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Évangélisation. Paroles et actes vont de pair


Le projet d’évangélisation n’est pas séparé du monde de l’éducation. Il est autant implanté dans les écoles et universités que dans les paroisses. Les choix sont réfléchis et respectent le charisme spiritain.





Évangélisation. Paroles et actes vont de pair

 
Le projet d’évangélisation n’est pas séparé du monde de l’éducation. Il est autant implanté dans les écoles et universités que dans les paroisses. Les choix sont réfléchis et respectent le charisme spiritain.
 

Aumônerie. Université de Duquesne, Pittsburgh

Elle constitue l’esprit même de l’université. Sous le regard bienveillant du P. Ray French, spiritain écossais, ce ministère se met au service des étudiants et des employés, quelle que soit leur foi, pour les aider à comprendre et à s’engager dans la mission de l’université et la tradition spiritaine. Il les aide à intégrer cet esprit et à le partager, non seulement entre eux, mais aussi avec leurs communautés et le monde, au-delà des frontières universitaires. C’est un lieu de rencontre des cultures.
Le P. Ray organise des rencontres interreligieuses ou œcuméniques, un service d’aide auprès de plus démunis autour de Pittsburgh et au-delà. Il a mis en place un lieu bien équipé où ils peuvent se faire accompagner spirituellement, se rencontrer ou, tout simplement, faire la cuisine. Des temps de retraite et de prière et des pèlerinages sont au cœur de l’animation. Sa devise: «Respecter le droit, aimer tendrement et marcher humblement avec Dieu» (Mi 6, 8).
 

Aumônerie. Université de Houston

Université de Houston (35000 étudiants): le P. Joseph L. Nguyen, spiritain vietnamien, y organise des activités d’animation vocationnelle et l’accueil des jeunes de l’université qui viennent à l’aumônerie parce qu’ils cherchent quelqu’un pour les écouter. C’est un lieu où ils peuvent évacuer le stress des études. Ils ont également besoin de parler des problèmes liés à leurs familles, souvent lointaines.
Entre écoute, messe, colloques, dialogue interreligieux et repas ensemble, les jeunes participent aussi à une activité de soutien en dehors de l’université. Le voisinage est assez pauvre avec une population hispanique, afro-américaine et asiatique. De jeunes bénévoles leur apportent de la nourriture et des vêtements. C’est pour eux une manière de rester liés à la réalité du monde.
 

Centre Foi et culture. Université Saint-Thomas, Houston

ondé en 1994 par l’université, sous la direction du P. Donald Nesti, spiritain américain, à la suite de l’encyclique Redemptoris Missio de Jean-Paul II et la création, en 1982, du Conseil pontifical pour la culture.
Le Centre a pour mission de chercher à comprendre le lien entre l’Évangile et la culture américaine dans sa rencontre avec Dieu, à la lumière de la foi. Il aide les participants à vivre en fidèles citoyens d’un pays démocratique. Il permet aux catholiques de participer au dialogue sur le sens de la vie et de la liberté. Dans son ouverture, le Centre se met au service de l’université, des communautés interreligieuses et œcuméniques, aussi bien au niveau local que national. Il ouvre ses portes au dialogue à travers des colloques, où des imams, des rabbins et des pasteurs sont invités en fonction de la demande.
Au passage, faisons mention ici d’un Centre musulman turc (Houston) très ouvert et qui travaille de près avec le P. Nesti, mais aussi avec les diplomates de l’État dans l’objectif de construire un vivre ensemble citoyen.
Tout l’enseignement du
CFC se décline à partir de la personne humaine. «La relation humaine est l’un des éléments les plus importants de la nouvelle évangélisation», explique le P. Nesti. Il s’efforce de répondre à une série de questions, notamment: que signifie vivre la spiritualité chrétienne dans un contexte américain? Comment intégrer la foi catholique dans nos valeurs culturelles? Comment parler aujourd’hui non seulement de droits mais aussi de responsabilités? Comment dépasser une société dominée par l’individualisme? Comment faire comprendre que l’éducation est devenue, de nos jours, non seulement une formation de l’esprit, mais une question d’information? Comment faire comprendre que, dans la nouvelle Évangélisation, il faut prendre en compte la personne?
En répondant à ces questions, le Centre invite non seulement à parler de la foi, mais aussi à la vivre. Il prépare les prêtres à devenir évangélisateurs et pas seulement curés.
 

