
enregistrés auprès du ministère de l’Intérieur. Qui sont les priants qui les
fréquentent ? Comment arrivent-ils à coexister ?
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les Taïwanais se déclarent taoïstes, bouddhistes et de religion populaire.
Quelque 4,5 millions
de Taïwanais (33 %)
visitent 20 000
temples taoïstes. 5 millions
d’autres (35 %) prient
dans 4 000 temples
bouddhistes. La religion Yï-guán-dáo (fondée vers 1960 et unifiant les grandes
religions) rassemble 3,2 %
de croyants dans 3 200
lieux de culte. Les protestants (2,6 %,
pour 65 dénominations !)
ont 3 600 lieux de
culte. Les catholiques (1,3 %),
1 150 églises. Les
Aborigènes sont presque exclusivement protestants ou catholiques. Les musulmans
locaux seraient 53 000.
Les musulmans venus d’Indonésie, 88 000,
avec 6 mosquées.
Mis à part catholiques,
protestants, bouddhistes exclusifs Mahayana et Yï-guán-dáo, les gens (à 93 %) pratiquent une forme de
taoïsme populaire lié aux événements de la vie (naissance, mariage,
maladie/malheur, construction d’une maison, deuil).
Dans la campagne, certains
villages s’organisent autour du temple taoïste, relais indispensable pour la
politique locale. Leur dévotion honore la déesse Mazu, à l’origine protectrice
des marins et par extension de tous les Taïwanais dont les ancêtres ont, entre 1600 et 1900, traversé la mer pour
s’établir à Taïwan.
L’élite lettrée considère le
confucianisme comme une religion et, pour la majorité, une morale sociale. Ce
que la tradition appelle le culte des ancêtres se vit dans toute la société.
Les ancêtres défunts (jusqu’à 17 ou 18 générations) ont un petit sanctuaire à
leur mémoire dans la plupart des maisons, à côté du Bouddha ou du Sacré-Cœur.
On leur offre nourriture et encens en leur parlant respectueusement.
Les relations entre religions
sont bonnes, le prosélytisme discret, sauf chez certains protestants ou
mormons. Il peut arriver que, dans un temple taoïste, la Vierge Marie et
l’ex-président Chiang Kai-chek entourent une divinité. Le principe de base
étant : «
Si ça marche, on garde. »
Pour les affaires sociales, chacun suit ses programmes. Mais les religions
collaborent parfois, surtout en cas de tremblement de terre ou de typhon.

À l’entrée du temple, des
pyramides de lampes présentent les intentions de prière placées aux yeux de la
divinité : un défunt,
un examen à passer, un remerciement, un enfant… Il faut payer pour allumer sa
lampe. L’encens symbolise la vénération, le respect du fidèle en face du dieu –
ou du défunt lors des obsèques ou des rites pour les ancêtres. Le priant tient
le bâton d’encens à mains jointes devant sa poitrine et, tendu vers l’avant,
fait 1 ou 3 courbettes. Planté ensuite dans une urne, le bâton d’encens
continue de prier après le départ du priant. La cendre d’encens accumulée dans
l’urne ou sur un trépied dans les temples représente la communauté des fidèles.
Les gens entrent dans un temple peuplé de multiples divinités qui ont chacune
leur pouvoir. Ils les saluent, même si ce jour-là ils n’ont pas affaire à eux.
Mieux vaut garder de bonnes relations avec tous !
En général, c’est au dieu principal que l’on présente les offrandes et à qui on
exprime sa demande. La réponse est donnée soit par 2 demi-lunes jetées à terre,
soit par un texte de la littérature classique qu’on tire au hasard, soit par un
officiant du temple qui interprète le texte.
Statues et sculptures
représentent des personnages de la religion taoïste ayant atteint divers degrés
de divinisation et investis de pouvoirs particuliers. La plupart des dieux
taoïstes sont des personnages historiques qui continuent après leur mort ce
qu’ils faisaient durant leur vie.
Pour les croyants de la religion
populaire, les défunts restent bien présents. Ils ont le pouvoir d’intervenir
dans les affaires des vivants. On les informe des affaires de la famille, on
s’adresse à eux en cas d’infortune et au jour anniversaire de leur mort. On
exprime l’espoir qu’ils puissent rejoindre le paradis dans de bonnes
conditions. Ils sont à la base de la structure familiale. Le fils aîné de la
génération la plus âgée a la responsabilité de les honorer au nom de tous les
descendants. Les filles, une fois mariées, honorent les ancêtres de leur mari.