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Un soutien que les gens ne trouvent pas ailleurs
Né au Vietnam, Binh The Quach a fait ses études à Taïwan et aux
États-Unis. Prêtre diocésain, il rejoint les spiritains. Curé depuis 2005 des
paroisses du Saint-Esprit et de Saint-Michel, il est responsable diocésain de
la pastorale du mariage et doyen.
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« Pour la plupart des Taïwanais, la religion n’est pas une priorité.
Pragmatiques, ils accordent une grande importance à leur carrière. D’où le
développement scientifique et technologique du pays. Les conditions sociales,
économiques et culturelles changent si vite que l’Église ne sait pas bien
répondre aux besoins psychologiques et spirituels des gens. Située près de 2
grandes universités, notre paroisse compte 150 fidèles. Jeunes professionnels,
doués dans tous les domaines, ils rêvent de réussite. Ils ont peu de temps et
d’énergie pour la paroisse. Ils arrivent fatigués à l’église le dimanche. S’ils
arrivaient à trouver dans leur foi le sens de leurs efforts, ils pourraient
évangéliser notre culture. Nous avons porté notre attention à l’accueil pour
que les gens s’y sentent dans un espace sacré. Nous soignons la présentation de
la Parole de Dieu avec des supports audiovisuels adaptés aux différentes
cultures. »
Samedi matin, 10 heures. Autour d’une table,
9 laïcs, missels ouverts devant eux. Chacun salue les autres, les mains jointes
au milieu de la poitrine. Puis s’exprime dans un silence respectueux. Temps
forts : l’évaluation
du partage précédent dans la vie de chacun, de sa famille, de son quartier. Et
l’envoi en mission pour la semaine :
attention aux plus pauvres, aux migrants, aux malades… Dans le groupe, 2 jeunes
baptisés. « Plus de 30 adultes ont reçu le baptême en
2010 dans cette communauté, explique Binh. Des personnes désirent être chrétiennes parce que notre société
high-tech dure et stressée génère, en plus d’une désorientation personnelle, de
nombreux problèmes de famille. Vivre en communauté apporte un soutien que les
gens ne trouvent pas ailleurs. »
Autour de l’évêque, M gr
 John-Baptist Lee Keh-mien, travaillent 6 prêtres coréens, 2 vietnamiens, 4
africains, 3 chinois, 2 taïwanais et 2 philippins. Doyen de Hsinchu-Ouest et
responsable du planning pastoral du diocèse, Binh visite chaque prêtre et les
réunit chaque mois. Son rêve :
élaborer un plan pastoral pour la formation des laïcs. Un catéchiste, riche
d’une longue expérience en éducation des adultes, l’a aidé à dépasser les
résistances liées aux différentes cultures. « Nous avons réussi, dit Binh, à proposer une réflexion sur la paroisse et
la vie familiale à plus de 200 personnes. Ici, les pratiques populaires
cherchent à contrôler l’influence des fantômes ou des esprits dans un mélange
de superstitions et de foi chrétienne. La plupart des catholiques vivent dans
des familles qui ne partagent pas leur foi. Une source de tension qui nous
demande de mieux former nos leaders laïcs. Pour que notre société aille mieux,
il nous faut apprendre à être plus œcuméniques et interreligieux dans notre
dialogue.
Je remercie Dieu tous les jours. Il m’a éclairé dans ma mission de
pasteur et de doyen. Je suis devenu plus dépendant de Lui et de son peuple. Il
a élargi ma capacité à écouter, à être flexible et disponible. Il m’apprend ce
que signifie être spiritain. Le nombre de nos pratiquants a doublé en 2 ans.
Celui des baptisés aussi. L’accueil des étudiants et des migrants a fait du
bien à tous. »
Le dimanche, Philippins,
Vietnamiens, Africains et autres migrants s’assoient autour d’une douzaine de
plats et de bols armés de baguettes en inox. Tous se parlent. En plusieurs
langues. « Il a fallu 2 ans pour que ces relations
existent », avoue
le P. Duc. L’espoir des spiritains, c’est que ce 1 er groupe essaime
dans les autres quartiers. « La vie de communauté et le sens du service
sont 2 témoignages d’Église qui touchent le plus les bouddhistes et les adeptes
d’autres religions qui nous voient vivre. Peut-être aussi les nombreux jeunes
un peu déboussolés par une société qui évolue très vite. »
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