Hazelwood. Présence parmi les pauvres dans un pays riche

Dan Walsh, spiritain, est curé de la paroisse Saint-Étienne à Hazelwood (banlieue de Pittsburgh) et accompagne des jeunes en formation. Ce quartier fait partie d’une ancienne cité industrielle très florissante de l’acier, du charbon et centre de production d’électricité. Suite à l’importation de métaux moins chers, les usines font faillite les unes après les autres depuis les années soixante-dix. S’ensuivent alors des licenciements massifs, un chômage sans précédent et le départ des habitants. Les banques, les écoles et les services sociaux ne sont plus qu’un souvenir!
Aujourd’hui, Hazelwood est une ville presque fantôme, à l’état d’abandon. Ses maisons s’effritent. Nombre d’entre elles sont en vente pour le prix d’une voiture d’occasion ou simplement abandonnées, les ouvertures bouchées par des plaques d’agglo! Le sol est extrêmement pollué de métaux.
De nombreux chrétiens qui animaient l’une des plus grandes paroisses du diocèse sont partis. Ne restent plus guère que les anciens et les plus pauvres qui n’avaient pas les moyens d’aller vivre ailleurs. La pauvreté, la violence et la drogue ont envahi le quartier.
 
Que faire?
La paroisse est criblée de dettes! En 2010, l’évêque, Mgr David A. Zubik, s’est tourné vers les spiritains. C’est ainsi que l’ancien provincial des USA-Est, le Père Dan Walsh, s’y est installé comme curé. Avec Dan, l’évêque y a nommé un diacre permanent, M. Tom Berna.
Tous deux animent la cité avec le petit reste des chrétiens qui n’ont pas quitté les lieux: 300 pratiquants réguliers. Toutefois, les chiffres augmentent à Noël et à Pâques. «Je pense que cette paroisse est un point de référence pour le voisinage. Nous devons tout faire pour la maintenir, sinon, les habitants se sentiront un peu perdus dans ce quartier où il n’y a plus ni école ni travail», affirme le diacre permanent, Tom Berna.
La paroisse accueille chaque année une quarantaine d’enfants au catéchisme. Ils sont accompagnés par 4 Sœurs de la Charité (anciennes enseignantes de l’école primaire qui a dû fermer) et d’autres catéchistes bénévoles. Après la première communion, le nombre d’enfants diminue drastiquement. Dans l’animation des jeunes, 4 à 6 d’entre eux sont confirmés par an.
 
Spiritains au service de SDF, malades, alcooliques, affamés, etc.
Le P. Dan visite les malades auxquels il apporte la communion. Un service social, dans les locaux de la paroisse, gère l’accueil des sans-abri et vient en aide aux personnes qui ne peuvent pas payer leur électricité ou ne comprennent même pas leurs factures. Dan a également un contact régulier avec un centre pour des personnes alcooliques en voie de guérison, Rebos house (la Maison des sobres), qui accueille une douzaine d’hommes. La maison est autogérée. Chacun est à peu près libre de tout mouvement. Tous participent à des rencontres d’Alcooliques anonymes. La seule règle d’or: pas une goutte d’alcool dans la maison! Des bonnes volontés et des magasins leur donnent suffisamment de nourriture, de boîtes de conserves, pour les besoins de la maisonnée. Le rôle de Dan est très discret: pas question de s’immiscer dans leur vie, mais simplement marquer, par un passage régulier – fort apprécié – , qu’il partage leurs efforts pour s’en sortir et leur faire comprendre qu’ils peuvent toujours compter sur lui en cas de besoin.
Des habitants, en lien avec des étudiants de l’université de Duquesne, ont mis en place des jardins potagers et fournissent des légumes frais, soit gratuitement, soit à un prix modique. Un Italien, M. Sam Straty, âgé de 80 ans, cultive des légumes et les distribue gratuitement aux plus pauvres. Malgré son âge, il donne toute son énergie pour construire une vie fraternelle et solidaire dans ce quartier en état de désespoir.
 
Quel avenir pour ce quartier?
Le P. Dan Walsh travaille en collaboration avec le pasteur presbytérien pour mettre en place 2 projets: le lancement d’une épicerie de proximité pour relancer une activité sociale, puis – dans un avenir plus lointain – la construction d’une école de sciences pour que les jeunes du quartier puissent profiter de la plus grande université médicale du monde d’Auckland, un des quartiers de Pittsburgh.
Hazelwood est aussi un quartier pluriculturel. On recense une population de Philippins, Italiens, Afro-Américains, Irlandais, Européens de l’Est.
 

Baltimore. Évangéliser dans l’insécurité, un défi à relever

La paroisse Saint-Edward est connue pour être un secteur important de vendeurs de drogue, de prostitution: la violence sexuelle sur les femmes droguées envahit le quartier. Il n’y a plus d’emploi, mais de nombreux meurtres! Le climat social et moral est au plus bas. N’est-ce pas là précisément que le spiritain est appelé à venir en aide aux marginalisés? Mais alors, quelle formation faut-il pour préparer les jeunes spiritains à ce type de ministère?
À la suite de la politique d’intégration des Afro-Américains à partir des années 1960, les Irlandais qui y possédaient des maisons ont décidé de partir pour vivre ailleurs. Cela a vidé la communauté de ses plus fidèles paroissiens. Certains, cependant, viennent aux célébrations par fidélité à leur clocher.
Sur deux écoles présentes
dans le quartier, une a fermé et les Sœurs qui s’en occupaient ont quitté ce lieu à leur tour. Les maisons abandonnées se dégradent et la paroisse ne reçoit plus aujourd’hui qu’environ 130 personnes par week-end.
Le diocèse de Baltimore a eu des difficultés à garder la paroisse. L’évêque s’est tourné vers les spiritains. La province des États-Unis a envoyé sur place une équipe de 2 confrères: Evod Shao (Tanzanien) et Chris Promis (Américain). Ils font des actions de charité, visitent les familles, envoient des tracts pour inviter des catholiques non pratiquants à se manifester. Certains d’entre eux viennent mais ne persévèrent pas.
Au début, l’équipe de prêtres vivait, elle aussi, loin de la paroisse. Mais, pour mieux s’insérer dans les activités du quartier, elle a décidé de s’installer dans l’ancienne maison des Sœurs au sein de la paroisse. Parole de motivation pour continuer: le Seigneur dit à Abraham: «Si j’y trouve dix justes, je ne détruirai pas la ville» (Gn 18,32).
 
Lueur d’espoir?
À Baltimore, Maureen est une ex-élève de l’ancienne école dirigée par les Sœurs. Mère de 3 enfants, elle en a adopté 16 autres, victimes d’abus divers. À cause des violences et du manque de services sociaux dans ce quartier, elle habite dans une maison en dehors de la paroisse mais amène ses enfants à Saint-Edward tous les dimanches. Avec eux, elle a créé une chorale de jeunes (chanteurs et musiciens) pour animer les célébrations (ci-dessous). Combien de temps cela va-t-il durer? Les paroissiens craignent que le jour où Maureen ne pourra plus amener ses enfants à Saint-Edward, ou quand ils pourront voler de leurs propres ailes, on ne les verra plus dans cette paroisse.
Décrivant la situation du secteur, les spiritains constatent qu’arrêter les vendeurs de drogue dans le quartier ne semble pas être une priorité politique pour le moment. Toutefois, il y a un projet à long terme de restructuration du quartier avec une mise en place de nouveaux services publics, comme le transport. Cela changera la situation actuelle de désespoir en lui donnant ainsi un avenir meilleur.
 
Se tourner vers les plus vulnérables
Le Service catholique de soutien aux plus défavorisés (CRS) a été fondé par l’épiscopat américain en 1943, soutenu par le gouvernement, pour venir en aide aux victimes de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Depuis les années 1950, ce service a ouvert ses portes plus largement. Il a installé des bureaux en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Son quartier général est à Baltimore (USA). 500 personnes travaillent au siège et en collaboration avec des organisations locales internationales.
Il apporte de l’aide à tous les pauvres, aux USA comme au-delà des frontières, sans distinction de religion, de culture ou d’origine. Il met en place des projets de développement en collaboration avec les communautés locales. Reconstruire l’autonomie des victimes est une des ses priorités. Les populations souffrant de famine, de catastrophes naturelles ou de guerres, comme au Kosovo dans les années 1990, ont retenu leur attention.
Il n’hésite pas non plus à faire du lobbying auprès des sénateurs pour influencer les décisions au niveau de l’État. Des sujets tels que la dignité des immigrés et l’emprisonnement injustifié sont présentés régulièrement. Grâce à la réputation de l’association, leurs propositions sont plus facilement étudiées. Son budget affleure les US $ 800millions par an, dont US $ 150millions de l’État pour les victimes du sida. Les spiritains y sont engagés avec détermination et il faut saluer la présence active du P. Chris Promis. L’association cherche à promouvoir le sens de la solidarité au sein de la communauté catholique pour qu’elle vienne en aide aux plus vulnérables dans le monde. L’Évangile et l’enseignement social de l’Église appellent à ce service. C’est une manière de vivre l’amour en acte et en vérité.
 

Houston. Construire un pont entre les cultures

a paroisse Saint-Benoît est située au Texas à proximité de la frontière américaine avec le Mexique. 3 confrères spiritains, Huy Dinh (curé), Joseph L. Nguyen (aumônier à l’université de Houston) et Barnabas Kileu, y résident en communauté.
C’est une mission qui cherche
à construire un pont entre les personnes de cultures diverses. La pauvreté et le racisme sont présents dans le quartier. La majorité des paroissiens est issue de la migration et parle espagnol. Mais il y a peu de prêtres qui parlent cette langue. Les messes sont célébrées en espagnol et en anglais. Elles sont bien fréquentées, surtout le dimanche, signe d’une foi vivante de la communauté hispano-américaine. La foi est plus forte dans l’ouest des États-Unis que dans l’est, grâce à une présence hispanique importante sur la côte pacifique. Pour eux, l’Église est un lieu de rencontre religieuse et sociale.
Les statistiques paroissiales montrent qu’en moyenne il y a environ 50 nouveau-nés et 18 catéchumènes baptisés chaque année. Certains catholiques qui vivent dans le quartier ne viennent pas à la paroisse parce qu’ils ont leurs prêtres. La plupart sont kenyans, camerounais ou nigérians. Il existe 18 églises autour de Saint-Benoît, dont quelques-unes protestantes.
La paroisse organise des activités de solidarité pour venir en aide aux plus démunis à travers l’association Saint-Vincent-de-Paul. Elle distribue de la nourriture et des vêtements gratuitement. Ses membres font des visites à domicile et prient dans les maisons au début et à la fin de chaque rencontre.
Elle organise aussi des collectes pour les plus démunis à l’occasion des célébrations à l’église. Au-delà de l’aide matérielle, les spiritains vont visiter les malades pour les soutenir spirituellement et leur apporter les sacrements.
Nous avons eu l’occasion de visiter une famille d’origine mexicaine avec le P. Barnabas Kileu. Nous avons constaté que certaines familles sont depuis plusieurs générations aux USA. La plupart d’entre elles sont arrivées pour des raisons économiques. Certaines ont laissé leurs familles au Mexique, au Guatemala, au Nicaragua, au Honduras, au Salvador, ou en Espagne. Elles leur envoient de l’argent pour les aider.
Toutes ces activités sont faites en collaboration avec les laïcs. Ils sont présents dans l’accompagnement des jeunes, des adultes, et auprès des familles en deuil. Ils participent à la catéchèse, à l’accueil, au secrétariat, à la chorale, aux associations de soutien et à la préparation des prières pour les malades. Les jeunes animent les célébrations et visitent des personnes âgées. Certains se retrouvent le vendredi avec un accompagnateur pour préparer les lectures du dimanche suivant.


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